D R YM O PH IL E VO ILÉ .
Ce plan m’avait fait ranger provisoirement le nouveau type que
nous publions comme propre à marquer le passage des vrais Gobe-
mouches, Muscicapa, aux Drongos {edolius.) Aujourd’hui que la
découverte de neuf ou dix espèces distinctes, toutes formées sur le
môme plan, non-seulement par la forme du bcc, des pieds, des ailes et
de la queue, mais aussi par la nature du plumage et par la distribution
des couleurs, viennent se grouper autour de ce type, je ne vois plus
aucun motif qui puisse empêcher le naturaliste d’admettre ces espèces
comme formant un genre distinct, dclcrminable par des caractères
faciles à saisir et également faciles à être exprimés par des mots (i).
Toutes ces espèces se trouvent circonscrites dans un rayon géographique
assez limité.
Nous publierons successivement dans ce recueil toutes les espèces
nouvelles de ce nouveau genre, auquel je propose d’assigner le nom
Drymophila ou Drymophile, me réservant de fournir les détails génériques
lorsque plusieurs portraits auront été donnés et que les
matériaux attendus de l'Inde et contenus dans les manuscrits de nos
voyageurs, nous mettront à môme de fournir plus de détails sur les
moeurs de ces oiseaux.
L ’espèce type dont le mâle est figuré pl. 3 3 4 , est caractérisée
par une bande noire qui, en forme de voile, couvre le front, la face
(i) Celte expression peut parnîtrc ridieule à ceux qui n’ont point fait de l’ histoire naturelle
une élude approfondie ; elle ne lo sera point pour ceux qui peuvent embrasser par la pensée
une classe entière du règne animai. Ils auront appris par expérience, qu’on peut sentir une
distinction, une coupe cnlrc plusieurs espèces, un genre cnlin, sans qu’ il soit possible à celui
qui le sent d’exprimer sa pensée par le moyen des termes vulgaires de nos dialectes. La cause
de ce manque de terminologie est bien simple : nos coupes méthodiques sont toutes artificielles
c l convcnlionnclles; la création n’a produit que des espèces; mais l’homme, ne pouvant cm-
hrasscr par la pensée l’ensemble harmonieux de celle création, a dû nécessairement avoir
roconrs à un cchafandago pins à sa portée, mieux assorti à l’insiiflisance de ses moyens, et
nos catalogues méthodiques ont été inventes.
D R YM O I'H ILE VO ILÉ ,
et les joues; à ce noir profond et lustré succède, sur le devant du cou
et sur la poitrine, une grande plaque couvrant ces parties d’un roux-
marron mordoré; toutes les autres parties du corps, les ailes et la
queue- ont un ton bleu-clair légèrement nuancé de cendré ; les
barbes intérieures des rémiges et des pennes de la queue sont d’un
noir mat; la teinte blanche qui colore le duvet des plumes du ventre
et de l’abdomen mêle une légère apparence blanchâtre aux couleurs
bleuâtres claires de ces parties, surtout lorsque les plumes sont un
peu écartées; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale, 7 pouces.
La femelle ressemble au mâle par la couleur dominante du plumage
; il y manque la bande ou le voile noir dont la face de celui-ci
est couverte, et la plaque mordorée du devant du cou; un gris sombre
légèrement bleuâtre revêt ces parties dans la femelle. Les jeunes
sous la livrée du premier âge ne nous sont point parvenus.
On trouve cette espèce dans l'île de Timor ; et isolément ou pat-
paire dans celle de Java. Il est facile de juger par le petit nombre
des individus qui a été vu dans cette dernière île que ce n ’est point
là sa vraie patrie et quelle habite plus particulièrement les îles de
l’Archipel des Moluques.
Musée des Pays-Bas.