D’après les opinions recueillies et transmises p a r
divers auteurs, tels que saint Augustin, Ibn Khal-
doun, Léon, tous trois Africains, cette race serait
issue de Cliam, fils de Noé, et ne serait pas sémitique,
comme les Arabes et les Juifs.
Mais si l’on tient compte du peu de raisons sérieuses
données à l’appui de cette assertion, et de la
tendance forcée qu’ont la p lupart des écrivains a
rapporter toutes les origines aux personnages de
leurs livres saints, on pourrait douter de la descendance
chananéenne attribuée par les Arabes à cette
race, et se demander pourquoi elle ne serait pas la
race aborigène de ce vaste et beau plateau de
l’Atlas.
1 1 est vrai qu’Ibn Khaldoun, écrivain arabe du
quatorzième siècle et Historien de la raceberbere,
dit, d’après la tradition, que l’Afrique septentrion
a l e était déserte av an tl’immigration de ces nations
chananéennes; mais ce ne sont là que des traditions,
et l’on peut en croire ce que l’on voudra.
Quant au nom Berber, sous lequel les Arabes les
ont désignés, et que nous avons adopté de nos
jours, faute d ’un nom générique admis pa r cette race
elle-même, quelques-uns pensent que ce nom n ’est
que l’épithète de barbares, que les Romains donnèrent
à ces peuples, comme a tous les autres peuples
étrangers, à cause de leur état social; de meme que
les Grecs désignèrent une partie d ’entre eux par l’épithète
iVtMmdes (nomades), à cause de leur genre de
■yig pastorale. Quoi qu il en soit, cette race avait et a
encore unelangue à elle,unique, quoique renfermant
plusieurs dialectes. Elle pe partageait en plusieurs
nations divisées elles-mêmes en un grand nombre de
tribus. Elle n ’a laissé aucun monument écrit, et il
est très-probable qu’elle n’avait pas d ’écriture.
Elle occupait déjà l’Afrique septentrionale avant
que les Phéniciens, les Egyptiens, les Grecs, les
Romains et lés Germains vinssent créer des établissements
plus ou moins puissants, plus ou moins
durables sur les côtes,
Son ancienneté, dans ce pays, remonte au delà
des documents historiques. Ibn Khaldoun se* borne
à ces vagues'renseignements sur son passé :
« Toute l’Afrique septentrionale, ju sq u ’au pays
des noirs, a été habitée par la race berbère, et cela,
depuis une époque dont on ne connaît ni les événements
antérieurs, ni le commencement. »
Il dit ailleurs : « Tous les faits que nous avons cités
dans notre histoire prouvent que les Berbers ont
toujours été un peuple puissant, redoutable, brave
et nombreux, un vrai peuple comme tan t d ’autres
dans le monde, tels que les Arabes, les Persans, les
Grecs et les Romains. »
Les deux nations les plus célèbres de la race berbère
étaient les Zénata et les Zénaga (que les Arabes
ont écrit Sanhadja).
Les Zénaga s’étaient étendus dans les régions du
sud du Maroc ju squ’au Sénégal, dont les deux rives
étaient alors habitées p a rle s noirs. Nomades b ra ves
et farouches, ils parcouraient ces Contrées brû