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plié des obstacles nombreux que nous avons éprouvés à cet
égard.
Fidèle au principe que j’ai adopté dans mon ouvrage sur les
Singes, j e n’ai représenté que les oiseaux que j’ai vus en nature ;
presque tous font partie de la collection du Muséum d’Histoire
Naturelle, ou du magnifique Cabinet de mon ami Dufresne :
quelques-uns m’ont été communiqués par MaugÉ , et ceux-ci
sont d’autant plus précieux, qu’ils ont été tués par ce'Voytrgeu r,
sur les lieux mêmes qu’ils habitent. On sait que MIatjgé joint
au zèle le plus infatigable , le talent très-rare de bien observer.
J ’aurai soin d’indiquer à la fin de chaque description , les
Cabinets oh je puiserai, et de nommer les personnes qui
voudront bien me donner quelques notions sur l’histoire mal
connue de ces oiseaux.
Les Colibris et les Oiseaux-mouches varient tellement par
l’âge, lesexe-tm d’autres causes qui nous sont inconnues, qu’il
est presqu’impossible d’affirmer, sur-tout si l’on est de bonne
foi, que certains individus qui diffèrent par le plumage, sont
ou ne sont pas de la même espèce. Il est vrai qu’on remarque
sur quelques-uns de ces oiseaux, des taches, des plumes, qui
paroissent indiquer qu’avec le temps ils seroient devenus pareils
à d’autres individus, à la vérité semblables parles caractères
solides, mais très-différens par le plumage. C’est ainsi,
par exemple, que le Colibri à cravate verte, si différent du
Hausse-col vert, peut être regardé comme étant de la même
espèce que ce dernier, parce qu’on remarque sur la gorge
blanche de cet oiseau , une ligne longitudinale de plumes
vertes,semblables à celles duHausse-col vert, et que cette ligne
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vertese change en noir à l’endroit même oh se trouve la grande
tache noire du Hausse-col.
Ces signes peuvent bien en effet servir àreconn oître quelques
espèces ; mais on sent à quel point ils sont équivoques , et
combien il seroit dangereux pour la vérité, d’entreprendre de
corriger la nomenclature actuelle à l’aide de pareils moyens.
Si nous avons la certitude que des oiseaux d’une même espèce
diffèrent souvent par le plumage, il est aussi des exemples
d’oiseaux d’espèces différentes qui se ressemblent par la taille
et les couleurs de leurs plumes. Nous avons dans nos bois
un oiseau qui, jusqu’ici, a été confondu avec lePouillot, Mo-
tacillatrochilus, parce qu’en effet il lui ressemble par le plumage
; mais il en diffère par le chant, le vol et les habitudes,
et sur-tout par la langue, qui est du double plus courte *. Ainsi
en rapprochant les Colibris qui se ressemblent à quelques
égards, nous ne prétendons pas donner à notre opinion, sur
l’identité de leurs espèces , aucun caractère décisif. Mais
comme notre but unique est de faire connoître les Colibris et
les Oiseaux-mouches par des figures d’une exécution nouvelle
et plus exactes que celles qu’on a données jusqu’à présent,
nous croyons ne devoir rien changer à la nomenclature ; nous
conserverons les noms français de Buffon, et les noms latins
de Linnæus , en indiquant cependant les rapports que ces
oiseaux ont entre eux, et les signes qui pourroient les faire
regarder comme étant de la même espèce 3 autrement nous
pourrions multiplier les erreurs.
* J’ai fait connoître cette espèce à la Société d’Histoire Naturelle de Paris, sous le nom de
Mota'cilla trochiloïdes. Je n’ai pas fait imprimer ce Mémoire, parce que je ne connois ni la femelle,
ni le nid , ni les oeufs de cet oiseau.