
Par exemple, on trouve fouvent des pontes d’oeufs de Papillons dont une
partie éclot avant l’H iver, & l’autre ell réfervée pour le Printemps fuivant.
Quelquefois on voit voler des Papillons, pendant qu’on trouve en même-temps
des Chenilles de l’efpéce, les unes prêtes à fe changer en Crifalides, &
d’autres pour ainli dire naiifantes. Ces phénomènes & beaucoup d’autres qu’on
pourra remarquer, font une difpenfation économique de la Providence pour
conferver & propager ces efpéces en cas d’accidens. On pourroit rapporter
plufieurs autres Angularités qui s’écartent dé l’ordre le plus ordinaire ; mais ce
feroit répéter les chofes fans nécelTité, puifqu’on en parle dans les defcriptions
féparéés qu’on trouve dans le cours de cet ouvrage.
J’ai fouhaité dans cette Differtation d’exciter les Obfervateurs à contribuer
par leurs recherches au bien de la fociété. J’ai invité les bienfaiteurs de
l’humanité à exercer leurs talens fur un fond aufli inépuifable ; à les appliquer
aux befoins, au foulagement & même aux agrémens de la vie. La conduite
du Ver à foie, l’ufage du Kermès & delà Cochenille, la vertu du Meloe,
des Cantarides, &c. démontrent fenfiblement le bien qu’on peut attendre du
travail des hommes ftudieux & des nouvelles acquittions relatives à notre
fanté, aux vêtemens & aux Arts.
J’ai indiqué à ceux qui forment des CoUeflions de Papillons, la meilleure
maniéré de s’en procurer de parfaits, & beaucoup d’efpéces qu’on ne trouve
point ou qu’on ne trouve que rarement.
Dans les Cahiers qui fuivront, on détaillera les inftrumens de la chaife des
Papillons, ceux propres à leur développement. On joindra à leur gravure les
explications de leurs ufages. J’efpere que le Lefteur reconnoilfant dans les vues
qui guident cet Ouvrage, l’intention d’être utile à une fcience, qui n’eft pas
feulement de pure curiofité, ne verra pas mon zèle d’un oeil indifférent.
P l a n c h e X I I I . N u m é r o i 6 .
LE G R A N D N A C R É .
P R E M I E R É T A T .
IT i A Figure 16. a, repréfente la Chenille de ce beau Papillon. Elle ne paroît
qu’une fois l’année, vers le commencement du mois de Juin. Elle fe nourrit
de l’efpéce de violette qu’on appelle en latin viola tricolor. Son corps, d’un
fond noirâtre, eft orné de chaque côté de huit taches roulfes & d’une ligne
blanche, rougeâtre fur le dos. Les trois premiers anneaux & les deux derniers
portent chacun quatre épines, & les autres chacun fix, en tout cinquante-fept
épines, lefquelles font garnies tout autour de poils ou pointes très-fines : celles
qui font fur le premier anneau présentent leurs pointes en devant.
S E C O N D É T A T .
L a Figure 1 6. b. eft la Crifalide. Sa couleur ordinaire eft roufle, ondée
de plufieurs nuances brunes foncées. Les deux pointes de la tête font arrondies,
& les éminences fur les côtés font peu fenfibles.
É T A T P A R F A I T .
L e mâle vu en deffus eft repréfenté Figure 16. c. La forme de fes ailes
eft plus arrondie que celle de la femelle, Figure 16. g. Sa couleur eft aufli
beaucoup plus vive. Ce qui diftingue le plus particulièrement le mâle de la
femelle, ce font deux nervures dans les ailes fupérieurés, qui étant entourées
de noir plus que les autres, les font paroître plus larges, au lieu que celles
de la femelle paroiffent minces & d’égale épaiffeur. Les taches noires & allongées
qui font près du bord des ailes fupérieures, reflemblent fouvent à des chiffres