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Celui de Tanor, est Fat-Kodou, réfugié dans le
Cayor.
Or voici le b u t de Tanor, le prétendu marabout:
il s’est établi avec une bande de tiédo ou guerriers,
entre le Djiolof et le Cayor, et cherche à exciter des
troubles dans ce dernier pays. Il avait envoyé des
cadeaux à Àl-Hadji et n ’attendait que son arrivée
pour se déclarer pour l u i , peut-être avec les gens
duNdiambour, renverser le damel, et demander au
prophète, pour sa récompense, d’être nommé chef
musulman ou almamy du nouvel État. Mais pour
qui connaît les allures d ’Al-Hadji, il est évident
q u ’après s’être servi de Tanor, Al-Hadji lui eût fait
couper la tête sous un prétexte quelconque, et eût
nommé almamy un de ses chers taliba (élèves) du
Fouta-Dialon, ou un marabout duFouta-Sénégalais.
Le fort de Mérinaghen avait été construit dans
l ’espoir d ’y a ttire r le commerce du Djiolof ; mais on
n ’y fait presque rien. Les habitants du Djiolof craignent
les Maures qui fréquentaient les routes, et,
dans leur sauvagerie, ils nous craignent nous-
mêmes, parce que quelques mauvais drôles, comme
ce Tanor, les éloignent de nous.
P a r moments/ils aspirentà se rapprocherdenous,
et, dernièrement, ils viennent de nous écrire qu’ils
payeraient de deux cents boeufs la construction
d ’une petite tour en maçonnerie à Bounoun, à cinq
lieues à l ’est de Mérinaghen, pour y établir un village,
qui jalonnerait la route entre leur pays et
notre établissement.
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Bounoun est le point d’intersection des territoire^
du Oualo, du Cayor, du Djiolof et du Fouta. Ce
lieu, où l’on trouve de l ’eau en toute saison, et qui
estau milieu d’un désert aride, est un point de passage
forcé et d’embuscade pour toutes les bandes
de voleurs de ces quatre pays (et Dieu sait s’ils en
renferment!), et des Maures par-dessus le marché.
La construction d’une tour et d’un village, à Bou-
noua, serait un grand service rendu au pays. On
prétend que c’a été un des projets d’Al-Hadji, alors
que simple habitant d’Aloar, dans le Toro, il ne
pensait pas encore au rôle quil a joué depuis,
LE FOÜTA-SÉNÉGALAtS.
Le Fouta s’étend d’abord sur toute la rive gauche
du Sénégal, depuis Dagàna ju sq u ’au marigot de
Nguérer, près de Dembakané (150 lieues) , comprenant
ainsi l’île à Morfiî, formée pa r deux bras du
fleuve, entre Saldé et Doué. Il possède, en outre,
des villagespsitués sur la rive droite, depuis Kàéaédi
ju sq u ’à Goumel.
Cet Etat se divise en territoires, correspondant en
général aux différentes tribus. Ainsi, en remontant,
à p a rtir de Dagana, on trouve la province de
Dimar, de Gaé à Doué ; la province de Toro, de
Doué à Boki ; le pays de Lao (pays des Lao-nko-
bé) (1 ), de Boki à Abdallah-Mokhtar ; le pays des
(1) Lao-nko-bé veut dire les gens de Lao, par la superposition bizarre
des règles de différentes langues ; dans les langues malinké et
soninfeé, on ajoute nké au nom du pays, pour avoir celui des habitants,