C’était de la p a rt de celui-ci un grand coup de
politique, mais qui aura été cause desa ruine,parce
que le gouvernement français s’est décidé depuis à
lui disputer la rive gauche,' et que Mohammed-el-
Habib, dans son orgueil, ne veut pas abandonner
ses prétentions .sur ce pays, et les droits naturels,
quoique niés pa r les traités avec nous, de son fils
Ely, à la succession de sa mère Guimbotte.
Les Trarza étaient déjà presque maîtres dans le
Cayor, et surtout dans le Ndiâmbour. C’est tout au
plus si nos trois années de guerre ont diminué leur
influence sur ces pays, qui, cependant, jouissent
aujourd’hui d’une sécurité dont ils n ’avaient pas
l’habitude.
Sous le règne de Mohammed-el-Habib, le pouvoir
des Trarza s’était étefidu sur les deux rives du
fleuve, même au-dessus du Oualo; il existe- encore
sur le Dimar, sur la moitié des Brakna (parti de
Mohammed-Sidi). Il avait aussi acquis beaucoup
d ’influence dans le désert sur les tribus d’Ould-
Aïda (Ouled-Yaia-ben-Othman) qui habitent l ’A-
drar, sur les Douaïch, et, en général, sur tous ses
voisins.
Aujourd’hui, son prestige est un peu tombé, et
quand on le croira assez abattu, il y aura probablement
une forte réaction contre sa tribu.
M. Caille, qui fut longtemps chargé des affaires
du fleuve, évaluait la population des Trarza à
55.000 âmes, dont 25,000 de tribus guerrières, et
30.000 de tribus de marabouts; il leur supposait
6 ,0 0 0 fusils. Ils ne nous ont pas opposé, dans cette
guerre, une résistance en rapport avec de pareilles
forces. Aussi nous paraissent-elles exagérées, surtout
sous le rapport du nombre des fusils.
Les Trarza nous vendeht, année moyenne, de 4
à 500,000 kilogrammes de gommes, en échange de
guinées bleues de l’Inde et de diverses autres marchandises.
Ils vont ensuite, en caravanes, revendre
une partie de ces marchandises, dans les pays qui
les entourent. <
Les Maures ne nous vendirent leurs gommes,
jusqu en 1854, qu a dés escales ou foires annuelles
qu’on ouvrait sur des points choisis du flehve, d ’accord
avec eux. Le gouvernement envoyait un sta-
tionnaire pour les surveiller ; tous les Maures du désert,
comïherçants ou non, se donnaient rendez-vous
a ces fôireé, comme^a une fête. Le gouvernement
français payait une coutume convenue aux rois
maures, çt ceux-ci percevaient, en outre, des droits
assez forts sur les navires marchands qui commerçaient
a 1 escale. Sur les demandes réitérées du
commerce français, ce système a été abandonné,
malgré l’opposition des Maures, qui n ’en ont pas
encore pris leur parti. Aujourd’hui, nous ne vôu-
l°ns acheter les gommes que dans nos établissements,
Saint-Louis, Dagana, Podor, Matam, Bakel,
et cela, pendant toute l’année, en attendant q u ’une
sécurité complète et solidement établie permette
peut-être, dans l’avenir, de laisser une liberté absolue
au comrherce des gommes, comme cela a lieu
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