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substance cornée, et composée de deux cotylédons qui logent la
radicale entre leur extrémité inférieure.
O B S E RV A T IO N S.
Lorsque Mutis trouva en Amérique la plante dont je viens de donner la description,
et à laquelle il douna le nom de Drimys granatensis, il pensa qu’elle pouvoit
être la même que Je Drimys Winteri', qui croît au détroit de Magellan, d’où cette
plante été apportée en Angleterre par le capitaine Winter en 1579.
Linné, qui reçut le Drimys granatensis de Mutis, le publia le premier à la page 269
de son supplément. Depuis ce temps, on a toujours regardé ces deux plantes comme
distinctes; mais on a rapporté le genre Drimys au genre Wintera de Murray.
Nous avons apporté la plante de Mutis d’Amérique ; je l’ai comparée avec celle de
Winter, rapportée du détroit de Magellan par Gommerson, et qui se trouve dans
l’herbier général du Muséum d’histoire naturelle. Il résulte de cette comparaison que
le Wintera granatensis* et le Wintera aromatica3, sont réellement deux plantes différentes.
M. de Lamarck est le premier qui ait assuré, à la page 33o du second volume de
l’Encyclopédie4, que la plante de Santa-Fe et celle du détroit de Magellan étoient
différentes. En rappelant ici les caractères donnés par M. de Lamarck, qui prouvent
que le Wintera granatensis est différent du Wintera aromatica, j’en ajouterai quelques
autres que M. de Humboldt et moi avons observés sur la plante vivante, et
qu’il est facile de vérifier sur l’herbier.
Le Wintera granatensis est originaire du royaume de Santa-Fe de Bogota, dans
l’Amérique méridionale; il croît spontanément à i 5oo toises ( 3ooo mètres) au dessus
du niveau de la mer, dans un climat plus froid que chaud. Je ne doute pas
que cette plante, dont les écorcés ont les mêmes propriétés que l’écorce de
Winter ou Wintera aromatica, ne puisse être cultivée avec succès dans le midi de la
France, et devenir un jour une branche de commerce intéressante par ses propriétés
médicales \
Les principales différences qui se trouvent entre le Wintera granatensis et le Wintera
aromatica, sont les suivantes : le premier paroît être un arbre plus grand ; les branches
semblent devenir plus allongées et chargées de feuilles moins rapprochées que
dans le Wintera aromatica; les feuilles sont plus étroites, plus aiguës, d’un vert plus
clair, et presque blanches en dessous; les pédoncules situés, comme ceux du Wintera
aromatica, dans les aisselles des feuilles, sont constamment plus longs et généralement
divisés en trois jusque dans leur milieu ; le pédoncule commun est cylindrique,
et les pédoncules partiels sont marqués de trois angles et ne portent jamais
1 Likk. Sapplementtun , p. 269.
* W i l l d . Spec. plant., T . II, p. 123g. — Purs. Synops.., T. II, p. 84.
3 W illd. , id. id. id. — P e k s . , id. id. id.
4 Partie botanique.
* Gkorrot , Mat. inèdie. Aliiiert , Nouveaux Elémcns de Thérapeutique, T. II, p. io5 et soir.
W IN T E R A GRANATENSIS. 209
qu’une seule fleur. Dans le Wintera aromatica, les pédoncules sont plus courts,
cylindriques, et ne sont jamais divisés.
Le calice paroît être le même dans l’une et l’autre plante ; mais la corolle du
Wintera aromatica n’a guère que six ou huit pétales, tandis que celle du Wintera
granatensis paroît en avoir constamment douze et être plus grande. Le nombre des
ovaires est aussi plus considérable dans cette dernière plante. Je suis loin de m’attacher
à ces différences numériques et de proportion des parties, pour établir une
différence ré.elle entre ces deux plantes; je m’arrête seulement à la forme des feuilles
et à celle des pédoncules, qui offrent des caractères suffisans.
J’ai changé plus haut le caractère spécifique du Wintera granatensis; il ne me paroît
pas moins nécessaire de changer aussi celui du Wintera aromatica. Voici celui que je
propose, et à l’aide duquel il sera facile de distinguer ces deux espèces de plantes
très-voisines :
W IN T E R A AROMATICA.
Foliis oblongis, obtusis, subtus glaucis ; pedunculis axillaribus, simplicibus.
M. Correa de Serra m’a montré un dessin d’une espèce nouvelle de ce genre qu’il
a reçu du Brésil;, elle vient de la montagne appelée Cerro de Frio, dans le gouvernement
de Minas. Le nom seul de la montagne où croît cette nouvelle espèce de Wintera
et le pays, indiquent que les espèces de ce genre se plaisent dans les lieux
froids, qu’elles s’étendent depuis le détroit de Magellan jusqu’au Brésil, et que probablement
il y a encore un grand nombre d’espèces à découvrir dans le vaste continent
de l’Amérique. Je ne doute pas que le genre Wintera ne se trouve au Mexique,
et peut-être aussi dans les Provinces-Unies de l’Amérique septentrionale.
E X P L IC A T IO N DES F IG U R E S .
Planche L V 11I . Fig. 1 , une fle u r entière vue par-devant.
Fig. 2 , idem , vue par derrière.
Fig. 3 ¡ pistil.
Fig. 4x idem, dans un état un peu plus avancé, pour fa ir e voir l’insertion des ovaires sur
le disque hypagyne et leur disposition.
Fig. 5, une étamine•
Fig. 6 , une seule baie tenant à son disque.
Fig. 7 , idem, coupée transversalement, e t montrant les graines disposées sur deux rangées.
Fig. 8 , une baie coupée verticalement et montrant une seule rangée de graines'.
Fig. 9 , une graine entière.
Fig. io , idem , coupée verticalement, pour montrer la forme et la position de la radicule