
«nais les Chenilles fçavent fi bien choifir l’endroit convenable pour fe changer
en Chryfalide, que le Papillon paroît toujours dans la faifon où il trouvera,
& de quoi fe nourrir, & un endroit pour dépofer fes oeufs.
Les Chryfalides nues appartiennent ordinairement aux Papillons de jour, fit
des Chryfalides-enfermées dans un -Cocon donnent les Papillons de nuit. Cette
régie foùffre peu d’exception. On ne s’en fert cependant pas pour claffer ni les
•Chenilles niles Papillons. Comme il eft des Chryfalides à Cocons de toutes les
clalfes de -Chenilles, cela fait un dérangement dans les divifions qu’on acherché
à établir jufqu’à préfent.
Lorfqu’on touche les Chryfalides nues des Papillons de jour, elles font plufieurs
■ mouvemens très-vifs ; mais celles qui font renfermées dans des cocons, font
prefqu’immobiles.
Les Chenilles qui bâtiffent dans-la terre, ont une pointe-forte fit fenfible qui
leur fert d’appui, pourchanger de pofition, fi quelque choc ou quelque preffion
les incommode.
Enfin les Chryfalides-étant fuffifamment couvées par la feule chaleur de l’air,
-le temps de la métamorphofe arrive fie le Papillon quelle contient ouvre fon
tombeau. La tête fe dégage la première ; les antennes s’allongent ; les pattes &
les ailes s’étendent fie fe-fortifient ; il vole enfin, fie ne conferve plus rien de
-fon premier état. Figure, induftrie, tout eft changé de façon qu’il n’eli plus
reconnoiffable. Ce n’eft plus cet animal vil fie pefant qui n’avoit que des inclinations
terreflres, condamné au travail, réduit à ramper & à brouter avec avidité la
-nourriture la plus groffiere, fujet à des maladies continuelles fie périodiques,
n’offrant enfin à la vue qu’un extérieur hideux fie dégoûtant : le Papillon au
contraire eft l’agilité même : il ne tient plus à la terre ; il paroît même la dédaigner.
Orné des plus magnifiques parures, fie couvert des plus belles couleurs, il ne vit
plus que de miel fie de rofée: enfin il ne connoît que le plaifir; il en jouit fans,
-réferve fie fans contrainte.
Comment ne pas s’extafier à la vue -d’une métamorphofe auffi furprenante 1
Quel vafte champ de femblables merveilles ne préfentent-elles pas aux réflexions
de celui qui les obfervé !
Les Papillons qui Portent des Chryfalides nues, fulpendues par la queue ou
attachées
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attachées avec un lien par le milieu du corps, fe débarraffent de leurs enveloppes
fans beaucoup de difficultés; au lieu que ceux qui font renfermés dans des
cocons , ont une réfiftance de plus à vaincre. On eft naturellement embarraffé
de fçavoir comment ils en pourront fortir: mais celui qui a appris à la Chenille
à, s’enfermer avec tant de foin fit d’a rt, lui a appris auffi à fe ménager une
porte commode. Le bout de la coque formé, en pointe, quoique bien garni
de foie, n’eft point enduit ni maftiqué comme tout le relie. Cette pointe eft
terminée à peu près comme, les ofiers d’une naffe à .prendre les poilfons, dans
laquelle ils entrent librement, mais dont ils ne peuvent fortir. Cette conftruâion
permet au Papillon de fortir de fon cocon , fans qu’aucun Infefle .y puiffe
entrer : tous les brins de foie préfentant leurs bouts au-dehors, fe relferrent
lorfqu’i l eft queftion de pénétrer du dehors au dedans ; au lieu qu’ils fe fépatent
facilement lorfque le Papillon veut paffer du dedans au dehors. C’eft auffi par
cette pointe que l’Infefite enfermé dans la Chryfalide, reçoit l’air fuffifant pour
fa refpiration.
La maniéré dont la Chryfalide s’ouvre eft aflez uniforme dans toutes les elpéces.
Cette coque ou enveloppe paroît compofée. de trois pièces.diftinfites, qui: ne
peuvent fe féparer que lorfqu’elles font defféchées, par l’accroilfement de l’Infefle
qu’elles renferment. Elles font fi intimement unies. entr’elles , qu’on ne peut
appercevoir leur féparation qu’au moment où le Papillon fait les premiers efforts
pour en fortir. Nommons la première de.ces pièces, le front ou.le chaperon
de la Chryfalide; elle couvre la tête du Papillon : la féconde, la pièce d’eftomach
ou corps la Chryfalide; elle recouvre tout le-corcelet, tant du côté de la
poitrine, que du côté du dos, ainfî que les jambes fit les aîles qui font attachées
au corcelet : la troifiéme enfin, le fouteau- ou étui ; elle recouvre tout le
refte du corps qu’on appelle ventre depuis le corcelet jufqu’à l’extrémité de la
queue.
Outre ces trois pièces principales, les jambes, la trompe, les antennes fie
les barbes, ont encore des petits fouteaux particuliers placés le long de ces
pièces, dont la difpofition varie dans beaucoup d’efpéces. Le chaperon fit le
corps de la Chryfalide fe féparent encore en deux parties différentes. Au premier
effort du Papillon, il fe fajt une fente fur le dos depuis le chaperon jufqu’au
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