
& une enflammation douloureufe, C’eft ce qui a fait regarder ces Chenilles
comme venimeufes, quoiqu’elles ne le foient point; l’irritation qu’on éprouve
à la peau n’eft qu’une fuite de l’effet ci-deffus expliqué.
Lorfqu’on a trouvé quelques Chenilles, il faut examiner avec foin fi des
Mouches Ichneumones n’ont pas dépofé leurs oeufs deffus leur peau : fi ces
oeufs n’étoient pas encore éclos, on pourrait aifément les détruire en les prenant
les uns après les autres entre les pointes d’une Bruxelles pour les écrafbr : mais
il faut faire attention de ne point pincer la peau des Chenilles ; c’eft pour cela
que j’ai recommandé que la pointe de cet inftrument ne foit ni trop aigue,
ni trop tranchante. Il ne faut même pas tenter d’enlever ces oeufs qui font fi
adhérents à la peau de la Chenille, qu’on la déchirerait plutôt que de les en
détacher : pourvu qu’ils foient écrafés entre les pointes de la pince, cela fuffira
pour les rendre inféconds ; dans ce cas une Bruxelles de fer, dont les pointés
feraient bien égales, étant plus ferme que celle de cuivre, remplirait mieux
cet objet. Cette opération cependant ne peut avoir lieu que lorfqu’on remarque
tout au plus y à Ç de ces oeufs étrangers, -qui font des grains blanchâtres ou
jaunâtres à peu près comme de la graine de pavot. Si la quantité en étoit trop
confidérable, les mouvemens violents que cette opération occafionneroit à la
Chenille, lui feraient très-préjudiciables. Il faut que ces oeufs foient encore
pleins ; car fi les Vermiffeaux Ichneumones étoient éclos, il n’y aurait plus
de remede ; attendu qu’au fortir de leurs oeufs ils s’introduifent dans le corps
de la Chenille, aux dépens de laquelle ils fe nourriffent ; ce qui bien loin de
l ’empêcher de croître, lui fait fouvent prendre un accroiffement extraordinaire,
dont cependant il ne réfulte jamais un Infeâe parfait. .Nous avons parlé d’une
femblable victime des Mouches Ichneumones dans la Defcription de la Grande
To r tue , premier cahier, n°. 3 , page 9 , Planche I I I . Figure 3. f i & 3. g.
Pour élever & nourrir les Chenilles avec facilité, on les enferme ordinairement
dans des bocals de verre, boëtes de bois ou pots de terre non-verniffés
en dedans. Pour fermer les bocals, on les couvre feulement de papier un peu
fort, percé de plufieurs trous avec une greffe épingle, pour laiffer un libre
coins à l’air, qu’il efl effentiel d’entretenir fain & pur. Ce papier lié avec un
ruban autour de l’ouverture du bocal, fuffira pour empêcher les Chenilles de
déferter.
déferter. Quant aux boëtes, on peut fupprimer le fond du couvercle, étendre'
à la place un morceau de gaze, de marly ou même de toile claire, de façon
qu’il déborde tout autour, & remettre le cercle du couvercle par-deffus pour
le contenir. Ces étoffes qui font fort tranfparentes, laiffent paffer l’air, ôc
procurent la facilité d’obferver & d’examiner le travail des Chenilles.
Il faut placer les vafes dans lefquels les Chenilles font renfermées, dans des.
endroits à l’abri du foleil, ôc leur donner exaélement tous les jours une nourriture
fraîche. Il feroit même à propos dans les grandes chaleurs de la renouveller
deux fois par jour, le matin 6t à midi, fur-tout à celles qui doivent produira
des Papillons de jour, comme les épineufes, les Chenilles Cloportes (ffl), ôte.
Quant à celles qui doivent.produire des Papillons de nuit, on leur en donnera
le matin ôt le foir : celles-là mangent plus ordinairement la nuit que le jour.
Une attention bien effentielle, efl: de ne pas- les laiffer jeûner ; comme elles
ont peu de momens à vivre, elles mettent le temps à profit. Il en efl même
qui mangent prefque continuellement. Simalheureufement on les avoit oubliées,
& qu’on les., eût laiffées quelque temps fans nourriture, il faudroit ne leur en
donner que petit à petit, ôc peu à la fois, jufqu a ce que leur première faim
fût appaifée, ôc enfuite les remettre à leur portion: ordinaire.
Il fera très-facile de diftinguer les Chenille^ des Papillons de jour d’avec
celles des Papillons de nuit. Ces» dernieres mangent indifféremment le jour
comme la nuit, au lieu que, les premières dorment la nuit ôc mangent le
jour.
Si l’on pouvoit cueillir à chaque fois des feuilles nouvelles, cela vaudrait
mieux ; mais on peut les entretenir fraîches pendant quelques jours de fuite,
en les arrofant avec de l’eau. Il faut cependant avoir attention, de les bien,
laiffer égouter avant de les préfenter aux Chenilles, pour qu’il ne refte pas
d’eau deffus : les Chenilles boiraient de cette eau avec avidité, ce qui leur
occafionneroit des maladies comme jauniffe, diarrée, ôte. dont elles meurent le
plus fouvent.
( f l) Ainfî nommées par M. de Reaumur à caufe de leur figure ovale & ramaffée. Voy. Geoffroy-,