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sous cette dénomination par Brisson, est un Grimpereau bleu du Mexique
de Séba ( 1 p. 102, t. 65 , f. 3 ). Cependant on pourrait croire qu’il a
voulu parler du gras Colibri de Dutertre (Hist. des yintilles 3 t. 2,
p. 263 ) , puisqu’il le cite dans sa Synonymie ; mais la couleur sous laquelle
il le décrit ne peut convenir à cè dernier qui n’a qu’une partie du corps
bleue, et au contraire le sien l’est totalement. Ce Colibri de Dutertre est
celui dont parlent Buffon, Latham, Gmelin. Cet historien le dépeint ainsi.
La gorge et les parties inférieures du corps jùsqu’au milieu du ventre,
sont d’un cramoisi velouté à reflets qui varient selon l’aspect de la lumière 5
le dos est d’un bleu aztiré ; les ailes sont noires. Cette description est trop
succincte pour faire une juste application: cependant je présume que Du—
tertre n’a voulu parler que du Grenat qui se trouve tres-communement
dans les petites Antilles et à Cayenne : les reflets de son plumage, quand
il est dans sa perfection, présentent les couleurs dont il parle. Ce n est pas
seulement sous cette dénomination que le Grenat a ete désigné comme une
espèce particulière, mais sous plusieurs autres dont je vais parler.
L e C o l i b r i a g o r g e g r e n a t , Trochilusauratus (Gm.), est donné
par Latham (Gen. Synop. vol. 2 , p. 762 , pl. 34.) pour une espece nouvelle
, à laquelle il rapporte comme variété le Grenat de Buffon. Ce Colibri
est le même que le nôtre (pl. 4) décrit par l’Ornithologiste anglais, sous
un aspect différent : la description de la femelle qu’il fait ensuite n’ayant
pas été donnée par Audebert, je la place ici. Les parties supérieures
du corps sont pareilles à celles du mâle, mais avec des reflets moins écla-
tans et moins variés; le menton, la gorge et la poitrine diffèrent, en ce
que la couleur grenat est remplacée par un vert-doré à reflets pourpres qf
le ventre , le bas-ventre, les cuisses sont d’ un noir b run , ainsi que les
pennes des ailes : queue et pieds noirs.
L e C o l i b r i a g o r g e c a r m i n , Trochilus jugularis (Gm.) , figuré
dans Edwards (pl. 266) , est un individu de la même race, dont Buffon
a fait une espèce particulière sous le nom du Colibri à gorge carmin.
L e C o l i b r i v i o l e t , Trochilus yiolaceus (G m .) , est encore un
oiseau quia de grands rapports avec les précédens : aussi Brisson qui le premier
l’a décrit et figuré, lui rapporte-t-il celui d’Edwards cité ci-dessusj
mais Buffon prétend qu’il est dans l’erreur, la taille étant, d it-il, différente.
Il me semble qu’on ne doit pas tout-à-fait s’en rapporter à la longueur
* La femelle de celai dont parle Dutertre, n’« pas, dit-il, l’ornement du ventre qu’a le mâle.
Hist. des ytnt. p. a65.
d’un oiseau empaillé 1, lorsqu’il n’existe pas de dissemblance marquante
dans les autres proportions ou les couleurs. On sait que très-peu d’oiseaux
sont mesures, fraîchement tués, et que le plus ou le moins de longueur
des dimensions prises sur des peaux desséchées, ou des mannequins , dé-
pend du caprice de celui qui les prépare. Quoi qu’il en soit, Brisson décrit;
ainsi le Colibri violet. La tête, les parties supérieures du corps, la poitrine
, le ventre, les côtés, les cuisses, sont d’un noir de velours changeant
en un violet très-foncé ; les couvertures du dessus et du dessous de la queue,
d’un vert-doré très-brillant; la gorge, la partie inférieure, les côtés du
cou, d’un violet pourpré très-éclatant; les couvertures du dessus et du
dessous des ailes d’un très-beau vert-doré ; la queue est de la même couleur
, changeante en noir de velours. Longueur totale, quatre pouces et
demi; bec, noir, onze lignes et demie; pieds bruns. Toutes ces couleurs
ont des reflets variés comme celles des précédens. Cet oiseau se trouve
à Surinam et à Cayenne, où on le dit commun. Ceux de ces contrées qu’on
m’a présentés comme tels m’ont paru des Grenats, et je n’ai pu découvrir
dans aucunes collections ni au Muséum celui figuré dans Buffon.
L e C o l i b r i p o u r p r é a c o l l i e r b l e u , Trochilus purpuratus
(Gm.). Pennant qui a décrit cet oiseau dans ses genres (p. 63, t. 8 , fig. 2),
ne dit point quel pays il habite. Latham l’a placé parmi les Colibris avec
cette description. Dessus de la tête pourpre ; gorge et dos verts, un demi-
collier d’un beau bleu sur te bas du cou ; les ailes d’un pourpre foncé ; la
queue de la même teinte, et fourchue.
L e C o l i b r i a t ê t e o r a n g é e , Trochilus aurantius. Gmelin.
(Pennant, gen. birds, p. 63, pl. 8 , hg. 3 ) , a la tête orangée; la gorge et
la poitrine jaunes ; le dos et le ventre d’un brun foncé, les ailes pourpres,
la queue d’un ferrugineux clair.
L e C o l i b r i a f r o n t j a u n e , Trochilus flayifrons (Gm .), est
tiré du même Auteur que les précédens (p. 62, pl. 8, fig. 1 ). Le front est
jaune, le corps et les couvertures des ailes sont verts ; les pennes et celles
de la queue noires. Telles sont les très-courtes descriptions de ces deux
oiseaux, données par Latham, d’après son compatriote, sans désignation
du pays qu’ils habitent. Est-il certain que ces oiseaux soient des Colibris?
1 Voyez le Supplément à l’Ornithologie de Brisson. Il lui donne quatre pouces et demi ; Buffon
dit qu’il a trois à quatre lignes de moins ; le Grenat décrit par Audebert n’a que quatre pouces j un
autre qui est dans la collection de Vieillot, a la même longueur que celui de Brisson. Ce dernier a été
empaillé à la Martinique par un Naturaliste très-exact dans les proportions et dimensions des oiseaux.