
veulent fe transformer, elles fe fufpendent ordinairement au couvercle ou à
la gaze .qui couvre le vafe qui les renferme. Il- ne faut point les troubler,
mais les laiffer à loifir fe changer en Crifalides ; & comme on peut facilement
obferver toutes leurs manoeuvres au travers de la gaze, il faut après leur entière
métamorphofe, attendre encore quatre ou cinq j&urs avant de les remuer, pour
leur donner le temps de fe confolider & s’affermir. Ces Crifalides dans les
commencemens font molaffes : le moindre choc pourrait leur nuire. Pour peu
qu’on les touche, elles font des mouvemens très-vifs afin d’écarter ce qui les
gêne. Ces mouvemens, trop fouvent réitérés, les fatigueraient au point que
leurs Papillons périraient avant d’éclore. Cet inconvénient pourrait arriver à
des Chenilles qui font renfermées avec d’autres dans le même vafe. Celles
qui ne feraient point transformées, tourmenteraient fans ceffe celles qui le
feraient déjà, pour chercher elles-mêmes une place favorable à leur métamorphofe.
Le plus fur moyen de l ’éviter, c’eft d’enlever le couvercle auffitôt qu’une
Chenille s’y eft fufpendue, & d’y en fubftituer un autre.
Quant à celles qui entrent en terre pour fe changer, il faut les y laiffer
au moins quinze jours avant de regarder leurs Crifalides. L ’humidité de la
terre empêche quelles ne foient raffermies auffitôt que celles qui relient à
découvert. Comme ces efpéces de Chenilles donnent des Phâlenes, nous
aurons encore occafion d’en parler, lorfque nous traiterons des Papillons de nuit.
La faifon dans laquelle paroiffent les Chenilles varie fuivant les efpéces.
Cependant leur développement eft plus accéléré dans les temps chauds, que
dans les temps frais ou pluvieux ; mais chaque efpéce particulière ne paraît
jamais que dans la faifon qui lui eft convenable : nous avons foin de l’indiquer
à chaque defcription. Si la température de l’air y apporte quelque variation,
elle n’eft tout au plus que de quinze jours plutôt, ou de quinze jours plus
tard. Quant à la durée de la vie dans l’état de Chenille, la différence dans
-chaque efpéce n’eft ordinairement que de quelques jours. Goedart, tome I I I ,
expérience L X I V , en a obfervé une qui a vécu fans manger deux ans &
vingt-quatre jours. Cet exemple eft extraordinaire. L ’on pourrait dire en général
que toutes les Chenilles font comme les plantes annuelles qui paroiffent une
ou deux fois tous les ans.
La^plûpart des Chenilles qui donnent des Papillons de jour, paroifTent deux
Fois 1 an. La durée la plus ordinaire de leur vie eft de cinq à fix fem aines :
elles relient communément fous la forme de Crifalides douze à quinze
jours, fuivant qu’il fait chaud ou froid. Trois ou quatre jours avant la naiffance
des Papillons, les Crifalides deviennent affez tranfparentes pour qu’on apperçoive
au travers la couleur de leurs ailes. C ’eft une particularité qu’on trouve rarement
dans les Crifalides qui doivent produire des Papillons qu’on appelle Sphinx :
nous réfervons à en parler plus en détail lorfque nous traiterons des Papillons
de nuit.
Les Chenilles qui ne fe métamorphofent en Crifalides qu’en Automne ,
pafTent communément l’hiver dans cet état. Il en eft très-peu dont le Papillon
éclofe avant le Printemps. Cependant on pourrait par un dégré dé chaleur
proportionné & modéré d un poêle ou d’une poule, les faire éclore beaucoup
plutôt; mais ce développement forcé, qui altère leur couleur, n’étant propre
qu a fatisfaire la curiofité, il faut attendre le cours ordinaire fi l’on veut avoir
des Papillons parfaits ; la Crifalide dut-elle ne s’ouvrir qu’après plus d’un an,
comme cela arrive à quelques efpéces en petit" nombre.
Il eft impoffible de. fixer le temps propre à trouver les Chenilles. Comme
il en eft de .toute faifon, il faut fuivre dans cette recherche la température
de l’air : fi les faifons font avancées, il faut s’y prendre plutôt : fr elles font
retardées, il faut commencer plus tard, en obfervant cependant de ne jamais
palier la quinzaine, lorfqu’on eft inftruit du temps à peu près dans lequel paraît
ordinairement l ’efpéce qu’on voudrait fe procurer.
Un Obfervateur attentif rencontrera dans l ’éducation des Chenilles, des
-variétés qui paraîtront quelquefois fe contredire, ou fortir des régies ordinaires.
I l en-ell même qu’il aura beaucoup de peine à fuivre, quelqu’attention qu’il
y apporte ; mais fi dans fes recherches, il peut vaincre une difficulté qui aurait
jufques-là paru infurmontable, le plaifir d’une pareille vifloire lui procurera
une fatisfaûion qui le dédommagera bien de fes peines. S’il veut travailler
avec fruit, il aura foin d écrire exaâement fes obfervations & les découvertes ;
& s’il le peut, de deffiner les Individus dont il parle : c’eft le moyen le plus
fur d’être utile à foi-même & aux autres.