S t ipu le s d eu x , opposées, ovales, longues d’un pouce (a centimètres),
entières, pubescentes en dessous, caduques.
F le urs d'un beau blanc, disposées en panicule à l’extrémité des
jeunes rameaux, et pourvues de petites bractées linéaires.
P é d o n c u l e s courts, soyeux, portant généralement d eux, trois ou
quatre fleurs.
C a l i c e long de deux à trois lignes (4 à 7 millimètres), faisant
corps avec l'ovaire dans sa moitié inférieure, dilate et en forme de
cloche dans la supérieure, divisé en cinq dents égales, persistant.
C orolle hypocratériforme, longue de six à huit lignes (1 centimètre)
, divisée en cinq parties égales ; tube d ro it, cylindrique,
couvert de poils soyeux dans sa partie externe; gorge de la corolle
glabre ; divisions linéaires , couvertes de poils à leur extrémité
supérieure et interne.
É t a m i n e s c in q , de la longueur du tube de la corolle, à la base
duquel elles sont fixées ; filets blancs, cylindriques, droits ; anthères
oblongues , s'ouvrant longitudinalement sur les côtés en
deux loges ; plus courtes que les filets : poussière d’une belle couleur
jaune.
O vaire infère; couronné par un disque épigyne, charnu, de couleur
v e r te , et marqué de cinq tubercules : style d ro it, un peu plus
long que les étamines ; stigmate divisé en deux.
C a p su le ovale, longue d’un pouce (2 centimètres). Le reste comme
dans le Cinchona condaminea, décrit à la page 53.
O B S E R V A T I O N S .
Cette nouvelle espèce de Quinquina forme des forêts dans la province de Cuença,
au Pérou, où nous l’avons observée en 1802. Elle y est désignée sous le nom de Cas-
carïlla péluda, qui signifie Quina à feuilles velues. L’écorce n’est pas très-estimée. On
préfère celle du Quina jaune (Cinchona cordifolia de Mutis), qui est très-abondant
dans la même province. Cependant on m’a assuré qu’il avoit été coupé, il y a à peu
près vingt ans, une grande quantité d’écorces de Cascarilla peluda. J’en possède quelques
unes, que j’ai récoltées moi-même, et dont voici les caractères. -
C I N C H O N A O V A L I F O L I A . 67
Ecorces fraîches, prises sur des branches de quatre à cinq ans, d’une couleur grise
cendrée a 1 extérieur, presque lisses; d’un jaune clair intérieurement, luisantes et
enduites d’un suc jaunâtre, comme visqueux; épaisses de deux à trois lignes, d’une
saveur âpre et astringente.
Les mêmes écorces, bien sèches, ont les bords roulés en dedans; elles sont d’un gris
foncé a 1 extérieur, gercées en tout sens et d’une manière inégale ; intérieurement elles
sont d une couleur semblable à celle de l’oxide de fer rouge, mais un peu moins vive, et
présentent de légères inégalités, qui sont très-sensibles au toucher lorsqu’on promène le
doigt dessus; elles sont épaisses d’une ligne ou deux; leur cassure est de couleur plus pâle,
et offre une multitude de fibres très-petites, inégales et rapprochées. Ces écorces, tenues
pendant quelque temps dans la bouche, donnent une forte saveur astringente et légèrement
aromatique; elles communiquent leur couleur à la salive.
Je pense que cette nouvelle espèce de Qnina peut être employée en médecine avec
succès, et je regrette beaucoup de n'en avoir pas apporté une quantité suffisante pour
m’en assurer.
Nous sommes bien loin encore de pouvoir déterminer les espèces de Quina par les
caractères physiques, et nous n’y parviendrons jamais, si on ne fait pas mention de l’âge
des écorces qui ont servi à établir les caractères. En effet, qui pourra distinguer les
écorces du tronc d’un Cinchona de cent ans et plus par les descriptions consignées dans
tous les livres de matière médicale, des écorces prises sur des branches qui n’ont que
trois ou quatre pousses, ou dont la première n’est souvent pas encore achevée ?
Il n’existe pas seulement une différence physique dans les écorces de différens âges;
les principes constituans sont aussi très-différens. Dans les jeunes écorces, par exemple,
le principe astringent, ou tannin, et le principe amer dominent; dans celles du tronc
et des grosses branches, c’est le principe aromatique. Il doit nécessairement résulter de
la quil nest pas égal au médecin de recetter de grosses ou de petites écorces.
Nous avons remis a MM. Vauquelin et Thénard des écorces de plusieurs Quina. dont
l’espèce et l’age sont bien déterminés. Ces savans chimistes sont dans ce moment occupés
à en faire l’analyse. Nous pourrons donc réunir les caractères chimiques aux caractères
botaniques et physiques, et il ne nous restera plus à connoître que le travail médical sur
ces végétaux précieux.
Mutis avoit donné le nom spécifique d'ovalifolia à l’un des Quina de Sante-Fé; mais
cette plante forme aujourd’hui un genre distinct sous le nom de Cosmïbuena. On en
voit la figure à la table 198 de la Flore du Pérou. Cette même plante avoit été publiée
par Vahl sous le nom de Cinchona macrocarpa, et par Ruizet Pavon sous celui de
Cinchona grandiflora.
M. de Jussieu possède dans son herbier notre Cinchona ovalifolia, qui a été envoyé
du Pérou par Joseph de Jussieu, son oncle.
E X P L I C A T I O N D E S F I G U R E S .
PLANCHE X IX : fig. i , fleur entière; a , corolle fendue longitudinalement et ouverte,
pour montrer Pinsertion des étamines; 3, le calice et le pistil séparés de la fleur; 4, la
même figure dont on a enlevé la moitié supérieure du calice , pour faire voir le disque
épigyne qui couronne le germe; 5, ramillet chargé de fruits.