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tiers jusqu’à l’extrémité sont colorés d'un bleu très-foncé. Ces barbes
s’imbriquent les unes sur les autres, de manière que toute la partie noire
des barbules se trouve entièrement cachée.
Le Coucou doré d’Afrique, Cuculus auratus, a des plumes dorées sur
le dos , qui sont très-brillantes 5 aussi les barbes de ces plumes ( fig. 8 )
ont-elles des barbules entièrement colorées. Les barbes des plumes du
Paon sont aussi entièrement colorées de vert-doré ; mais ici les barbules
sont convexes, de manière que la tige paroît enfoncée. ( Fig. g et a qui
représente la coupe de cette barbe. ) Dans le Jacamar, les barbes (fig-10|
sont parfaitement plates j cependant la lumière se joue sur ces barbes de
telle manière, que dans certaines positions leur tige paroît saillante, et
que dans d’autres au contraire elle paroît enfoncée. Mais cecin est qu une
illusion , il suffit de trancher la barbe pour reconnoître la vérité. Sur le
Sucrier, Certhia Senegalensis , les plumes dorées sont d’abord noires, il
n’y a que leur extrémité qui soit colorée. Les barbes de ces plumes sont
munies de barbules très-grosses , d’inégale longueur, et fortement
marquées de points enfoncés. ( Fig. 11.)
Mais quel que soit l’éclat des couleurs qui embellissent les oiseaux dont
nous venons de parler, il est loin de celui qui brille sur la gorge du Rubis-
topaze. Examinons en détail une des plumes de cet oiseau ( j^ . 12 ) , et
nous trouverons bientôt la cause de cet éclat éblouissant qui distingue les
Colibris et les Oiseaux-mouches. A l’oeil nu, cette plume a deux lignes^et
demie de long 5 on remarque d’abord la tige qui est blanche a sa base , et
plus obscure à son extrémité j il en est de meme des tiges de ses barbes,
qui sont de deux sortes : celles de la base de la plume sont noires ,
grêles, terminées en pointe et munies dans toute leur longueur de barbules
longues et très-fines. Celles de l’autre moitié sont également munies de
barbules dans la partie qui avoisine la tige 5 mais elles sont colorées de 101
le plus pur à leur extrémité. Cette partie colorée est très-etendue sur les
barbes intermédiaires, elle l’est beaucoup moins sur les latérales, qui, en
même temps, sont très-longues5 ce qui fait que le bord de 1 extremite
de ces plumes décrit un demi-cercle parfait, et que lorsqu elles sont
imbriquées les unes sur les autres , elles ressemblent à des écaillés de
poisson. Si on détache une de ces barbes (fig- jpf ) , on verra, qu ainsi que
la plume entière, elle est munie d’une longue tige, et que les barbules de
sa première moitié sont longues et semblables a des poils tres-delies 5 mais
la partie colorée de cette barbe est bien différente : d’abord les barbules y
sont beaucoup plus larges, la matière en est extrêmement dense , et par
conséquent la surface d’un très-beau poli : j’ai pesé des plumes de cette
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espèce, et j’ai trouvé qu’une plume de la gorge du Rubis-topaze pèse autant
que trois plumes de couleur matte d’un volume égal. Mais la principale
cause du grand éclat de ces plumes consiste en ce que la partie colorée de
chaque barbe est profondément creusée en gouttière, et présente à la
lumière une surface concave semblable à celle d’un réverbère. D’où il suit
que si le rayon lumineux coule horizontalement sur la barbe (fig. i4 ) , qui
en représente la coupe, il ne peut y avoir de réflexion, et par conséquent
la gorge de l’oiseau sera obscure : si elle coule diagonalement (fig. iS ) , la
partie a b sera éclairée , et l’oiseau brillera 5 et si elle tombe perpendiculairement
(fig. 16 ) , alors les rayons se brisent en cent manières dans
cette espèce de foyer, et réfléchissent une lumière éblouissante. Cette
forme des plumes du Rubis-topaze , et le jeu de la lumière qui en est le .
résultat, expliquent très-bien, ce me semble, pourquoi, au moindre mouvement,
la gorge de cet oiseau passe, dans un instant, de l’obscurité
à l’éclat le plus vif. Si 011 examine au microscope une barbule de ces
plumes ( fig. î j ) , on voit sur sa surface quatre ou cinq paillettes très-
brillantes 5 elles m’ont paru d’or rouge dans leur milieu, et d’or vert sur
leurs bords : elles sont, ainsi que je l’ai dit plus haut, concaves, et forment
autant de petits réverbères 5 les intervalles qui les séparent sont aussi
parsemés de points très-brillans. Cependant la gorge du Rubis-topaze ne
brille pas dans toutes les positions qui permettent à la lumière de frapper
l’intérieur du canal que forment les barbes de ses plumes. Si on place l’oeil
entre la lumière et l’oiseau , de manière que le bec soit vu en raccourci
la gorge brillera du plus grand éclat •, si au contraire on place l’oiseau le
ventre en haut entre l’oeil et la lumière , elle sera obscure. Il me semble
que cela vient de ce que les barbules étant imbriquées les unes sur les
autres (fig. 18 ) , comme on peut le voir à l’aide d’un microscope, si la
lumière vient de a , elle frappera sur la barbule b , et sera réfléchie 5 et
que si elle vient de c , ne trouvant point de résistance , elle sera absorbée
en c?, et il n’y aura pas de réflexion. On remarque encore un caractère
particulier aux plumes dorées des Colibris 5 leurs barbes sontprofondément
échancrées à leur extrémité, parce que le bout de la tige est dénué de barbules
(fig. 18 ). Cette extrémité de la tige ressemble à un poil très-délié,
et se termine par un petit renflement comme les antennes des Papillons.
Cette cause de l’éclat du Rubis-topaze se retrouve sur toutes les plumes
d’un brillant excessif, telles que celles de la gorge du Grenat, du Colibri-
topaze, du Plastron noir, etc. Mais toutes ces plumes n’ont pas des barbes
échancrées à leur extrémité. Celles du Colibri-topaze , par exemple,
(fig. 19 ) , sont terminées en forme de fer de lance 5 on ne voit à leur
extrémité qu’une barbule qui dépasse un peu les autres 5 celles de sa