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Mouches une suite qui lui auroit présenté les mêmes
obstacles,mais qu’il auroit su vaincre ; celle des Grimpereaux-
sucriers d’Afrique et d’Amérique ( Soui-mangas et Guit-Guits
de Buffon ), oiseaux dont beaucoup d’espèces le disputent
aux -Colibris par la beauté et l’éclat de leurs couleurs , et
dont les figures, en petit nombre , sont fort mauvaises. La
plus grande partie des dessins étoit déjà achevée par ce
travailleur infatigable, qui s’occupoit en même temps de
donner,pour suite à l’histoire des Singes, celle des Quadrupèdes
carnassiers. Les personnes qui connoissent ses Ouvrages,
peuvent aisément se figurer combien les Arts et les Sciences
doivent regretter l’homme qui présentait un ensemble si
rare de talens et de connoissances, et qui a prouvé, par les
riches et exactes figures de son dernier ouvrage , que
Buffon s’étoit trompé en le regardant comme l’écueil du
pinceau '.
Les dessins des Oiseaux-mouches étant presque tous finis,
et la plus grande partie même gravés, on est maintenant
occupé à les terminer} j’ai, de mon côté, mis en ordre
un grand nombre de descriptions physiques qu’a laissées
A u d e b e r t , et le public ne sera pas privé d’un ouvrage qu’il
attendait avec impatience.
Les moeurs de ces oiseaux se ressemblent tellement, qu’en
Description de l ’Améthistc, Ois. Edit, in-fol. t. 6. p. 16.
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faisant 1 histoire d’une espèce, on fait presque toujours celle
des autres | mais quoique la forme de leurs ailes et de leur
corps indique quelques différences dans leurs habitudes, elles
sont encore trop peu connues pour entrer à cet égard dans de
grands détails. Je m étendrai davantage sur les espèces que
j ai observées moi-même dans leur pays natal.
Une description sera toujours insuffisante pour faire con-
noitre exactement ces chefs-d’oeuvre de la nature. Leurs
couleurs offrent des nuances que le moindre changement
dans la position de l’oiseau fait varier à l’infini, et qui
joignent le feu et le jeu des pierreries à l’éclat des métaux les
plus polis. La plume doit être ici remplacée par un habile
pinceau, et quoique jusqu’à présent tous ceux qui l’ont entrepris
aient échoué , les talens d’AüDEBERT ont fait voir
que les difficultés sont des moyens pour atteindre à la
perfection.
Nous nous bornerons , comme A u d e b e r t l’a fait pour les
Colibris , aux espèces qui ont pu être dessinées d’après nature.
Cette méthode est la seule propre à garantir des erreurs
qui se multiplient, lorsqu’on se contente de décrire ou de
dessiner les individus, soit d’après des figures enluminées
qui souvent ont peu ou même point de rapport avec l’oiseau
qù’on a voulu peindre ; soit d’après des récits de Voyageurs
non Naturalistes , qui ne peuvent donner lieu qu’à des
conjectures ; ou enfin d’après les descriptions de divers
Auteurs , où l’on n’auroit pu trouver l’exactitude desirée,
puisque chacun a décrit sous le jour où il a vu , et que