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ordinaire des préjuges : diffipons ces préjugés par une étude fume & foutenue,
bientôt nous ferons convaincus que toutes les chofes qui exiftent font de véritables
bienfaits. ' _ .
La terre ouverte de toutes parts par l’induftrie des Hommes, leur procure
'des .tréfors de toute efpéce, qui deviennent les liens les plus folides de la
Société & du Commerce. Une partie des Animaux & des Plantes qui couvrent
fa furface , fert aux différens befoins de la vie : s’il y en a qui paroilfent
inutiles , c’eft faute de s’être appliqué à rechercher leurs propriétés.
Lès Infeétes font de ce nombre. U faut avouer que leur parfaite connoiflance
préfente beaucoup de difficultés. Les autres Animaux fe dérobant moins a
nos regards, ont été plus faciles à obferver : leurs caraderes difthaifs ainfi
que leurs propriétés particulières étant aifés à faifir & à diffinguer, on a
pu les étudier avec beaucoup plus d’ordre, ôc en conféquence divifer les
efpéces en genres, claffes ôc familles féparées ; auffi font-ils prefque tous connus.
Les Plantes ont été de même plus faciles a étudier que les Tnfe&es. Les
Végétaux paroilfent prefque tous à découvert fur la furface de la terre ; comme
ils ne peuvent fe tranfporter d’un endroit a un autre, il n eft pas furprenant
que les efpéces connues montent déjà au moins à p à ioooo. Les caraôferes
diftinôtift & ineffaçables que les Plantes offrent dans leurs divers accroiffemens ,
ont laiffé lieu à peu de méprifes.; & -cette fcience a dû à tous égards être moins
compliquée que celle des Infeôtes.
L ’étude de ces petits Animaux eft très-difficile. Leurs rifles'& leurs manèges
les dérobent à nos regards. Plufieurs font retirés -dans le feirt de la terre ,
dans des trous d’arbres, de murailles, ou cachés fous des feuilles pendant le
jour; & nous ne pouvons nous douter de leur exiftence que par lès ravages
qu’ils ont commis pendant la nuit. Leur petiteffe alors jointe à 1 obfcurité,
les rend prefqu’invifibles. Enfin leurs changemens continuels de figure ôt
d’état préfentent des difficultés, qu’on ne peut vaincre que par la patience ôc
l ’affiduité. -
Comment en effet pourroit-on claffer méthodiquement ces petits Êtres, qui
pafferrt ordinairement par trois états fi différens entr’eux, qu’il ferait* impoffible
de les reconnortre fans l ’expérience î
SUR L’ ÉDUC A T I ON DES CHENILLES. S!>
Auquel de ces trois états faudroit-il donner la préférence pour parvenir à
cet ordre defiré ? Ce que nous avons dit dans notre Difcours Préliminaire au
fujet des Chenilles, Crifalides ôc Papillons, pages xv ôc xxxij, démontre
que fi l’on étoit aftreint aux méthodes ordinaires, on ferait obligé de faire
deux ou trois claffes différentes pour un feul 6c même Animal. Quelles entraves
n’en réfulteroit-il pas dans une étude auffi confldérable par le nombre ôc la
diverfité des fujets ! *
Une méthode fimple ôc exade feroit cependant néceffaire pour acquérir une
connoiflance détaillée des Infedea; mais il faudrait quelle embraffât tous les
états de ces Animaux à la fois ; enforte qu’on pût aifément les reconnoitre,
à quelque période qu’ils fhffent de leurs changemens. C ’eft ce qui jufqu’à préfent
n’a point été fait, ôc ce,qui vraifemblablement ne le fera jamais, fi Ion ne
s’attache à les fuivre de plus près par l’éducation domeftique. Alors on pourrait
les obferver avec précifion, exactitude, ôc par des expériences fuivies ôc réitérées,
parvenir à des découvertes fûrement intéreffantes,
C ’eft en effet à des foini domeftiqües, bien plus qu’à des obfervations momentanées
ôc paffageres, qu’on doit la connoiflance des propriétés des grands Animaux.
I l en eft peu dont l’Homme n’ait trouvé moyen de tirer quelque profit : g
quelques-uns encore lui préfentent peu d’u tilité, c’eft qu’ils ont été moins
fuivis Les fervices qu’on a effayé de fe procurer de prefque tous, ont au moins
fait découvrir leurs qualités bonnes ou nuifiblès. Il eft auffi effentiel d’être inftruit
des unes que des autres. .
I l n’y a pas moins de profit à efpérer de l’étude des Infeûes. Qui auroit
préfumé, il y a plufieurs fiécles, que le Ver à fo ie , fi négligé alors , nous
aurait procuré tant d’avantages? Cette Chenille n’offre rien de précieux au
premier afped : cependant depuis que fon utilité eft reconnue , il neft perfonne
qui ne fe foit occupé de fa multiplication ôc de fa confervation. Des contrées,
des déferts immenfes ont été défrichés ôc plantés de mûriers pour la nourrir;
& des femmes même dont, pour la plûpart, la délicatefle fouffre a la
vue d’une belle Chenille , n’ont pas dédaigné de prodiguer des foins a
CgIIc-CI.
On cultive aduellement les Cantarides, dont la Médecine fait un fi. grand