
ii la peau. Au bout de ce temps, leur peau fe fend, ôc l’on ell étonné un mftant
après de trouver une Chryfalide fufpendue au même fil où. l’on venoit de voir la
Chenille. Si on la fuit dans fon changement, on eft encore plus furpris de la
„promptitude avec laquelle ellefait une opération-auffi difficile; car lorfque fa peau
. fe feHd-& que la Chryfalide en fort, il faut que fa queue aille, au fortir de fon
-fourreau, s’attacherou s’implanter dans les mêmes fils qui l’attachoient : pour cela,
.elle fe crampone à la peau quelle quitte, en la pinçant avec les crochets qui font
au bout de fa queue, elle fait un faut en la Tâchant fi jufle & fi à propos,
.que ces mêmes crochets, pouffés contre les fils, s’y engagent. On fent bien
.q u e f i elle manquoit fon coup, elle tomheroit à terre; mais.cela arrive très-
rarement. Sa peau quitte dans.ee mouvement, & paroît un petit paquet chifonné,
Couvent, attaché auprès Celle. La Chryfalide, dans ce premier mftant, paroît
m’être qu’une liqueur; cependant fi on la jette dans de 1 efprit de v in , fes parties
fe refferent auffitêt, & l’on .apperçoit déjà la forme a lfa diftinae du Papillon
'futur. Ces Chryfalides fufpendues ont la tête garnie de deux pointes eu forme,
de cornes. Ce -font d’elles que fortent les Papillons qui ne. marchent que fur
„4 pattes.
Il .eft d’autres Chenilles qui ont une manoeuvre unpeu différente. Après avoir
-attaché ieurs pattes poftérieures avec leurs fils, elles vont .pofer un nouveau
'fil à côté d’elles vers le ye. anneau : puis en courbant lentementla tête en arriéré,
elles conduifent ce fil en forme d’arc autour de leur dos ; elles vont 1 attacher de
l ’autre côté vis- à-vis, ôc elles le fortifient en menant ce fil d’.un côté à l’autre
plufieurs fois. Quand il eft fuffifamment doublé, elles fe repofent un peu, .enfuite
elles s’agitent pour fe mettre en fueur ; la peau quitte, fit la Chryfalide refte
attachée par les crochets du bout de la queue & par le lien du milieu du corps.
..Ces Chryfalides différent de celles ci-deffus, en ce qu’au lieu.de deux pointes
fur la tête, elles n’en ont qu’une.
De ces Chryfalides naiffent les Papillons de, jour à 6 pattes, fit ceux qu’on
.appelle Ptérophores, ou Porte-plumes.
Ces deux efpéces de Chryfalides, comme on vient de le dire, font abfolument
nues, & fans autre couverture qu’une membrane écailleufe : mais celles dont
nous allons parler, font renfermées dans des efpéces de tombeaux quelles
conftruifent
Conftruifent avec un art admirable, ôc cet édifice leur coûte fouvent plufieurs
jours à bâtir.
Plufieurs entrent en terre, d’autres s’y font feulement un trou fuffifant pour
les contenir. Elles terminent leur opération par prendre la figure de Chryfalide,
en abandonnant leur derniere peau, comme cela arrive à toutes les Chenilles.
Mais il en eft de celles qui fe retirent dans la terre qui, apres avoir fait le
trou convenable pour les recevoir, attachent toutes les petites mottes qui
pourroient s’ébouler : enfuite elles choififfent tous les grains de terre dont elles ont
befoin, en font un amas à leur portée, ôc les prenant les uns après les autres,
elles les cimentent avec leur fil St leur glu : s'il arrive que l’humidité faffe
fléchir leur ouvrage en dedans, elles le relevent à coup de tête pour donner
à l’intérieur la figure fphéroïdale qui leur eft néceffaire pour les contenir. Lorfque
l ’ouvrage eft un peu avancé, ôc qu’il s’agit de le terminer, placées dans 1 intérieur
avec les matériaux fuffifans, elles tendent des fils parallèles a 1 ouverture qui refte ;
elles les rqcroilentun peu : enfuite en prenant lun apres 1 autre les grains de terre
qui font renfermés avec elles, elles les font paffer au travers de leurs filets, ôc
elles les arrangent au-deffus, de façon que cette ouverture eft auffi folidement
bâtie que tout le refte. La maifon finie, elles la tapiffent en dedans, ôc fe
transforment en Chryfalides.
Beaucoup de Chenilles rafes, qui fe changent ainfi en Chryfalides, deviennent
en entrant en terre, toutes humides : leurs couleurs fe fondent, ôc coulent fur
tout leur corps. Cette humidité leur fert a maftiquer ôc a confolider la voûte
quelles fe forment.
D ’autres Chenilles, au lieu de fe gliffer dans l’intérieur de la terre pour bâtir
leurs tombeaux, les conftruifent fur fa furface même. Apres s être enveloppées
de fils ôc d’une efpéce de glu qui leur fort des pores, elles fe roulent dans le
fable , dont plufieurs grains s’attachant les uns auprès des autres, forment
autour d’elles un cercueil de pierre, dont elles meublent l’intérieur avec de
la foie.
Quelques efpéces bâtiffent en bois ; elles coupent de petits morceaux du
bois fur lequel elles fe nourriffent, les pulvérifent avec leurs mâchoires, & pair
le moyen de leur fueur ôc de leur glu, elles en forment une pâte dont elles