
fleuri ' , les petits vont s’y percher ou sur un arbrisseau voisin, se plaçant
toujours de préférence sur les branches sèches. Les vieux redoublent
alors de vivacité -, ils pompent le suc des fleurs, l’apportent à leurs enfans -,
et, soit perchés, soit stationnés en l’air, ils le distillent en posant leur
langue sur celle des petits, qui, pour le recevoir, sort un peu du bec.
Ceux-ci manifestent leur joie par de foibles cris, par l’agitation de leurs
ailes -, mais dès qu’ils peuvent se sufKre, ils s’envolent et vivent solitaires.
La langue, comme je l’ai déjà dit, est partagée dans près de la moitié
de sa longueur, en deux filets qui forment, à leur réunion, un tube
creux, correspondant au gosier. L ’oiseau plonge ses filets dans la corolle
des fleurs jusqu’au tube, et il m’a semblé qu’ils s’ouvroient, saisissoient les
parties mielleuses, et que le suc aspiré couloit par le petit canal dans
l’oesophage. Mais au défaut de jabot pour'arrêter le miel qu’il destine à
ses petits , est-ce à la base de la langue ou dans le gosier qu’est situé ce
réservoir? je l’ignore -, il faudroit, je crois, pour le découvrir, se procurer
l’oiseau à l ’instant nù il porte à manger à ses petits.
Labat, qui en a vu encore de plus près que moi, puisqu’ils veH'oîent
nourrir leurs enfans dans sa chambre , dit qu’ils les nourrissoient d’une
pâtée très-fine , presque claire , faite avec du biscuit, du vin d’Espagne
et du sucre, et qu’ils se contentoient de passer leur langue sur cette p âte5
ils y joignent sans doute le suc des fleurs, car je n’ai pu parvenir à en
élever avec la même nourriture, et ils sont tous morts avant de pouvoir
manger seuls.
Cette espece, une des plus petites de ce genre, n’a que deux pouces
trois lignes depuis le bout du bec jusqu’à celui de la queue -, les deux
mandibules sont noires 5 les ailes, étant pliees , dépassent la queue de
près de deux lignes -, le dessus de la tête et du cou, le dos, le croupion,
les plumes scapulaires, les couvertures des ailes et de la queue sont d’un
brun-vert cuivré -, la gorge, le dessous du cou, la poitrine et le ventre
d’un gris blanc -, on apperçoit sur la gorge quelques taches brunes -,
les couvertures du dessous de la queue sont blanches ; les pennes des
ailes d’un brun tirant sur le violet, et celles de la queue de la même
* Ils préfèrent l’arbrisseau nommé, à Saint-Domingue, pois de Congo ( cylisus cajan. L. ). J’ai
remarqué qu’ils en recherchoient plus particulièrement les fleurs, qui renferment, sans doute, un
miel plus abondant ou plus délicat.
D E S O I S E A U X -M O U C H E S. 101
couleur que le dos -, les plumes qui recouvrent les pieds sont pareilles au
ventre -, les doigts et les ongles sont noirâtres.
La femelle (fig* 21 ) diffère du mâle en ce qu’elle est un peu plus petite,
que le dessous du corps est d’un gris sale, et que les pennes de la queue
sont blanches à leur sommet, à l’exception des intermédiaires qui sont de
la couleur du dos. Les jeunes lui ressemblent.
Les uns posent leur nid sur la branche, et les autres l’attachent sur le
côté, dans quelque position qu’elle soit. Celui qui est dessiné est attaché
contre une branche de citronier de la grosseur d’une plume à écrire, et'
perpendiculaire. L ’extérieur du nid est couvert de lichen, et le corps
est composé de coton de Siam. Toute la partie de la branche à laquelle il
est lié, est recouverte par le coton et le lichen 5 ses épines longues et fortes
percent la base et les côtés du nid de part en part, et lui donnent une
telle solidité, que } quoique cette branche soit continuellement le jouet
des vents, il n’en est pas endommagé.
Ces oiseaux ont été observés à Saint-Domingue, et communiqués par
Vieillot.
’ Les plumes de la femelle de l’Oiseau-moucbe à ventre gris étant peu dorées, nous n’avons fait
qu’une planche pour le mâle et la femelle; notre procédé, comme on l’a déjà dit au commencement
de cet ouvrage, ne permettant pas de dorer deux oiseaux sur une même planche, la figure deuxième,
est dorée au pinceau.
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