A rb r e haut de douze pieds ( 4 mètres), toujours vert, très-rameux,
entièrement glabre; tronc droit, cylindrique, de quatre ou six
pouces ( 10 à 16 centimètres) de diamètre, souvent couvert de
lichens foliacés, ainsi que les branches principales; écorce gri-
sâtre, gercée.
Rameaux alternes, rapprochés, cylindriques, tortueux, nus infé-
rieurement, chargés de feuilles à leur sommet.
F euilles alternes, presque sessiles, longues d’un pouce (3 centimètres),
d’un vert brillant, coriaces, ovales, obtuses ou légèrement
aiguës, entières inférieurement, dentées en scie dans leur
moitié supérieure; luisantes en dessus, plus pâles en dessous, et
marquées de quelques veines.
Pétioles très-courts, marqués intérieurement d’un léger sillon,
convexes en dehors.
Fleurs : trois ou quatre, réunies dans les aisselles des feuilles, sessiles,
et munies à leur base de cinq ou sept petites bractées
ovales.
Calice supère, persistant, ovale, divisé à son limbe en cinq dents
aiguës.
Corolle blanche en roüe, polypétale : huit ou dix pétales oblongs,
aigus, réunis inférieurement en tube, libres et étalés dans leur
moitié supérieure.
Étamines : vingt ou trente, attachées au tube de la corolle, le plus
souvent libres, et quelquefois cohérentes entr’elles : filets blancs,
droits, cylindriques, amincis, et terminés en pointe à leur sommet
: anthère jau n e , ovale, s’ouvrant longitudinalement sur les
côtés en deux loges.
Pistil : ovaire infère, ombiliqué par un disque charnu formé de
cinq petits tubercules verts arrondis : style droit, de même longueur
que la corolle : stigmate charnu, divisé en trois parties.
F ruit : drupe ovale, peu charnu, couronné par les dents du calice
qui persistent, entouré à la base de plusieurs bractées. Un seul
noyau a trois loges; chaque loge renferme une graine.
O B S E R V A T IO N S .
Dans le premier volume des actes de 1% Société Linnéenne de Londres, page 174,
on trouve un travail de M. l’Héritier , dans lequel ce savant botaniste a réuni quatre
genres dans uu.seul. De ces quatre genres, deux ont été établis par Linné : le premier
et le plus ancien de tous, est le Symplocos, originaire des Antilles; le second
est le genre Hopea, qui se trouve dans la Floride et en Caroline; le troisième a été
découvert dans le royaume de la Nouvelle-Grenade par le célèbre Mutis, qui l’a
envoyé à Linné,sous le nom d’Alstonia; enfin, le quatrième est le genre Ciponima>
publié par Aublet dans l’ouvrage qu’il a donné sur les plantes de la Guiane francoise.
j M. l’Héritier, dans son travail, a conservé pour nom du genre celui de Symplocos,
comme étant le plus ancien. Le professeur Willdenow, dans l’édition du Species
plantarum qu’il publie, a adopté tous ces changemens. M. Persoon, dans son Synopsis
plantarum, a réuni seulement trois "de ces genres, et conserve le genre Hopea
comme distinct.
J’ai examiné avec soin, tant sur des plantes vivantes que sur des plantes sèches,
les espèces publiées dans les auteurs et comprises dans ces quatre genres ; toutes
m’ont offert les’mêmes caractères, et je pense, ainsi que M. l’Héritier et le professeur
Willdenow, quelles doivent être regardées comme des espèces du même genre '.
Linné avoit placé ces genres dans la polyandrie monogynie; le professeur Willdenow,
qui n’a, comme Linné, vu que des fleurs sèches, a cru qu’ils seroient mieux
dans la polyadelphie : ayant examiné un grand nombre de fleurs vivantes, je ne
crains pas d’assurer qu’ils appartiennent à la monadelphie.
Le royaume dù Mexique, celui du Pérou et de la Nouvelle-Grenade, paroissent,
ainsi que les Antilles, la Guiane françoise et l’Amérique septentrionale, être la patrie
de ces plantes. Nous en avons trouvé plusieurs nouvelles espèces durant le cours de
notre voyage; nous ne donnons ici la gravure que de cinq, avec tous les détails des
fleurs et des fruits. On ne rencontre encore aucune bonne figure de ce genre dans
les auteurs. Nous décrirons les autres espèces que nous avons trouvées, et ferons
rémunération de celles publiées jusqu’ici;, de sorte que ce travail peut être
considéré comme une monographie -du genre Symplocos. •
La première'espèce' de ce genre, dont nous donnons la figure à la planche 51 , est
le Symplocos alstonia, ou l’Alstonia theæformis, dont on trouve la première description
à la page 264 du Supplément de Linné. Lorsque Mutis vit pour la première
fois cette plante , il lui trouva dans le port beaucoup de ressemblance avec celle qui
fournit le thé ; mais comparant la description de la plante de Chine avec celle qu’il
venoit dè découvrir, il fut' bientôt convaincu qu’elle appartenoit à un genre entièrement
différent. Ne trouvant à cette nouvelle plante aucun rapport avec les genres