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C É R O X Y L O N . 3
M ÉMO IR E
Sur un Palmier qui donne de la cire, et qui a servi
à établir un nouveau genre;
Lu à la première classe de VInstitut, le i4 Brumaire an i3,
par M. Bonpland.
L e palmier que j’ai l’honneur de soumettre au jugement de la classe, et qui augmente
cette famille d’un nouveau genre, est non-seulement remarquable par sa nouveauté,
mais encore par le lieu où il croît, par -la hauteur à laquelle il élève sa cime dans
les airs, par le produit singulier qu’il donne, et enfin par les avantages qu’on en peut
retirer. H est connu dans le pays sous le nom de palma de cera, à cause de la propriété
singulière qu’il a de donner de la cire. C’est cette propriété qui nous a engagés
à lui donner le nom générique de céroxylon, des mots grecs leeros, cire, et xylon,
bois.
M. Mutis, qui depuis long-temps jouit d’un rang distingué parmi les naturalistes,
est le seul qui ait eu quelques notions sur cette plante, comme on le voit pag. 456
du Supplément à la 3.c édition du Syst. veget. de Linné, où il est dit : in America
calidiori etiam dari palmas sebiferas et ceríferas audivit D. Mutis.
La montagne de Quindiu, où croit le palmier qui fait le sujet de ce Mémoire, est
cette partie des Andes la plus élevée, qui sépare la vallée de la Madeleine de celle de
la rivière de Cauca.1 Située à 4° 35' de latitude boréale, elle est composée de granit et
de schiste micacé, sur lesquels se trouvent des formations isolées de roches trapéennes.
C’est principalement entre les cimes couvertes de neige de Tolima, de San-Juan et de
Quindiu, que se trouve ce palmier, lieux sauvages et escarpés, dans lesquels M. Mutis
n’a pas porté ses savantes recherches.
L ’élévation de cette plante sur le niveau de la mer présente un phénomène très-
frappant pour la géographie des végétaux. Les palmiers ne se trouvent en général,
sous les tropiques, que jusqu’à neuf cent soixante - quatorze mètres ( 5oo toises ) de
hauteur, le froid des régions plus élevées les empêchant de s’approcher davantage de
la limite inférieure de la neige perpétuelle.
Le palmier de Quindiu fait une exception bien rare à cette loi constante de la
nature. On ne l’observe, guère dans les plaines; il ne commence à se montrer qu’à la
hauteur de dix -sept cent, cinquante mètres (900 toises), égale à celle de la. cime
du P u y -d e -D ôm e ou du passage du Mont-.Cenis. Il paroît donc qu’il fuit les
grandes chaleurs des régions moins élevées. Sa limite inférieure est plus élevée que
celle du Quinquina, dont plusieurs espèces descendent jusqu’à huit cents mètres (4oo
Tous les noms du pays sont écrits suivant l’orthographe espagnole.