
quelques corps d’arbres auxquels elles font fi bien appliquées qu’on ne peut
les trouver fans un peu d’ufage. Lorfqu’on les appêrçoit, on s’en approche
doucement, on les fait tomber dans une petite boîte que l’on tient au-
deffous, & on les y enferme lur le champ. Elles s’y confervent en bon
état jufqu’au lendemain fans être piquées , parce qu’elles fe donnent peu
de mouvement lorfqu’elles font emprifonnées ; mais il faut avoir foin de
les enfermer féparément, & de ne mettre avec elles aucune partie des
feuilles ou des fleurs fur lefquelles elles étoient' pofées.
Au moment où l’on veut les développer, on leur donne la liberté dans
l ’appartement, après en avoir fermé les fenêtres. Elles vont auflitôt fe pofer
fur les vitres. Alors on leur porte un coup léger fur le corcelet par le côté
large de la Bruxelle, ce qui communément les tue fans les gâter : enfuite
on les pique avec une aiguille graiifée pour les développer. On ne fait ufage
de ce procédé que pour les petites Phalènes.
L ’inftant le plus favorable pour prendre un Papillon, eft celui où il fe
pofe. Ainfi lorfqu’un Chalfeur en appêrçoit voltigeant à fa portée , il doit
relier tranquille 6c le fuivre de l’oeil pour s’en faifir au moment-où il fe
pofera. S’il le manque, il doit l’attendre de nouveau, il le verra bientôt
reparoître : du moins, la plupart des efpéces, lùr-tout, s’il employé quelques
appas pour les attirer. Nous allons en indiquer quelques-uns qui procurent
bien des captures aux Chalfeurs.
Il y a beaucoup d’efpéces qui fréquentent les chemins, les prairies, parce
qu’elles y font attirées par l’odeur des excrémens d’Animaux fur lefquels
elles fe pofent volontiers, lorfqu’ils ne font pas defléchés. M. Ernft a fait
fouvent l’épreuve de recouvrir de ces excrémens avec un peu de terre. Les
Papillons des environs vendent en foule fe pofer deflùs, pour pomper au
travers de la terre les fucs d’un aliment qui leur convenoit, ce qui lui
donnoit la facilité d’en prendre autant qu’il vouloit.
Une femelle de Papillon eft un appas certain pour attirer les mâles : ainfi
lorfqu’on aura pris une femelle, on pourra la fixer avec une aiguille fur
une tige ou fur une feuille. Les mâles du canton viendront la vifiter, voltiger
auprès d’elle,, ôt fe pofer fur les feuilles voifines. J’en ai fait l’épreuve le
4 Août de cette année x7751 ; parmi les Chenilles que j’ai élevées, une
gtoffe Chenille velue qui étoit en cocon depuis le 1 j Juin précédent, m’a
produit une femelle de Phalene, connue fous le nom de Minime à bande.
Je n’avois qu’elle de cette efpéce ; j’ai effayé de la tuer en lui ferrant le
deflous du corcelet avec une Bruxelle de fer. Quoique je l’euffe ferrée à
plufieurs reprifes, je n’ai pu parvenir à la faire mourir, 6c je l’ai développée
à moitié vivante. Ainfi étendue fur la planchette, il eft venu par les fenêtres
beaucoup de mâles lui rendre vifite ; Ôc dans l’efpaCe d’une heure, depuis
deux heures jufqu’à trois, j’en ai prix fix. Pendant plus de deux jours qu’elle
a donné des lignes de vie ôc lailfé tomber des oeufs de temps en temps , il
en eft venu au moins une trentaine dont j’ai pris plus de moitié ; d’où l’on
pourroit conclure que dans les endroits où l’on voit voler des mâles de
Phalènes, il y a quelque femelle qui les attire. J’avois déjà remarqué la-
même chofe pour d’autres Phalènes, ôc même pour quelques Papillons de
jour. Cet appas, à la vérité, m’attire que des mâles, au lieu que celui dont
nous avons parlé ci-delfus attire les deux fexesi
Pour fe procurer beaucoup de Phalènes, fur-tout celles qui fe trouvent
fixées fous les feuilles au haut des arbres, on peut, après avoir étendit
une nappe fous l’arbre, en battre les branches avec une perche, ou les-
fecouer avec les crochets Fig. j 6c 6 , ajuftés au bout d’un grand bâton. Ces
fecoufles font tomber les Phalènes fur la nappe, 6c on les pique fur le champ,
en les couvrant avec le filet, fi l’on craint quelles ne s’échappent. Pendant
les pluies ,, les Phalènes defcendent du haut des arbres ; on les! trouve
immédiatement après fous les feuilles d’en bas ou fur l’écorce; mais le
meilleur moyen d’en ralfembler beaucoup , c’eft après neuf heures du foir,
de mettre une lumière dans un falot ou dans une lanterne de verre , 6c de la
placer dans quelques endroits ombragés par des-arbres. Cette lumière attire
an grand nombre de Phalènes qui viennent voltiger au tour, 6c procure la.
facilité de les prendre au filet.
Parmi les Chafleurs de Papillons, il y en a qui' préfèrent tes filets- doubles
ou pinces Fig. 7. 1 r. 23. D ’autres, le filet fimple Fig. ÿ. Cela dépend-
de l’habitude. Celui-ci, fans contredit, eft le plus commode de tous ; il n’efir
point lourd à porter, tient peu de place dans la poche, s’adapte à toutes
fortes de cannes ou bâtons. Il eft préféré par ceux qui ont acquis l’adreffe de-
s’en bien fervir ; il a pour eux des avantages fur ceux dont nous venons
d’indiquer les ufages; il les réunit tous ; il prend au v o l, à terre, fur les