
On voit parmi eux des ArcKîtèâes qui forment le plan d’un édifice capable de
contenir plufieurs centaines d’habitans. Les sppartemens en font fi bien diftribués,
qu’il n’eft pas un recoin de perdu ; enforte que chaque individu qui doit les
occuper, y eft logé féparément dans un efpace fufSfant. D ’autres plus folitaires
fe conftruifent des cellules féparéès, où régnent la propreté & la commodité.
Les uns bâtiifent en bois : ils font munis de ferpes pour faire les abbatis, & de
foies pour les débiter. D’autres bâtiifent en pierres : ils ont la truelle & les
inftrumens nécelfaires pour les appareiller. Il y en a qui travaillent en cire :■
leurs atteliers font fournis des outils qui leur conviennent. Les uns fçavent
filer ; d’autres, faire de la toile : ils font montés en quenouilles, en navettes,
& la matière première ne leur manque pas. La plupart font doués, d’une Trompe
plus merveilleufe par fes divers ufages, que celle de l’Eléphant.- Elle fert aux
uns, d’alembic pour diftiller un firop que 1 Homme n’a jamais pu imiter; à d’autres,
de langue pour goûter; à quelques-uns, de vrilles pour percer; & prefqu à tous,
de chalumeau pour fucer.
Jettons un coup d’oeil fur la conduite des Infeâes en général depuis leur
nailfance jufqu’à leur mort; ce fera un nouveau fujet d’étonnement pour nos
Leâeurs.
Tout Infecte, comme tous les autres animaux, reçoit la vie par la voie de
la génération. C ’eft d’abord un germe qui le contient en petit;, il fuppofe néceffaire-
ment un pere & une mere. L’Infecte n’eft donc pas l’effet du hafard, ni le fruit
de la corruption, fuivant le préjugé du vulgaire.
Il eft des Infeâes Vivipares, & d’autres Ovipares. Les Vivipares font ceux qui
fortent tout vivans du fein de leur mere. Il en eft peu de cette efpéce entre
lelquels on cite les Cloportes, les Pucerons des jardins, & quelques Mouches.
Les Ovipares au contraire forment le plus grand nombre connu. Ce font tous
ceux qui proviennent d’oeufs, que les meres ont l’inftinâ de dépofer toujours
dans les endroits les plus convenables, pour qu’ils puiffent trouver de la nourriture
en fortant de la coquille. Les petits germes que les'oeufs renferment font
ordinairement des énfans pofthumes. Quand les femelles, de qui ils proviennent,
n’ont pas eu la compagnie du mâle, ils font ftériles, ils fe féchent & s’évaporent
en peu de temps. C ’eft le mâle qui donne à ces oeufs la fécondité : alors, dans
la matière que la coque renferme, il fe trouve un petit qui, à l’abri de cette
enveloppe, fe nourrit paifiblement du fluide où il nage, jufqu’à ce que fe fentant
trop à l’étroit., il perce fa coque & fe trouve, par la fage précaution de fa
mere, à portée de nourritures, plus fortes qui conviennent à fon nouvel état.
La fécondité de ces meres eft étonnante. Il en eft beaucoup qui donnent plus
de yoo oeufs dans leur ponte. C’eft à peu près le nombre ordinaire du Ver à
foie, dont les oeufs font gros comme des petits grains de navette; & les petits,
en fortant de la coque, font comme la pointe d’une petite éguille à coudre. Si
l ’on compare au Ver à foie, les petits Infeâes qu’on ne peut voir qu’avec le
fecours du microfcope, & que leur fécondité égale celle du Vér à foie; de
quelle petiteffe ne doivent donc pas être leurs oeufs & leurs petits ? Il n’eft
point d’inftrument affez parfait pour les faire appercevoir. I c i, l’efprit humain
fe confond, & ne peut qu’admirer, la Puiffance fans bornes du C r é a t e u r .
Au fortir de la coque, il eft des petits qui fe trouvent fous leur forme parfaite
pour la conferver tant qu’ils vivront. Telles font les Araignées qui n’effuyetont
dorénavant de changement, que celui de leur peau & de leur volume : les
Limaçons qui fortent de l’oeuf avec leurs coquilles fur le dos, & qu’ils confervent
toute leur v ie ; fi ce n’eft qu’en grofliffant, ils en augmentent le volume, en
y ajoutant de nouveaux cercles: mais la plupart des autres Infeâes paffent par
plufieurs états tous différents les uns des autres. Ils prennent fucceflivement
la figure de deux ou trois animaux, qui n’ont entr’eux aucune reffemblance
extérieure.
De ces Infeâes, les uns naiffent avec des pieds, & d’autres fans pieds. Ceux
qui n’en ont point, font à la charge des peres & meres tant qu’ils reftent dans
cet état : ou ils leur apportent de quoi v ivre, ou ils les dépofent dans des
endroits pourvus de nourritures, fuffifantes & convenables. Te l eft le procédé
de l’Abeille & de la Guêpe, qui dépofent leurs oeufs dans des cellules fermées
hermétiquement en forme' de boëte. D ’autres les mettent fur des viandes, ou
autres chofes fufceptibles de corruption; fur des étoffés, fur le corps & même
dans l’intérieur. des animaux. '■
Ceux qui ont des pieds, vont eux-mêmes chercher leur nourriture fur les
feuilles de la plante où ils éclofent ; c’eft toujours' celle quiTeur convient.