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très les attribuent à la nourriture : serait-ce le résultat de ces
deux causés réunies? Mais qui peut lever le voile épais dont
s’enveloppe la Nature pour nous présenter la même production
sous divers aspects? Les espèces américaines n’outrepassent
point la Californie septentrionale 1 : du moins on ne
connaît jusqu’à présent ni Huppes , ni Promerops dans lès
pays plus au nord du nouveau continent. Enfin , parmi ceux
qui habitent l’Asie, la plus belle espèce ne se trouve que
dans la Nouvelle-Guinée. Le climat n’étant pas le même, leur
nourriture a dû varier, et il en est résulté des habitudes analogues.
La Huppe se nourrit d’insectes terrestres, de vers, de
baies et de substances v ég étalesc’est par cette raison qu on
la voit souvent à terre dans les endroits humides, et rarement
à là cime des grands arbres. Quand elle se perche, c est à une
moyenne hauteur et de préférence sur les grosses branches.
La faculté de grimper lui est attribuée par Frisch. H me
semble cependant que sa conformation l’éloigne des oiseaux
grimpans. J ’en ai vu un grand nombre et ne me suis pas
appercu qu’elles eussent cette habitude. Je ne partage pas
l’opinion de Montbeillard, qui semble aussi lui reconnaître
cette faculté, quand il dit : « Cela n’a rien que de conforme
» à l’analogie, puisqu’elles font comme les Pics , leur ponte
» dans des trous d’arbres ». Cela serait convaincant, si tout
oiseau qui place son nid dans un trou d arbre, était forcé de
grimper poury parvenir} mais les Huppes y arrivent, comme
plusieurs autres oiseaux qui y nichent 3, soit par le secours
1 « Nous tuâmes et empaillâmes un Promerops que le plus grand nombre des
» Ornithologistes croyait appartenir à l’ancien continent ». ( Vtyage de la Pérouse
autour du Monde.)
3 On pourrait croire qu’elle est carnivore, parce qu’en captivité elle mange
de la viande crue : mais cet aliment ne lui est pas naturel. On sait qu’on remplace
ordinairement avec cette pâture, celle des oiseaux entomophages que l’on veut conserver
en volière : tels que le Rossignol, le Troglodite, les Fauvettes, etc.
i Le Rossignol de muraille, le Troglodite américain, le Rouge-gorge bleu, l’Étour-
n.eau, etc.
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d’une branche voisine , soit en s’accrochant avec les ongles à
l’ouverture du trou , ou en s’y introduisant d’emblée par un
vol soutenu et stationnaire vis-à-vis l’entrée, comme font
souvent les Etourneaux. Cette dernière manière leur est rarement
nécessaire ; car elles choisissent ordinairement des trous
à large ouverture, comme on en voit aux vieux pommiers,
poiriers, saules, etc.
La Huppe grise fréquente les grands bois, vit des mêmes
alimens que la précédente, et de plus, est granivore. Si le
Promerops à bec rouge grimpe le long des arbres pour y chercher
sa nourriture, comme le dit un Voyageur en Afrique, il
est entomophage, les insectes étant la nourriture favorite de
tous les oiseaux grimpans ; la Nature paraît leur avoir donné
cette faculté de grimper, afin de purger les arbres de ces parasites
qui,pour la plupart, naissent, vivent et meurent, soit
sous leur écorce et dans leurs gerçures, soit dans les lichens
et mousses qui les couvrent. Parmi les autres Promerops, plusieurs
n’habitent que les forêts et se perchent à la cime des
arbres. C’est à quoi se bornent les connaissances qu’on a de
ces espèces. Les Naturalistes voyageurs qui les ont vus dans
leur pays, se taisent sur leurs moeurs j ils ont négligé cette
partie si essentielle à l’histoire des oiseaux, et laissé par-là
aux nouveaux Naturalistes qui visiteront les retraites de ces
charmans volatiles, comme celles de beaucoup d’autres, un
vaste champ d’observations aussi neuves qu’intéressantes.