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en approche pour le saisir, il part et disparoît comme l’éclair. Ces petits
oiseaux sont extrêmement jaloux les uns des autres ; s’ils se rencontrent
plusieurs sur les mêmes plantes ou arbres en fleurs , ils s’attaquent avec
la plus grande impétuosité. et ne cessent de se poursuivre avec tant d’ardeur
et d’opiniâtreté, qu’ils entrent dans les appartemens, où le combat continue
et ne finit que par la fuite du vaincu et la perte de quelques plumes:
si les fleurs sont fanées, ils manifestent leur dépit et leur colère en
arrachant les pétales, dont ils jonchent la terre.
Les Rubis ne peuvent supporter la privation totale du miélat que
pendant doute à quatorze heures au plus , et souvent il en périt à l’automne
, lorsqu’ayant été retenus par des couvées tardives, les fleurs se
trouvent détruites par des gelées précoces , et le ressort de leurs ailes
affaibli par le défaut de nourriture. Les mouvemens de l’oiseau ne s’exécutent
plus alors avec cette rapidité qui le maintient suspendu sur la
corolle dépositaire delà substance nutritive. Plus le besoin augmente,
plus ses forces diminuent ; il se perche souvent, il vole avec moins de
vélocité, se pose à terre, languit et meurt. Les jeunes des dernières couvées
sont exposés à ce malheur, et souvent en automne on les trouve dans cet
état de dépérissement.
La difficulté de se procurer ces jolis oiseaux sans en gâter le plumage,
a fait imaginer différentes manières pour les prendre ; les uns les noient
avec une seringue ; d’autres les tuent avec un pistolet chargé de sable, et
même lorsqu’on est très-près, l’explosion de la poudre est quelquefois
suffisante pour les étourdir et les faire tomber. Il est inutile de dire que
le plomb le plus fin ne sauroit être employé pour la chasse de ces petits
oiseaux, car un seul grain les écraserait et n’en laisserait que des débris.
Comme ces divers moyens ont encore des inconvéniens, l’eau gâtant les
plumes , et le sable les faisant tomber, j’ai eu recours à deux autres
méthodes. J’ai employé avec succès le filet nommé toile d’araignée, dont
j’entourais les arbrisseaux à un pied ou deux de distance. Cet oiseau fend
l’air avec une telle vélocité , qu’il n’avoit pas le temps d’appercevoir le
filet, et s’y prenoit aisément. Je me suis aussi servi d’une gaie verte en
forme de filet à papillons ; mais cette manière demande de la patience et
ne peut être employée que sur les plantes et arbrisseaux nains. Il faut
d’ailleurs se tenu- caché ; car quoique l’oiseau se laisse approcher de
très-près , il n’en est pas moins méfiant, et si un corps étranger lui
porte ombrage , il quitte les fleurs, s’élève à environ un pied au-dessus de
la plante , y reste stationnaire , fixe l’objet qui 1 inquiété, et après s etre
assuré que sa crainte est fondée, jette un cri et disparoît. Pour avoir