
toutes fortes d’arbres généralement, ainfi que M. Ernft 1 a obfervé. A la vérité,
il y en a beaucoup qui paroiffent préférer une plante à une autre ; niais à leur
défaut, elles fe contentent de ce qu’elles trouvent.
Le même Obfervateur a remarqué que des petites Chenilles, qu’il avoit vu
üclore dans fa chambre, étoient péries de faim, .plutôt que de fe nourrir de
Ja plante fur laquelle il avoit trouvé leur mere. Peut-être, car on ne peut que
conjecturer fur cet article, peut-être, dis-je, beaucoup de ces Infeétes font-ils
de temps en temps obligés de changer de nourriture, en paffant-des plantes
aiiringentes aux plantes ■ adouciffantes ou rafraichilfantes. Ne feroit-ce pas cette
■ raifon qui les rend ^quelquefois vagabondes & ambulantes ? Quoiqu il en foit,
les--Chenilles font extrêmement voraces : au (fi prennent-elles leur accroiffement
en peu de temps (a). C ’eft par cette voracité-naturelle quelles font fi nuifibles
aux arbres & aux plantes, qu’elles dépouillent fouvent de leurs feuilles , de
leurs fleurs, & même de leurs fruits'; fur-tout celles qui -vivent en fociété.
21 en eft beaucoup qui ne fe féparent jamais, tant qu elles font dans l'état
de Vermiffeau: deux ou trois de leurs nids réunis for le même arbre, fuffifent
pour le dépouiller entièrement.
Pendant leur accroiffement, elles fubiffent plufieurs changemens périodiques,
qui confident à fe dépouiller de temps en temps de leur peau, & a paraître
fous une nouvelle robe. Il-y a apparence que toutes celles fous lefquelles elles
paroiffent font contenues, mais pliffées, fous la.premiere, puifqu’auffit-ôt quelles
en ont quitté une, elles-font beaucoup-plus greffes qu’auparavant. Elles n’abandonnent
finement leurs différentes peaux, que lorfqu’elles les gênent, fit s’oppofent
à leur prompt accroiffement.
Le premier changement fe fait dix ou douze-jours après la naiffance dé la
Chenille {b). Au bout de cinq à fix jours, il s’en fait un autre qui, après-un
pareil nombre de jours, eft foivi d’un troifiéme, -puis d’un quatrième qui,
(a ) Il eft cependant des efpéces qui, fortant de l’ceùf un peu avant l'hiver, ne grandiffent prefque
point pendant cette faifon rigoüreufe : elles ne prennent leur véritable accroiffement qu’au -printemps ; mais
ce font des exceptions dont‘nous parlerons dans les détails particulier«,
(b ) Voyez comment'fs fait ce changement pages vij & vüj.
communément,
communément, eft le dernier avant la métamorphofe en Chryfalide : je dis
communément ; car il eft quelques efpéces de Chenilles qui en changent plus
de quatre fois. La Chenille Martre entr autres, en change jufqu a huit fois avant
de devenir Chryfalide.'
I l eft bon d’obferver que les Chenilles qui donnent les Papillons de jour, ne
changent communément que trois fois de peau; au lieu que celles doù fortent
les Papillons de nuit ou Phalènes , en changent ordinairement quatre fois.
Après le dernier changement de peau, les Chenilles .croiffent & mangent
encore pendant quelques jours, jufqu a ce qu’étant parvenues à leur entier
accroiffement, elles fe trouvent au point de leur métamorphofe.en Chryfalide
ou Fe've, qui eft leur fécond état.
Avant de décrire ..cette métamorphofe, il eft néceffaire de parler de leur
conduite ordinaire dans leur état de Chenille. Elles ont prefque toutes un fil,
dont la matière eft une gomme fluide, quelles expriment des feuillages dont
elles fe nourriffent. Cette gomme eft contenue dans deux réfcrvoirs qui font
dans leur corps, qui. vont aboutir au petit trou ou JïUsvc, au-deffous de la lèvre
inférieure de la bouche.
Ce fil, qu’elles allongent à volonté, leur fert à plufieurs ufages: i°. a les
préferver du froid & de l’humidité, pour celles particulièrement qui vivent en
famille, lefquelles font la plupart raffemblées pendant l’hiver fous des paquets
de feuilles tapiffées en dedans de ces fils, qui les rendent impénétrables à l’eau.
Tout le monde connoît ces .paquets quon voit for beaucoup darbrès, depuis
l’Automne jufqu’au Printemps, qu’on nomme nids de Chenilles, dans lefquels ces
Infeftes, encore tout petits & pour ainfi dire naiffants , bravent les faifons les
plus rudes de l’année. Comme elles filent toutes en naiffant, ces fils multipliés
.les uns fur les autres, forment en peu de temps:une épaiffeur qui les tient
chaudement & fainement. J’ai vu de ces Chenilles, dont la petiteffe étoit comme
la pointe d’une aiguille ; qui malgré cette extrême. delicateffe, réfiftoient aux
frimats, tant l’intérieur de leur retraité étoit bien fourée.
. 2°. Ce fil leur, fort encore pour éviter le danger & prévenir les chûtes.
Rifquent-elles d’être prifes par quelques Oifeaux, ou froiffées fous les branches
que le vent ou quelqu’autre agent mettent en mouvement ; toujours attachées
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