
D E L A C H A S S E
D E S P A P I L L O N S .
IL E S mois d’A v r il, Mai & Juin font les plus favorables pour trouver
une grande quantité de Chenilles, celui de Mai fur-tout. On pourrait affurer
que dans ce mois fe u l, on trouve toutes les efpéces. C ’eft celui de la
fève des arbres , celui de la naiffance des feuilles & des plantes. Les Êtres-
dont nous parlons, éclofent précifément au moment où fe développe la
nourriture qui leur eft propre. Cet ordre eft invariable. On ne trouve la
fécondé génération des efpéces qui paroiffent deux fois fa n qu’au commencement
d’A o û t, époque de la fécondé fève.
Nous avons dit dans les Difcours précédents', que l’on trouve des
Papillons toute 1 année, que plufieurs paffent fhiver dans des trous d’arbres
ou de muraille ou ils reftent fans...mouvement ; nous en avons cité des
exemples dans les defcriptions du Morio , planche première, & des numéros
12 > 3 > 4 > î > &c. Goedart, Tome I I I , expérience I , dit en avoir fait
fortir des cheminées de Payfans pendant l’h iver, en fàifant un peu plus de.
feu qu’à l’ordinaire.
Tous ceux qui ont obfervé & qui ont écrit fur les Infectes, affinent
'de même: que l’on trouve des Papillons dans tous les mois de l’année ; mais,
les plus abondans en ce genre, font ceux de Juin, Juillet & Août. Ils offrent
aux Amateurs une très-grande variété d’efpéces.
Lorfque 1 on veut s amufer de leur chafTe , il faut, que le Chafleur, outra
quelques-uns des filets dont nous avons donné ci-deffus l ’explication, emporte
avec lui des boites de différentes grandeurs, pour conferver le fruit de fes.
recherches; de grandes pour les Papillons, & de petites pour les Chenilles ,
qu il faut fouvent enfermer féparément, parce qu’il y en a qui mangent les
autres. La même précaution eft nécelfaire, comme on le verra ci-après
page i o o , pour les petites Phalènes ou Papillons de nuit. Une efpéce de
Carnaffiere d comme on la voit au Chafleur repréfenté Fig. 23 , feroit
fort commode pour porter ces boîtes.
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I l faut suffi provifion d’aiguilles un peu fines, auxquelles on aura ajufté
de petites têtes de cire d’Efpagne pour ne pas fe bleffer en les piquant dans
le fond des boîtes , qu’il feroit à propos de doubler de liège pour que
les aiguilles y entraffent plus aifément. On pourroit auffi faire faire à ces
aiguilles des têtes d’émail, comme on en trouve à Nevers, où les Emailleurs
les font à très-bon compte. Elles feraient folides & commodes. Faute
d’aiguilles , on peut fe fervir d’épingles ; mais elles ont le double inconvénient
de faire un trou trop confidérable dans le corcelet du Papillon, & de piquet
difficilement dans le bois, leurs pointes n’étant pas âffez aigues.
Il faut que les aiguilles foient graiffées avec du fuif, de la pommade,
ou quelqu’autres- corps gras pour les empêcher de rouiller dans le corcelet
du Papillon. Une fois rouillées, il feroit impoffible d’en détacher les Infeûes
fans les gâter. Quant aux épingles, quoiqu elles ne foient point fusettes a
rouiller , il eft bon de les frotter avec du favon , pour que la liqueur qui
fort du corcelet du Papillon, ne l’y rende pas adhérant en s’épaifliflant.
Il fau t, de plus , être muni de la Pince platte Fig. ; 3. pour piquer
-les Papillons dans les boîtes ; d’une Bruxelle de fer Fig. 2. pour les étourdir ;
& d’une Bruxelle de cuivre Fig. 1. pour prendre les Chenilles que l’on
rencontrerait.
Il y a des efpéces de Papillons qui Portent de leur retraite à l’aube du
jour ; d’autres qu’on ne rencontre jamais avant dix. heures du matin , ni par
de-là deux heures après-midi. Quoiqu’on général les Phalènes ne paroiffent
qu’après le coucher du fo leil, ce qui leur a fait donner le nom de Papillons
de nuit, il y en a cependant beaucoup d’efpéces, fur-tout des males , qui
voltigent toute la journée , même pendant les plus grandes ardeurs du
foleil.
S’il y a des Papillons qu’ on approche allez aifément, comme nous l ’avons
d i t , à l’article du Vulcain, page 1 9 , il en eft auffi qui font fi farouches
& fi rufés, qu’il faut être bien dans l’habitude de cette chaffe pour s’en faifir,
tels que le Silvain page 2 S , &c. ; d’autres ont un vol modéré, & s écartent
peu du lieu de leur naiffance, comme le Paon de jour, page 6 ; plufieurs
au contraire parcourent des efpaces très-confidérables. Quelques efpéces ont
un vol dont la rapidité pourroit être comparée à la viteffe d une balle. On
les perd de vue au moment qu’ils ont pris leur vol.
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