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barbes sont creusées longitudinalement en gouttière. ( Ployez a-,fig* 2, qui
représente la coupe d’une de ces barbes. ) Cette partie lisse est une suite
de la tige, et n’en diffère qu’en ce qu’elle est du double plus grosse, comme
si la quantité de matière qui compose les barbules se trouvoit ici réunie a
la tige pour en augmenter le volume. Cette supposition n est pas tout-à-
fait dénuée de probabilité. Si l’on examine une des plumes de la tête de
notre Martin-Pêcheur, ou du petit Martin-Pêcheur aigreté d’Afrique,' on
trouvera que cette plume, noire depuis sa base jusqu’a son extrémité , est
traversée par une tache d’un bleu-clair tres-brillant, et 1 on remai quera
que la tige de chaque barbe (Jig. 3 ) est garnie de barbules à sa base et à
son extrémité-, tandis que son milieu coloré est plus gros, cylindrique et
dénué de barbules, ou du moins qu’elles y sont si petites, qu elles ne
peuvent être apperçues qu’à l’aide d’une forte loupe.
OnJtrouve des barbes de plumes brillantes qui sont munies de barbules;
mais alors.ces barbules-santfort-courtes.JLe Geai de Eraiiçe a sur les ailes
des plumesd’unbleu très-vif; les barbes de ces plumes ($g-. té) ont-une tige
longue, épaisse, très-lisse et colorée alternatlvemeuLde blanc, de bleu et
de noir ; cette tige est munie de barbules dans toute sa longueur; mais elles
sont courtes et noires, et ne peuvent être apperçues que lorsque la barbe
est entièrement séparée de celles qui l’avoisinent, 11 en est de même des
plumes bleues du Geai de la Caroline, Corpus cristatus. J’ai fait la même
observation sur les plumes vertes des Perroquets ; mais ici les tiges
des barbes (fig. S ) sont séparées , et laissent voir les barbules dont elles
sont munies; quelquefois cellesrci sont colorées, mais leur .couleur est
si matte, qu’au beu d’ajouter à l’éclat de la tige, elle ne sert qu’à le
tempérer.
Ainsi, l’éclat des plumes brillantes est dû à la dureté et au poli des tiges
de leurs barbes, et cet éclat est d’autant plus vif, que les barbules qui les
accompagnent sont plus courtes. Aussi le Guit-Guit vert, Certhia Spiza,
est-il beaucoup plus brillant que les Perroquets, parce que les plumes de
cet oiseau ont des barbes absolument nues et semblables à des piquans ,
tandis que les barbes des plumes des Perroquets sont munies de barbules
assez, longues-, et souvent d’une couleur obscure.
Les plumes de couleurs changeantes , non-seulement brillent par leur
poli, mais encore elles ont la propriété de changer de nuance selon 1 angle
que décrit le rayon qui les éclaire. Le Cottinga vert a gorge violette ,
j 4mpelis Cayana, paroît vert de mer, lorsque l’oeil se trouvant a-peu-pres
placé entre cet oiseau et la lumière, le rayon lumineux décrit un angle
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aigu j mais il devient bleu à mesure que cet angle se rapproche de l’obtus. ■
Cependant les barbes des plumes de ce Cottinga n’ont rien d’apparent
qui puisse être regardé comme la cause de ce changement $ elles sont
comme toutes les plumes brillantes, barbues à leur base, et lisses et cylindriques
dans tout le reste de leur longueur. ( Fig. 2.)
On ne peut supposer que la surface de ces barbes soit chargée d’aspérités
, de participes saillantes, dont une des faces seroit bleue et l’autre
verte'5 s’il en ëtoit ainsi, on pourroit obtenir ces deux nuances en tournant
l’ôiseau sur lui-même, sans le changer de place 5 mais au contraire dans
l’une ou l’autre position, les plumés sont constamment bleues ou vertes.
Suivant la théorie de Newton, cè changement de couleur vient de
ce que les barbules n’étant qü’un peu plus denses que l’air environnant,
les rayons en passant de ce milieu dans les lames que l’on sûppose
situées à la surface des Corps , n’éprouvent que peu de divergëiice 5 et
comme, selon cette théorie, la couleur d’un corps dépend du degré de-
ténuité de ces mêmes lames, il résulte que si le rayon abc (fig-6 ) tombe
perpendiculairement sur la lame d e , l’espace b c qu’il parcourt dans
cette lame étant beaucoup moins considérable que celui que parcourt le
rayon oblique f b g , l’oeil en partant du point ¿ éprouvera des sensations
différentes à mesure qu’il approchera du point f . Ainsi, suivant Newton,
les couleurs changeantes des plumes sont le résultat de leur densité , qui
se trouve, a peu de chose près, égale à celle du milieu environnant.
Cependant il est bon d’observer que si on plonge le Cottinga vert dans
un milieu beaucoup plus dense, tel que l’eau, par exemple , l’effet sera
absolument le même que dans l’air.
Les couleurs métalliques ont un éclat parfaitement semblable à celui
des métaux. Toutes les barbes des plûmes ainsi colorées, que j’ai été à
même d’observer, sont munies de barbules dont l’aspect annonce la dureté.
Ces barbules sont également larges dans toute leur longueur, et paraissent
tronquées à leur extrémité : vues au microscope , on remarque sur leur
surface une file de points très-lumineux , et qui paraissent enfoncés ; car
ils sont d’autant plus brillans, que la lumière qui les frappe approche
de la perpendiculaire $ et ils deviennent d’autant plus obscurs, qu’elle
approche de l’horizontale. Sur l’Etourneau cuivré d’Afrique , les barbes
des plumes (fig* y ) ont des barbules entièrement noires du côté extérieur,
jusqu’aux deux tiers de la tige , en partant de la base. Les barbules du
côté intérieur sont plus longues, elles sont noires vers la tige mais les deux
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