
avec de l’eau, •& la mettant à la place d’une lentille de microfcope pour regarde!!
au travers, on-affine qu’elle répété dix-fept mille fois l’objet.
Ceux qui ont fait beaucoup d’obfervations microfcopiques fur les Infectes,
nous difent les chofes les plus extraordinaires, que nous ne pouvons ni affiner
ni nier, parce que nous ne les avons pas faites nous-mêmes. Notre intention
étant de ne donner que des faits-confiant, dont tout le monde puiffe fe convaincre,
nous attendrons à parler de ces obfervations, lorfque par l’expérience nous nous
ferons allurés de leur exaûitude d’une maniéré inconteftable. Nous dirons la
même chofe des opérations anatomiques . des Infeftes, dont quelques-unes nous
paroilfent fi extraordinaires, qu’elles ont l’apparence du fabuleux. Comment en
effet diftinguer tant de Vifceres dans une matière aufll fluide qu’eft celle qui le
trou ve contenue fous l’enveloppe écailleufe de ces petits Animaux ? En attendant
que nous ayons pu nous affiner de la vérité par nous-mêmes., continuons« de
nous occuper de ce que leur extérieur offre de plus fenfible & de plus frappant.
La trompe des Papillons eff compofée de deux lames en forme de goûtieres
appliquées lune fur l’autre, lapartie ereufe en dedans. Elles.relient naturellement
féparées, fi en fortant de la Chryfalide ces deux parties fe font dégagées de leur
étui l’une après l ’autre. C’eft avec cet organe que le Papillon extrait le miel
du fond des fleurs. Si ce fuc eff trop épais pour couler dans l ’intérieur de là
trompe & parvenir à fa bouche, il dégorge alors une .liqueur qui rendant le
miel plus fluide, le lui fait enfuite pomper fans peine. En .préfentant «un peu
de fucre à un Papillon qui vient de naître, on appercevra aifément la liqueur
qu’il dégorge pour le faire fondre.
Tout Papillon, quelqu’il foit, a up corps allongé compofé de la tèt e , du
corcelet êc du ventre. La tête, outre les yeux, la trompe & les barbes, porte
encore deux antennes. Le corcelet enveloppe toute la .partie de l’effomach
& du dos., immédiatement après la tête : à ce corcelet font attachées les quatre
ailes & les fix pattes. Dans les elpéces des Papillons de jour, il en eff quelques-
unes dont les deux premières pattes de deyant paroiflfent abfolument inutiles :
du moins ils n’en font point ufagê pour marcher. Ces deux pattes font appliquées
au-deffous du col en forme de palatine. Cette variété nous a fait diftinguer deux
clalTes. de Papillons, les uns àépieds, ôc les autres à^pieds; quoique la partie qui
ait
hit parue la plus propre à plulïeurs pour les diftinguer, ce foit les antennes qui
offrent en effet des variétés confiantes & fufceptibles d’être remarquées ; nous
en parlerons plus bas lorfqu’il fera queftion de ces claflës.
Les antennes, ces organes admirables, dont jufqu’ici il paroît qu’on a ignoré
la propriété ; prefque tous les Auteurs étant partagés fur cet article, font pour
le Papillon l’organe .de l’odorat. Elles font toutes creufes d’un bout à l’autre.
C ’eft par ce conduit que les Corpufcules qui émanent des fleurs, avertiffent le
Papillon des. alimens qu’il doit trouver. C ’eft pourquoi, lorfqu’il vo le , il dirige
toujours fes antennes en avant, & ne fe pofe jamais fur une fleur qu’autant qu’il
a flairé auparavant avec fes antennes, fi l’aliment lui convient. Les Infectes
& fur-tout le Papillon ont l’odorat fi fin, que le parfum d’un mets qui leur
convient, les attire de fort loin.
Outre cette propriété effentielle des antennes , elles font encore les armes
offenfiyes & défenfives des Papillons. Auffi lorfqu’on voit deux Papillons fe
battre, ils s’élèvent en l’air voltigeant tête contre tête : leurs antennes leur
fervent de maffuës & de boucHers pour fe porter mutuellement des coups ou les
parer. Les Papillons: fe battent fouvent pour fe difputer un certain efpace de
terrein que chaque individu paroît s’approprier. Quelquefois, mais rarement,
pour quelque difpute de ménage entre le mâle & la femelle: ils s’approchent;
leurs antennes s’entrelacent, fe croifent & recroifent avec une rapidité inconcevable
, pendant que leurs ailes n’ont d’autres fondions que de les élever en
l’air. Cette maniéré de fe battre fe remarque, fréquemment dans les Papillons
de jour. On peut préfumer que ceux de nuit fe battent de la même façon.
Chaque efpéce de femelle a fa maniéré particulière de dépofer fes oeufs dans
des lieux fûrs & commodes, & de les cimenter fi bien que toutes les révolutions
de l’hiver ne peuvent pas les endommager. Les unes roulent quelques feuilles
dont elles fixent la queue aux branches d’arbres, avec une colle inaltérable : les
autres, avec une femblable co lle , les attachent aux branches en forme d’anneaux
rapprochés les uns des autres, avec une fimétrie agréable à voir. Il en eff qui
les difperfent par-ci par-là, les attachant les uns après les autres : plufieurs les
dépofent par paquets, & les couvrent d’une efpéce de duvet de foie : d’autres
enfin, expirant fur leurs oeufs, comme par un dernier effort de tendreffe, les
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