susceptible de devenir rances très-promptement par la quantité
d’huile qu’elle contient. Pas le moindre vestige de plumule.
C o l u m e l t .e ou colonne servant de point d’attache aux noix partielles,
s’étendant depuis la base jusqu’au sommet du fruit; plus grosse
en bas qu’en haut, elle présente quatre angles peu marqués.
Chaque graine ou amande a deux enveloppes bien distinctes, composée
chacune de deux feuillets étroitement unis ensemble. Les deux
premiers ou extérieurs, de consistance ligneuse, tuberculeux en
dehors, lisses en dedans, présentent trois cavités formées par l’écar-
temerit de ces deux feuillets. Ces cavités correspondent aux angles
des noix, et s’étendent depuis leur base jusqu’à leur sommet;
elles sont remplies d’un tissu cellulaire serré, et donnent passage
à des paquets de vaisseaux dont l’usage paroît être de porter la
nourriture à l’amande. Les deux feuillets intérieurs, ceux qui
recouvrent l’amande, sont membraneux et étroitement unis ensemble;
ils diffèrent l’un de l’autre par la consistance et la couleur.
L’extérieur est de couleur fauve : l’intérieur, beaucoup plus
mince, est transparent.
O B S E R V A T IO N S .
La plante que je viens de décrire est originaire du Brésil. M. de Humboldt
et moi nous sommes assurés qu’elle se trouvoit dans l’Amérique espagnole,
formant des forêts sur les bords de l’Orénoque. Les fruits, ou plutôt les amandes,
sont connues depuis très-long-temps des Portugais, qui les ont fait connoître aux
François de la Guiane, et ceux-ci probablement les ont apportées en France, où elles
sont appelées châtaignes du Brésil. Les Espagnols nomment les fruits Almendrón * ;
les naturels du pays les désignent sous le nom de Iuvia’. M. Correa de Serra m’assuré
qu’à Lisbonne et dans tout le Portugal, elles portent le nom de Castañas de
Marañon, et que les Brasiliens les désignent sous celui de Çapucaya. M. Richard a vu
les Portugais du Para apporter de ces mêmes amandes vendre à Cayenne sous le
' Les Espagnols donnent le nom d’Almendrón à tons les fruits qui contiennent des amandes dans une enveloppe
lignense, soit que ces amandes soient bonnes à manger ou non; ainsi ils nomment Almendrón les fruits des diverses
espèces de Lecythis, de Rhizobolns, du Bcrtholletia, etc. Les Brasiliens paroissent désigner les mêmes fruits sous le
nom de Çapucaya.
» Nom indien qui, d’après tons les renseignemens que j’ai pn me procurer, parolt propre anx fruits du Bcrtholletia
et à l’arbre qui les porte.
nom de Tuka. Les Anglois enfin les nomment Brazil-nuts. Quel que soit le vrai nom
de ces amandes, la plante qui les produit n’est pas encore connue des botanistes, et
nous nous félicitons d’étre les premiers à donner la description d’un végétal aussi
précieux.
Quoique nous n’ayons pas vu la fleur de cet arbre, la connoissance exacte du fruit
que nous possédons suffit pour nous assurer que c’est un genre nouveau. Je le dédie
à 1 illustre M. Berthollet, a qui l’on doit tant de découvertes, et dont les travaux actuels
promettent beaucoup à la physiologie et à la chimie des végétaux.
Me trouvant fort embarrassé pour assigner une place au Bertholletia, soit dans le
système sexuel, soit dans les familles naturelles établies par M. de Jussieu, j’ai eu
recours aux lumières de ce dernier, à celles de MM. Correa de Serra et Richard.
Voici quel a été le résultat de nos entretiens. D’abord on a pensé que le nouveau
genre devoit être mis près du Lecythis; mais l ’ovaire supère, et qui ne contracte
aucune adhérence avec le calice, l’en éloigne3. De plus, son fruit est entier et manque
entièrement du couvercle qui tombe après la maturité dans le Lecythis, et qui est un
des caractères essentiels de ce dernier genre. Le fruit du Bertholletia et son ovaire
supère le rapprochent des Malvacées, et surtout des Cacaos; mais il manque du
caractère essentiel à toutes les plantes de cet ordre, c’est d’avoir les cotylédons pliés
sur eux-mémes. Enfin, la graine du Bertholletia a de très-grandes affinités avec celles
du Rhizobolus de Gærtner4, ainsi qu’on peut le voir dans la figure et la description
très-exacte qu’à publiée M. Correa de Serra dans les Annales du Muséum d’histoire
naturelle5, du Rhizobolus saouvari. Cependant, j’observe qu’il m’a été impossible de
trouver la plumule dans ce nouveau genre, et que toutes les graines que j’ai ouvertes
au nombre de cent au moins, ne m’en ont pas montré le moindre vestige; elles se
composent entièrement de la radicule : celles du Rhizobolus ont une plumule très-visible.
Il est donc réservé à ceux qui observeront des graines fraîches ou plutôt germant, de
voir cet organe qui nécessairement existe, mais qui doit être d’une petitesse étonnante.
Quant aux fleurs de ce nouveau genre, nous ne les avons pas vues; mais, d’après
le rapport qui nous en a été fait par les naturels de l’Orénoque, elles sont jaunes, et
paroissent avoir beaucoup de ressemblance avee les fleurs du Bombax ceiba, auxquelles
ils les comparent. M. Richard m’assure qu’il a existé, sur l’habitation Labaume à
Cayenne, un pied de la plante que nous décrivons, venu des graines apportées par les
Portugais du Para. Un nommé Bagot, marchand de bois de couleur à Cayenne, a vu
fleurir cet arbre en 1774» e* dit que ses fleurs sont de couleur jaune, odorantes, et ■
de neuf ou dix lignes de diamètre. Il ne parle ni du pistil, ni du nombre des étamines.
La description qu’il fait des feuilles se rapporte parfaitement à celle des nôtres. De tout
ce que je viens de dire, il semble positif que l’arbre observé à Cayenne par Bagot,
est le Bertholletia, et il est probable que les fleurs aient en effet quelque ressemblance
avec celles du Bombax ceiba, quoique la grandeur soit différente. II faut avoir égard
à l’âge de l’arbre vu par Bagot; il fleurissoit pour la première fois, et ceux vus par
les naturels de l’Orénoquè ont peut-être un siècle.
Le Bertholletia est une des plantes du nouveau monde qui offre le plus grand intérêt,
a
t pas suffire ponr sêpar
le fruit supère, et l’autr
deux genres voisins av
des Melastomacées.
4 Ton). II, pag. g'3 , tab. g8, fig.
s Tome VIII, pag. 3g4, pl. &4 > %
r ces deux plantes, puisque nous vo
infère : tels sont les genres Rliexia a dans l’ordre