O B S E R V A T IO N S .
Ce nouveau genre 1 a de grands rapports avec le Quararibea % dont M. SwarU 3 a
fait le genre Myrodia; mais il en diffère essentiellement par le port, par la disposition
des fleurs, par celle des filets des étamines, par les anthères et par le fruit.
Les deux espèces de Myrodia connues sont des arbustes à feuilles lancéolées, presque
sessiles, et disposées sur toute la longueur des rameaux. Le Matisia est un grand
arbre à feuilles en coeur, portées sur de longs pétioles, et rapprochées les unes des
autres à l’extrémité des jeunes rameaux. Les fleurs dans le Myrodia sont régulières et
axillaires ; celles du Matisia sont irrégulières et éparses sur les branches. Les étamines
du premier sont réunies en un tube qui porte les anthères à son sommet et qui. n est
pas divisé comme dans le Matisia : enfin le fruit de ce dernier est une baie à cinq
loges, tandis que celui du Myrodia est un drupe sec qui ne contient jamais plus
de deux graines.
Ces deux genres doivent être placés dans la classe XIII et l'ordre X IV des familles
naturelles de M. de Jussieu, et former une nouvelle section entre la quatrième et
la cinquième.
Le Matisia croît spontanément dans les vallées chaudes et humides, entre les 5°
de latitude australe et boréale. Son fruit a le goût de celui de notre1 abricot, et les
habitans du Pérou et du royaume de la Nouvelle-Grenade le cultivent avec soin.
Nous l’avons observé pour la première fois dans la rivière de la Madeleine, allant
de Carthagène - des - Indes à Santa - Fé : c’étoit sur la fin de Mai ; les fruits étoient
déjà formés. Dans le courant de Juin nous le trouvâmes à Mariquita dans un état de
parfaite maturité, et ce n’est qu’au Pérou que nous avons eu le loisir d’examiner les
fleurs, dans les premiers jours d’Avril. Les habitans de la Madeleine le nomment
chupachupa5 ceux du Pérou, sapote.4 II seroit bien à désirer qu’un arbre aussi majestueux
et dont les fruits offrent une utilité si marquée fût transporté dans nos colonies.
P l a n c h e I I a: fig. 1 , calice; 2, fleur dont on a ôté le calice pour montrer la disposition
et la forme des pétales ; 3, style entouré seulement par une partie du tube des étamines, et
dont on a coupé la partie supérieure pour montrer le stigmate; idem, dépourvu des étamines
et montrant la forme de l’ovaire; 5 , feuille dont on a doublé le pétiole; 6, portion de
branche montrant la disposition des fleurs.
P l a n c b e I I b : fig. 1 , fru it entier; 2, idem, coupé horizontalement pour montrer la disposition
et la forme des graines et des cotylédons ; 3, même coupe d’un jeune fru it; 4> graine
entière; 5, un cotylédon vu par sa partie interne.
Nota. M. de Humboldt avoit dessiné cette plante sur les lieux, et c’est sur son dessin
qu’ont été exécutés ceux que nous présentons aujourd’hui. Les fleurs, le fruit, etc., tout
est de grandeur naturelle.
1 Dédié à M. Matis, un des dessinateurs les plus distingués de l’expédition botanique du royaume
de la Nouvelle-Grenade.
* Acbl. tab. 378.
3 S w a r t z , Prodr. pag. xoa.
4 Au Pérou on donne le nom de sapote aux diverses espèces d'achras.