PRÉFACE.
P a rm i les différens travaux auxquels nous avons cru
devoir nous livrer, M. Bonpland et moi, dans le cours
de notre voyage à l’équateur, les recherches botaniques
ont été du nombre de celles dont nous nous sommes
occupés avec le plus d’assiduité. Pénétrés tous deux du
même zèle pour l’étude des plantes, animés par l’aspect
d’une végétation aussi riche que majestueuse, notre attention
a été constamment dirigée vers les progrès de la
botanique. Si notre prédilection pour cette science nous
a engagés souvent dans les excursions les plus pénibles
et. les plus dangereuses pour notre santé, c’est elle aussi
qui est devenue pour -nous une source intarissable de
jouissances et de dédommagemens. Errant dans la solitude
des.bois, privé des charmes de la vie sociale, le
physicien soutiendroit avec peine un isolement aussi parfait,
j’ose dire un exil aussi long, si le sol ne lui présent
â t à chaqüe pas le tableau intéressant et varié des formes
végOétales. Le voyage au tropique, que nous avons exécuté pendant
cinq ans, nous a conduits dans des pays dont une
grande partie n’avoit jamais été visitée par d’autres botanistes.
L’infortuné Loefling périt victime de son zèle pour
les*-sciences, n’ayant poussé que jusqu’aux bouches de
l’Orénoque ; l’illustre Jacquin n’a pu parcourir que les
côfes de Venezuela et de Carthagène. .Plus favorisés par
le destin que ces botanistes célèbres, dont les travaux
nous ont servi de modèle, nous avons pénétré dans l’intérieur
de l’Amérique méridionale, depuis la côte de
Caracas jusqu’aux frontières du Brésil-ou du gouverneülj