avec ses divisions : filets droits , blancs, cylindriques : anthères
versatiles, à deux loges, d’une belle couleur rose.
Pistil : ovaire infère, sphérique : style droit, plus long que le tube de
la corolle : stigmate blanc, indivisé, légèrement charnu.
Fruit : baie sphérique, rougeâtre, de la grosseur d’un pois ordinaire,
marquée de plusieurs stries longitudinales, ombiliquée par le calice
qui persiste, garnie à sa base de plusieurs bractées,; elle renferme
cinq petits osselets (pyrènes), convexes en dehors, anguleux
en dedans. Chaque osselet n’a qu’une seule loge et ne contient
qu’une seule graine.
O B S E R V A T IO N S .
Si je n’avois consulté que les descriptions données par Aublet ' et M. de Jussieu1 du
genre Nonatelia3, sans doute je n’eusse pas hésité de regarder la plante que je publie
ic i, comme une espèce de ce genre ; mais on sait que M. Willdenow 4 a réduit quatre
des espèces de Nonatelia données par Aublet au genre Psichotria. J’ignore où il a
placé la cinquième, le Nonatelia longiflora.
Il falloit donc, d’après cela, voir quelques espèces du genre d’Aublet et les disséquer,
afin de s’assurer si réellement ce genre existoit, ou si les espèces devoient la
plupart être regardées comme des Psichotria. L ’herbier seul de M. Richard m’a offert
le Nonatelia racemosa5, cueilli par lui-même dans la Guiane française. L ’examen
exact que j’ai fait de cette plante, me prouve, i°. qù’elle correspond aux caractères
donnés par Aublet et M. de Jussieu, excepté cependant quelques différences dans le
fruit, et dont je parlerai dans un instant; et0. qu’elle ne peut appartenir au genre
Psichotria ; 3°. enfin, que le genre Nonateba doit exister, mais avec quelques réformes
dans le caractère du fruit.
Le Nonatelia et notre plante à laquelle je donne le nom de Retiniphyllum ( tiré
de deux mots grecs, phtinh résine, et «taaon fe u ille , parce que ses feuilles sont enduites
de résine ) , diffèrent d’abord dans leur habitus, mais surtout dans le fruit; et
c’est sur cette dernière différence que je me fonde pour établir ce nouveau genre.
Le fruit du Nonatelia est une baie à cinq graines dont chacune est recouverte
extérieurement d’un test coriace semblable à ceux des Euphorbes proprement dits ;
ce test est convexe en dehors, et marqué de trois côtes longitudinales; extérieurement,
il présente un angle fendu selon.sa longueur, et la graine qu’il renferme est
d’une substance cornée semblable à celle du périsperme des grains de café. Comme
son test, le périsperme est marqué en dehors de trois côtes saillantes, mais il est
concave en dedans. Quoique les graines sur lesquelles je fais des observations soient
à parfaite maturité, il m’est impossible d’y apercevoir l’embryon. L e fruit du Retiniphyllum
est aussi une baie contenant cinq graines, dont chacune est convexe
en dehors et anguleuse en dedans ; mais elles sont osseuses ( pyrènes ) , ,ét se
partagent facilement en deux, comme le noyau de la pèche. La graine est aussi une
amande, comme dans la pèche : son extrême petitesse m’a empêché de bien y observer
l’embryon.
Les autres différences qu’il y a entre le Nonatelia et le Retiniphyllum se trouvent
dans les étamines qui paroissent insérées le long du tube, et ne pas surpasser la gorge
de la corolle dans la première de ces plantes, tandis que dans la seconde elles sont
insérées à la gorge même de la corolle, droites, et aussi longues que les divisions de la
0eur. Joipiez à cela le stigmate constamment bifide dans le Nonatelia, tandis qu’d est
toujours indivisé dans le Retiniphyllum.
J’aurois aussi pu regarder notre plante comme une espèce du genre Crithalis de
Rrown ou du Psathura de Commerson, puisqu’elle ne diffère du premier que par
le nombre des graines, et du second par le nombre de toutes les parties de la
fructification, qui est très-sujet à varier dans les plantes, et surtout dans les Ru-
biacées.
Ce n’est point le désir de faire un nouveau genre qui m’a entraîné en séparant notre
plante du Nonatelia; j’y ai été autorisé, surtout, par les grandes différences qui se
trouvent dans le fruit ; et dont il sera facile à chacun de se convaincre en voyant ces
deux plantes.
L ’ordre des Rubiacées, ainsi que plusieurs autres, demande de grandes réformes
dans les caractères des genres. C’est principalement dans la description exacte des
fruits, que nous ne connoissons pour la plupart que d’une manière bien imparfaite,
quon pourra établir ce travail sur des bases solides. Depuis que l’excellent ouvrage
de Gærtner sur la carpologie est répandu, les botanistes se sont occupés de leur
étude d’une manière plus spéciale, et de nombreux cbangemens ont déjà été faits.
M. Correa de Serra, dont l’aimable érudition est bien connue, a commencé depuis
long-temps un travail intéressant sur la carpologie; déjà il a lu un premier mémoire
à l’assemblée des professeurs du Muséum d’histoire naturelle et à la Société philoma-
tique. Dans ce premier mémoire, imprimé dans le huitième volume des Annales du
Muséum, M. Correa de Serra décrit, comme Gærtner, toutes les parties de la fructification
avec beaucoup d’exactitude; mais il a fait quelques additions et quelques
cbangemens très-importans, qui font attendre avec impatience son second mémoire et
la suite de tout son travail.
Le Retiniphyllum secundiflorum est originaire de l’Amérique méridionale ; nous
l’avons trouvé une seule fois en fleur et en fruit dans le mois de mai, près le petit
village de San Baltazar, entre l’Orénoque et la rivière Noire. Il croît dans un pays
excessivement chaud.