
ulàgë ; le Melo'e (a ) , fi fouveraîn pour la guérifon de la rage ; l’Abeille, le
Kermès, la Cochenille & quelques autres, dont la connoilïànce n’eftpour ainli
dire due qu au liafard. On découvrirait peut-être beaucoup de propriétés avanta-
geufes dans d autres Infectes, fi 1 on s adonnoit à les élever ; on ferait dédommagé
des foins que cette occupation exigerait, par le plaifir de contempler à loifir
des particularités & des phénomènes, qui amufent êc attachent à proportion des
connoiflances qu’ils procurent.
C eft pour faciliter autant que nous le pouvons une étude auffi intéreflknte,
que nous allons donner quelques préceptes particuliers fur l’éducation des
Chenilles. Ce que nous dirons à leur fujet pourra fervîr à celle de beaucoup
d’autres Infeûes.
Goedart, cet Auteur eftimable, malgré quelques méprifes dans lefquelles
il n eft pas furprenant qu il foit tombé, puifqu’il n’avoit pour guide que des
préjugés refpeâés de fon temps, eft un des premiers qui fe foit livré d’une
maniéré fuivie a 1 éducation des Infectes. Son exemple nous prouve qu’il en
eft peu quon ne puitfe élever. Réunifiant au defir de s’inftruire le talent de
la peinture, il a donné les élémens les plus utiles de cette fcience. Ses defcriptions
foutenues par des portraits fideles, pourront en tout temps faire reconnoître
les Individus dont nous lui fommes redevables, bien mieux que les defcriptions
obfcures de fes prédécefleurs, que le défaut de figures rendent prefqu’inintelli-
gibles.
Si cet Auteur, au motif fi louable de curiofité qui l’animoit, auquel la
plupart des Amateurs paroiffent s’être uniquement bornés, avoit réuni le defir
de s inftruire des propriétés utiles de ces petits Animaux, ceux qui ont après
lui marché fur les mêmes traces, auraient de temps en temps fait de ces
découvertes utiles a l’humanité, fi capables d’exciter puiffamment le defir d’étendre
nos connoiflances : mais avant de rechercher ces propriétés qui exigent du travail
& du talent, il faut s’attacher à connoître au moins l’extérieur de ces Infectes
( a ) Ce précieux fpécifijue n’elt connu que depuis qu’il a été acheté par le Roi de Pruflè en 1777.
Voyez le Journal Politique, y Septembre 1777 , & la Gazette de Santé, n». 4 S , de la même année.
Le Meldë a été décrit par Geoffroy, tome 1 , page 377 , fous le nom de Frofcarbi.
dans
dans leurs différens développemens. Il y en a beaucoup dont on ne connoît
que létat parfait, parce qu’il eft ordinairement plus frappant êt plus brillant
que les deux autres. Le moyen le plus fur & le plus abrégé, pour parvenir
à leur entière connoiffance, eft de fe livrer à leur éducation.
Les Chenilles, en général, font de tous les Infectes ceux qu’on peut le plus
facilement élever. Vivant prefque toutes de quelques plantes, elles exigent
moins d attention que beaucoup d autres, à qui bien fouvent on ne fqait quelle
nourriture donner. La maniéré dont on éleVe le Ver à foie eft affez généralement
connue, pour donner une idée de l’éducation des autres Chenilles , qui pour
1 ordinaire font aufli aifées a nourrir. Il fuffit de connoître la plante qui leur
convient, pour les conduire à leur état parfait.
Le temps propre à leur éducation eft depuis la pouffe des feuilles jufqu’au
commencement d Oêtobre. Il faut conferver foigneufement les oeufs qu’on trouve
à la fin de l’Automne ou pendant l’Hiver, ainii que les Chenilles déjà éclofes,
que les premiers froids engourdiffent, êc qui ne reprennent de mouvement que
lorfque la température de l’air eft propre à faire renaître les feuilles qui doivent
les nourrir.
Chaque efpéce de Chenille doit être nourrie avec les feuilles de la plante
fur laquelle on la remarque le plus ordinairement. S’il en eft plufieurs qui fe
trouvent fur des plantes différentes, c’eft quelles font moins délicates fur le
choix des alimens ; ou que leur conftitution particulière les oblige d’en changer ;
ou enfin elles ne fe trouvent fur d’autres plantes, que parce quelles fe font
égarées dans leur courfe. Il eft donc effentiel, auparavant d’entreprendre de
les élever, de s affurer fi la plante fur laquelle on les apperçoit eft effectivement
celle qui leur convient. Comme il en eft qui ne mangent que les feuilles naiflàntes
ôc tendres, d autres les feuilles formées, il faudra confiilter leur goût.
Il y en a qui changent quelquefois leurs alimens en paroiflant fous une nouvelle
peau. Celles-là font plus embarraffantes à nourrir ; mais avec un peu d’afliduité
& de patience, on peut vaincre cette difficulté, foit en leur offrant plufieurs
efpéces de plantes, pour voir celle à laquelle elles s’attacheront, foit en les
recherchant dans leurs différens dégrés d’accroiffemens ; car alors on les trouvera
toujours fur la nourriture dont elles auront befoin La Chenille du petit Paon,
M