
kxxîj D I S C O U R S P R É L I M I N A I R E
Voilà les cinq dalles de Papillons diftinguées .par les antennes, qui offrait!
en effet des cara&eres remarquables : mais ces daffes de Papillons comparées
avec les claffes dont nous .avons parlé à l’article des Chenilles, fouffrent des
exceptions li conlidérables., qu il 1er oit a defirer qu’on pût trouver quelqu’autre
méthode plus fatisfaifante. Excepté dans la claffe des Teignes, dont les Chenilles
font affez conformes pour le nombre de pattes , toutes les autres claffes offrent
trop de variétés pour qu’on puiffe s’y arrêter. Plufieurs Auteurs, frappés de ces
exceptions, ont imaginé de claffer les Papillons par le port ordinaire de leurs
ailes, ou par leurs figures plus ou moins carrées, arrondies ou anguleufes. Ces
méthodes font auffi embàrraffantes que la première, étant encore plus inconciliables
avec les claffes des Chenilles. Toutes c e s difficultés nous ont enfin
décidé à nous en tenir à la divifion fimple de Papillons de jour & de Papillons
de nuit. Nous établirons entre tous les Individus de ces deux claffes un ordre
numérique qui, fous le même chiffre, indiquera la Chenille & la Chryfalide
dont chaque Papillon fera forti. Nous en exceptons cependant quelques efpéces
de Papillons, dont.jufquà préfent les Chenilles-ne font point encore connues.
Nous les indiquerons également par des numéros, afin que fi par la fuite on
découvre leurs Chenilles & leurs Chryfaïides,, on puiffe les défigner par le
même numéro que leurs Papillons.
Cette méthode fera fur-tout avantageufe pour ceux qui font des -collections
de Papillons. Par le moyen de ces numéros,.ils pourront établir des correlpon-
dances pour fe procurer les'efpéces qui leur manquent, ou changer celles qu’ils
auraient doubles contre celles qu’ils n’ont pas, fans être obligés de recourir à
des deferiptions fouvent défeâueufes ou inintelligibles.
Nous croyons, dans ce Difcours, avoir fuffifamment rempli notre objet, qui
étoit de donner une notion générale., mais affez détaillée, des Infeâes & des
Papillons, pour mettre nos Leâeurs à portée de s’en former une idée. Avec
ces connoiffances préliminaires, il n’eft perfonne qui ne puiffe interroger tous
les Infeâes qui fe préfenteront à fa vue, feruter leurs démarches, leur conduite,
leur induftrie, approfondir leur déllinée & leur fin. 'Ce pouvoir de quéftionner
tout ce qui exifte, eft le privilège exclufif de l ’Homme qui, de tous les
Etres vivans, ell le feul qui foit doué de la Ràifon & de l ’Intelligence. Ce
don
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don îneffimable & diftinâif, foumet en quelque façon tout l’Univers à fon
empire.
Je ne puis mieux finir ce Difcours, qu’en empruntant les paroles qui terminent
celui de M. Geoffroy, Doâeur en Médecine, à la tête de fon Hiftoire Abrégée
des Infeâes.
» Peut-être, dit-il, cet Abrégé pourra-t-il donner plus de goût pour obferver
» les manèges finguliers & merveilleux de ces petits Animaux, dont la perfeâion
» doit nous faire admirer la grandeur de celui qui les a créé «.
» O Jehova quant magna funt opéra tua !
Quoique ce foit la feule citation que nous faffions de ce fçavant Auteur, le
Leâeur inftruit pourra fe convaincre aifément de l’effime que nous en faifons.
Il reconnoîtra dans ce Difcours, bien des Deferiptions de M. Geoffroy, auxquelles
nous n’avons rien changé. Si nous ne l’avons pas cité à chaque fois, c’a été
pour ne pas détourner l’attention du Leâeur par des renvois perpétuels, qui font
le plus fouvent une interruption dans l’ordre dès idées : ainfi, pour ne nous rien
attribuer de ce que nous avons puifé dans les Auteurs, nous déclarons une fois
pour toutes, qu’ils nous ont beaucoup fervi. Les principaux font MM. Geoffroy,
Linné, Reaumur, le Baron de G eer, Goedart, Swammerdam, Bomare, &c. & c .,
& dans la fuite de cet Ouvrage’-, ils nous ferviront encore.
Quant aux obfervations particulières qui jufqu’ici ont échappé aux recherches
de tous ces Auteurs, elles feront dûes aux découvertes de M. Ernft, qui depuis
fon enfance, s’eft livré à l’étude des Infeâes. Il a puifé ce goût dans l’Ouvrage
de M. de Reaumur qui, fans contredit, eft un des plus précieux dans ce genre
par l’étendue de fes détails, & très-propre à diriger un commençant. Il a non-
feulement répété les expériences de cet homme célébré ; mais il n’a rien négligé
pour étendre les connoiffances qu’il avoit puifées dans cet excellent Auteur.
Ses recherches lui ont procuré en peu de temps, une Colleâion confidérable
d’Infeâes de toutes efpéces, fur-tout de Papillons. S’étant cependant apperçu
que non-feulement les Mites dévoroient les Papillons ; mais que_ leurs plus belles
couleurs difparoiffoient en peu de temps, il a cru ne pouvoir remédier à cet
inconvénient, qu’en les peignant exaâement d’après nature. Il s’y eft appliqué
avec tant d’ardeur, qu’enfin il eft parvenu à les rendre avec toute l’exaâitude
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