et les noirs subjugués ; et les métis étant devenus,
sous le nom de torodo (qui semble §e rapporter à
un ancien nom du pays, Toro, désignant encore
aujourd’hui une province), des musulmans zélés,
renversèrent le pouvoir héréditaire et absolu des
chefs Délianké restés infidèles, et y fondèrént définitivement,
sous le marabout guerrier Abd-oul,-
Kader, l’organisation actuelle ( 1 ). La révolution
qui transforma le Fouta s’accomplit il y a 150 ans.
Abd-oul-Kader, sous le titre d ’almamy (que portèrent
pendant quelques moments deux individus
avant lui), vainquit successivement tous les Etats
du Sénégal, excepté le Cayor. Il fut malheureux sur
la fin de sa vie, et fut enfin tué, à l’âgé de quatre-
vingts ans, p ar l’almamy du Bondou, Aïssata, dont
il avait fait périr le ffère au commencement de son
règne.
Depuis Abd-oul-Kader, le Fouta n ’avait plus retrouvé
cette union qui en fit la puissance la plus
formidable de toute l ’Afrique occidentale. Il semblait
l’avoir aujourd’hui, retrouvée sous Al-Hadj.i,
et rien ne lui aurait résisté, s’il n ’était pas venu se
briser contre nous.
Outre leur arrogance envers nous, on peut repro-
(1) Aujourd’hui, prennent )e nom de torodo, quelques habitants du
Dimar, les Sélobé du Toro, les Lao-nko-bé, les Irlabé, les Bosséiabé,
les Ebiabé, les Nguénar.
Les Délianké habitent le Damga, concurremment avec les Torodo-
Ngénaret les Aéranké, qui sont de race soninké. Il y a en outre, dans
le Fouta, des tribus de Poul purs, pasteurs; et beaucoup de villages
de tiouballo où pêcheurs, formant caste à part.
cher-aux gens du Fouta leur manque de bonne foi,-
-leur avidité, leur propension au vol, la partialité et
la,vénalité de leur justiçe. A côté de ces défauts, ils
ne manquent pas de qualités : l ’attachement à leur
religion, s’il n ’était pas poussé ju sq u ’à l’intolérance
la plus furieuse, leur patriotisme, leur haine de l’esclavage;
aucun citoyen du Fouta n ’est jamais réduit
en esclavage ; ils ne font d’esclaves que sur les
infidèles. Leur amour du travail, et surtout de l ’a griculture,
qui est chez eux tout à fait en honneur,
en fait un pays très-productif.
Les principaux produits du Fouta sont différentes
espèces de mil en grande abondance, de magnifiques
troupeaux de boeufs, des arachides dans le
Damga, des cuirs verts, et une race de petits chevaux,
provenant de la dégénérescence des chevaux
des Maures, mais qui ont encore de précieuses qualités.
Il nous prend, en échange, de la guinée, du sel,
des fusils, de la poudre, des pagnes de couleur, de
l’ambré, etc.
Nous possédons aujourd’hui deux postes dans le
Fouta : Podor etMatam. Nous espérons que ce dernier,
apprivoisera le Damga, comme le premier a
apprivoisé le Toro; mais comme il y a cent lieues
. entre les deux, il sera nécessaire, pour compléter
notre système de postes fortifiés destinés à protéger
le commerce et la navigation dans le fleuve, d’en
créer un autre vers Saldé. On pourra sans doute
' le faire, par un arrangement à l’amiable avec l’ai