
Je commerce le plus étendu; l’Abeille nous donne le miel & la cire; la Cochenille
& le Kermès fervent aux plus belles couleurs; les Cantarides, les Cloportes,
les Loches, les Limaçons, les Vers de terre, &c. font des remedes précieux. Les
-découvertes qu’on a déjà faites en ce genre, nous donnent lieu d’efpérer qu’une
étude plus fuivie nous en procurera de nouvelles.
Dans les Infeâes que nous regardons aâuellement comme des hôtes importuns,
dont nous ne cherchons qu’à nous débarraffer, combien n’en eft-il pas que nous
aurions intérêt de défendre & de protéger , fi nous connoiffions leurs propriétés?
L e nombre de ceux dont nous retirons quelqu’avantage, eft déjà affez confidé«;
rable : fi les autres nous paroiffent inutiles, & même nuifibles, c’eft à notre
neu de connoilfance qu’il faut l’attribuer : peut-être s’en trouveroit-il beaucoup
qui feroient une nourriture faine & fucculente. La Cigale faffoit un mets délicieux
pour les Romains : dans plufieurs de nos Provinces, l’Efcargot eft recherché :
les Chevrettes & d’autres Infeâes de la mer, font favourés avec délices.
Ceux qui fé font adonnés à l’étude des Infeâes, ont cru devoir les. divifer
par elafles, pour les mieux diftinguer. Ils ont rangé dans chacune ceux qui
ont quelques petits rapports entr’eux. Ils les ont enrégimenté fous des noms
tirés du latin, du grec, &c. qui forment dans notre langue des expreffions
barbares, qu’on ne peut faire entendre qu’à force de c èjl-à-dire. Les trois mots
génériques font, (z) l’Entomologie, (a) l’Helmontologie, (3) & la Conchyliologie ;
& ceux qui défignent les elafles particulières, font, Apodes (4), Exapodes (5) ,
Polipodes (6), Centipedes (7), Millepedes (S), Scolopendres (g), Coleopteres
(zo), Hemipteres (zz), Lépidoptères (z2), Hyménoptères {13), Dypteres { 14) ,
Cypteres ( z5 ) , Teftacés & Cruftacés ( 1 6 ) , Apiforme ( Z 7 ) , Infeâophages
(zS), Larves (zcj), Stigmates (20), Gallinfeâes (sz), Progallinfeâes (22), Oeftres
(25), Pterophores (24), &c. &c ; car on ne finiroit pas, s’il falloit citer tous ces
O) Hiftoire des Infeâes, (2) Hiftoire des Vers, (3) Hiftoire des Coquilles , (4) fans pieds , (4) à fîx
pieds, (6) au moins à 10pieds, (7) à cent pieds, (5) à mille pieds, (9) Chenilles fans ailes, (20) à mâchoires
dures & aigues, ( ,O à demi-aîle'es, ( 22) à 4 ailes farineufes, (13) à 4 ailes non-farineufes, (24) à deux
ailes, (25) fans ailes, (26) Infeâes d’eau, (27) en forme d’Abeilles, (2S) Mangeurs d’Infeâes, (29) Mafques
ou Vers, (20) organes de la refpiration, ou bien ouvertures pour refpirer, (22) Infeâes qui reflemblent à
des Galles immobiles, (22) Infeâes femblables à des Galles mobiles ? (23) à deux ailes, (24) Porte-Plumes.
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termes de haute fcience, dont prefque tous les ouvrages fçavans font hérilfés, &
qui, en mettant nos meilleurs Diâionnaires en défaut, arrêtent & effrayent les
Leâeurs à tous momens.
. C ’eft la manie de nos jours, de multiplier ces termes qu’il faut continuellement
expliquer & traduire ; comme fi notre langue n’en pouvoit pas fournir d’équivalens,
& qui relieraient plus aifément dans la mémoire. Nos Sçavans penfent-ils donc
qu’ils écrivent pour des François ? ou veulent-ils envelopper les fciences avec
des termes baroques, pour empêcher les progrès de l’efprit humain, que ces
termes obfcurs & inintelligibles ne font que rallentir ? Mais laiffons-là tous ces
grands mots ; & reprenons la fuite de notre difeours. Occupons-nous à préfent
de la defeription des Papillons d’Europe, qui doivent faire le fujet de cet Ouvrage.
Si le fiiccès.répond à nos travaux, nous pourrons par la fuite traiter- auffi des
Infeâes en particulier. Ce que nous avons dit jufqu ici fuffit pour donner une
idée générale des uns & des autres.
I l eft deux efpéces de Papillons; les uns, qu’on appelle Papillons de jour
ou diurnes; les autres, Papillons de nuit ou noâurnes.
Notre première Partie traitera des Papillons de jour ; & la fécondé, des
Papillons de nuit.
Nous allons donner une idée générale de ces deux efpéces. Quant aux particularités
de chacune, elles feront détaillées dans des deferiptions féparées.
I l eft certain que de tous les Infeâes, les Papillons tiennent le premier rang,
par l’éclat de leurs couleurs & l’élégance de leur figure. Auffi ont-ils mérité
plus particulièrement l’attention de ceux qui Ce font livrés à l’étude des Infeâes.
I l n’en eft en effet aucun qui décore auffi agréablement le Cabinet d’un Amateur
curieux, que le Papillon.
Comme fon dernier état eft celui de Papillon, nous croyons devoir commencer
fa defeription ‘au fortir de l’oeuf, & le faire paffer fucceffivement par toutes
fes révolutions, jufqu’à ce qu’il termine fa carrière après la ponte de les oeufs.
Son premier état au fortir de l’oeuf, eft celui de Chenille.
Il en eft beaucoup d’efpéces connues : mais on en découvre encore tous les