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G EN RE COUROUCOU,
cieusement cette attitude pendant toute la journée, et s’ils viennent
à être découverts, loin de chercher leur salut dans une fuite tortueuse,
ils se laissent nonchalamment approcher et donnent au chasseur
qui les recherche pour la délicatesse de leur chair tout le temps
pour ne pas les manquer. Ils se tiennent, dit d’Azara, ordinairement
à la hauteur moyenne des arbres, sans descendre à terre ni
sur les branches basses; ils guettent ainsi en silence les insectes qui
passent à leur portée. Quoique la nourriture des Couroucous consiste
principalement en insectes , ils recherchent aussi certains
fruits moux et succulens ; ils abandonnent la sombre épaisseur du
feuillage qui leur sert de retraite pendant la chaleur du jour,
et se mettent en mouvement à la fraîcheur du matin et du soir,
ce qui a fait attribuer à ces oiseaux l’organe de la vue extrêmement
sensible. L ombrage sous lequel ils vivent presque toujours
contribue sans doute à la brillante coloration du plumage et à
maintenir dans tout son éclat l’extrême pureté des teintes très-
fraîches, mais singulièrement fugitives, dont les plumes sont couvertes
(i). L ’époque des amours qui se renouvelle plusieurs fois dans
l’année, vient arracher le Couroucou à la solitude ; pendant toute
sa durée il rompt le silence et fait entendre des cris assez tristes,
à peu près analogues à son nom qui en dérive. Le mâle et la femelle,
dont le plumage offre des teintes différentes, unissent leurs
soins pour préparer assez négligemment un nid dans le tronc vermoulu
des vieux arbres; ce nid placé sans autre apprêt sur la pous-
(i) La matière colorante du plumage des Couroucous est à tel point fugitive, que ces belles
teintes sont bientôt flétries dans nos collections. Pour peu que le plumage de ces oiseaux soit
exposé à la lumière du jou r, on voit les couleurs faiblir eu peu de temps, et l ’action des rayons
du soleil les détruit totalement. Le rouge, le jaune cl l’orange passent au blanc terne, et le vert
prend une teinte cuivrée. Des individus décolorés de cette manière ont très-souvent été décrits
comme des espèces distinctes.
G EN RE COUROUCOU,
sière ligneuse reçoit trois ou quatre oeufs gros et obtus. En naissant
les petits sont absolument nus, et ce n’est qu’au bout de quelques
jours qu’un léger duvet commence à les couvrir. Ils se parent dès
la première année de leur robe brillante; les jeunes, au sortir du
nid, ressemblent un peu à la femelle adulte dont le plumage est
moins brillant que celui dn mâle, toujours facile à distinguer de sa
compagne par l’éclat et la grande pureté des couleurs qui ornent
sa belle livrée. La peau des Couroucous est extraordinairement délicate
et fine, le plumage très-abondant n’y adhère que par le bout
dun faible tuyau placé dans un épiderme diaphane et si mince
qu’il suffit de la pression du doigt ou du plus léger contact pour enlever
toute une portion du plumage. Le plus grand nombre est
pourvu vers la région occipitale d’un grand espace dénudé; toutes
les plumes sont couvertes d’un épais duvet, et leur bout seulement
est richement coloré; la masse de plumes dont ils sont recouverts les
fait paraître à peu près du double plus gros qu’ils ne le sont en effet.
Les climats les plus chauds de la zone torride des deux mondes
nourrissent ces beaux oiseaux ; Il serait même impossible de distinguer
ceux de l’ancien et du nouveau monde, si les premiers étaient
pourvus comme ceux d'Amérique d’une série de dentelures très-
fines sur les bords des mandibules du bec, seul caractère qui puisse
servir jusqu’ici à les répartir entre deux sections géographiques.
Ce genre nous fournit encore une nouvelle preuve contraire à l’opinion
hypothétique de Bulfon, sur le système de répartition des animaux
dans les deux continens. Cet exemple et plusieurs autres de la même
nature (i) m'ont fourni l’occasion de poser en principe, que tous les
genres d’animaux ou si l'on veut tous les groupes d'étres répartis sur
( i) Voyez aussi sur cette matière les monographies de mammalogìe des genres C/tai ou Felis
et des Molosses que je viens de publier.