P LA N C H E SOIXANTIEME.
U N E D A M E D E D I S T I N C T I O .N,
EN HABIT DE CEREMONIE..
C ette figure eft, à prqprement parler, celled’ufle dame Tartare. On
dit qâe fësHetn-mes de ce pays ne veulent pas imiter l ’habitude qu’ont leurs
voifines de fe gâter le pied ; à tout autre égard, en moeurs, en habillements,
et en traits—celles reflemblent exactement aux Chinoiïes.
La Planche annexée à cette defcription repréfente une femme de la plus
Haute claffe dans fon plus bel habit. L ’habillement de dcffus eft de fatin
brodé j il eft mis fur un autre vêtement de foie, deffous lequel elles mettent
une efpece de vefte, et elles portent fur leur corps un filet de foie. Elles
portent toujours des caleçons formés d ’étoffes adaptées à la fàifcÿt»;,
robes vont prefque du menton ju îq u ’à terre; de longuesInanches J e u r
cachent les mains, et on n ’apperçoit que leurs vifages. "
On regarderait, en Chine, une draperie tranfparente, ou des habillemens-
faits exaétement à la taille, comme autant d’affronts'faits à la décence;
la police de ce pays bien ordpnné ne fouftrant jamais de fçmblables exhibitions
publiques. Les modes des Chinois ne varient jamais ; elles! font
prefque d’une-invention anti-diluvienne, et peut-être font-elles un emblème
de la ftabilité de leurs affrétions.
Les dames qui font avancées én âge fè, bornent à* des robes Âs~t;ous.
leurs les plus férieufes, telles que le noir ou le violet. Elles portent'fiatt-
vent à la main une pipe et up mouehoîr. ' Elles ne fçnt jpoint d u .tout
étrangères à l’ufage de la pipe, et elles mêlent à la fumée du, tafcaç je$
odeurs orientales les plus fortes. Les Cbinoifesrjîopt,, accqutumée.a,
peindre la peau. Elles fe fervent pour cela d’qné coinpofition de rmjgejt
de blanc qui donne à leur teint une apparence d’émail. - On prétend qtfo
leur fard eft d’une qualité moins pemiaéufîb que celui dont on |grt .en
Europe, mais nous devons croire que l’un et l ’autre, ainfi que tout déguife-
ment de cette efpèce, ont également l’effet de détruire la fraîcheur'na&Èeïle,
et de creer des rides avant l’âge. Cependant on doit rendre aux dames
Chinoifes la juftice de dire qu’elles ne recherchent point des appas, iaétites,
dans le deffêiii d ’attirer ou de tromper la multitude en cachant le défauts de-
leitf- efprit ou de leur corps ; leur motif prend fa fource dans le défir
qu elles ont-de fe rendre plus parfaites aux yeux d’un feul homme ; de cet.
homme, le feul gardien reconnu de leur bonheur et de leur exiftence.
D après ce principe, la follicitude d’une dame Chinoife.pour rehauftèr fa
beaute naturelle devient, dans beaucoup de cas, aufli innocemment fuperflue,
qu’il le ferait d’eflàyer de rehauftèr le luftre d ’une pierre precieufe polie',' on
de perfeâionner les couleurs çt le parfum de la rofe,- , ÙjjjfÊt
Les traits de ces femmes font fingulierement petits et féminins. Leurs
yeux rivalifent la couleur et la vivacité de ceux de l’Antelope. Un Chinois
n ’a qu’une femme, mais généralement il a autant de fervantes pour la
fervir, que fa fortune lui permet d’en entretenir. Un état de veuvage vertueux
eft tenu en grande eftime ; cette eftime eft aflurée à la veuve, lorfqu’-
elle a peu de correfpondance avec la fociété, et qu’elle n ’a auprès d ’etëe
que de domeftiques de fon fexé. ’
Conformément avec les autres peuples de l ’Afie, la mçdeftie^t la taci-,
turnité font les ornemens particuliers des dames Chinoifés' qui font élevées
dans la retraite ; femblables à plufieurs fleurs curieufes qui croiifent égale-
ment pour fleurir fans être vues, elles font élevées par leurs propriétaires»
viennent a maturité,- fe flétriffent et meurent dans leur poffemop.