
ij A V E R T I S S E M E N T
confondre la manière d’aujourd’hui avec les mauvaises
enluminures qui l’ont précédée ; genre à la vérité si détestable
, qu’au heu de plum es, il ne représente sur les
oiseaux que des couleurs entassées formant des croûtes
épaisses qui s’écaillent et s’enlèvent souvent au moindre
toucher, et détruisent les effets de la gravure, dont elles
couvrent tous les travaux. De ce mauvais procédé résulte
encore un inconvénient non moins grave ; c'est que dans
un tirage de cent figures, à peine obtient-on deux épreuves
semblables.
L ’impression en couleurs, quand on ne la surcharge
pas, a le mérite d’écarter tous ces défauts, comme on
le verra par nos figures des Singes et par celles des O iseaux.
Il doit donc paroitre étonnant que quelques personnes
persistent encore à suivre la vieille routine, et
cherchent à déprécier des découvertes nouvelles. J’espère
que nos figures des Colibris, Oiseaux-mouches,
Jacamars, Promerops, Grimpereaux, Oiseaux de Paradis
et celles des Singes, convaincront entièrement les
amateurs qu’elles sont d’une telle utilité en Histoire naturelle,
qu’avec elles onpourroiten quelque sorte se passer
de descriptions. Toutes les couleurs y sont parfaitement
rendues, les dimensions y sont jùstes et proportionnées,
les caractères scrupuleusement observés, tous objets
essentiels et trop généralement négligés dans les autres
ouvrages sur l’histoire des animaux.
Quoique A udebert ne pût se dissimuler qu’il eût surpassé
tout ce qu’on avoit figuré avant lui en oiseaux et en
quadrupèdes, il ne crut point devoir publier ses ouvrages
pour son propre compte ; il résista à cet égard aux conseils
de ses amis, et aux miens en particulier. Il allé-
guoit que la direction de ces entreprises nécessite des
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soins qui ne peuvent être le partage ni des Auteurs, ni
des Artistes , et que ceux-ci étant privés de certaines
connoissances utiles à la fabrication, il arrivoit presque
toujours que leurs ouvrages manquoient d’ordre, d’ensemble,
et cela faute des combinaisons et du temps
qu’exige la surveillance des opérations de ce genre , pour
les soutenir sur un plan uniforme jusqu’à leur fin. En effet,
si l’on examine ce que l’on publie à présent, l’on verra
que dans la plupart des Ouvrages, chaque livraison va en
déclinant, et offre un style discordant avec celles qui les
ont précédées. Alors les amateurs se dégoûtent, les entreprises
languissent, et même le plus souvent, elles ne
s’achèvent pas. D’après ces idées, il desira que je me
chargeasse de la publication de ses ouvrages. Je confiai
ce projet à différentes personnes, et particulièrement
à S on E xcellence M. le Marquis de Mu zqu iz ,
alors Ambassadeur d’Espagne près la République. Il eut
la bonté de prendre le plus grand intérêt à cette entreprise.
Son exemple fut suivi de plusieurs Amateurs de
la Capitale, et j’obtins bientôt les mêmes faveurs dans
les départemens et chez l’étranger. Jaloux de me rendre
digne de cette confiance des amis des sciences et des
beaux-arts, je me disposai à publier les Oiseaux dorés ou
à reflets métalliques, avec lamême exactitude que j’avois
mise dans l’exécution de l’Histoire naturelle des Singes,
des Makis et des Galéopithèques ; Ouvrage auquel j’étois
déjà redevable de la bonne opinion qu’avoient bien
voulu prendre de moi un grand nombre d’amateurs.
Après avoir préparé quelques livraisons capables de
donner une idée de ce nouveau travail, j eus 1 honneur
de les présenter au Citoyen C haptal , Ministre de 1 Intérieur,
qui les accueillit d’une manière si encourageante,