il la Louisiane; ù Cliarlevoix ( i) , qui désigne sous le môme nomini oiseau du Canada,
mais (¡ni ii’a (¡uc la moitié du cliaiii du Rossignol d’Europe; au père Ledere, (¡ui l’a
vu dans la Gaspésic ; ciiliii, à un nudocln dc Québec, (¡ui a mandé à Salerne c[ue notre
Rossignol sc trouvoil au Canada comme en France, dans la saison.
Ces liisloriens ou voyageurs n’auroicnt-ils pas confondu noire Rossignol avec d’autres
oiseaux, d’ajirès <¡uel(¡uc analogie dans le cliant ? C ’est de (¡uoi mes recherches ne me
pcrmcucut ludlemcnl de douter, ainsi que je le prouverai ci-après. Cependant Gueneau
dc Müiubeillard dit (¡u’d est probable (¡ue le Rossignol habite aujourd’hui l’Amérique
scplenlrionalc, et (¡uc, trouvant le climat peu favorable, soit à cause des grands
froids, soit à cause de rimmidilé, ou du défaut de nourriture, il chante moins bien au
nord dc cette partie du monde qu’en Asie et en Europe. Eu supj)0saiil que celle trans-
¡Janlalioii ait eu lieu de la manière (¡u'il indique, cl (¡ui me paroîl pl’es(¡u'impossiblc, le
Rossignol se moiitrcroii dans le nouveau Conlincni tel (¡u’il est sur l’aiicicn, puis(¡ue les
causes prétendues dc dégéiiération n’exislanl pas dans la saison où les voyageurs cités
ci-dessus om cru le reconnoîlre, elles n'auroienl ¡m nuire à sa voix. Elles ont lieu, il
est vrai ; mais alors les oiseaux à bec fin de l’Ainériijnc seplentrionaJe se trouvent sous la
zòne lorride, et certainement le Rossignol, qui est dc leur classe, agiroil comme eux, s’il
babiloil le Canada, el aijisi (¡u’il le fait lui-mème dans le nord de l'Europe; il iroil
doue passer l'iiivcr dan.s les régions méridionales, où l’appelloroit la ¡làtnre dont à
celte épO(¡ue il seroil frustré dans son pays natal, et n’y revicndroil qu’au moment où
ces causes cessent. La nourriture ne lui manqucroil pas alors plus (¡ue dans nos contrées,
car les insectes y sont au moins aussi nombreux et assez petits pour (¡uc des oiseaux
enlomophages doni le bec est moins fori et moins bien armé (¡ue le sien (2), puissent en
faire leur proie et en nourrir leur jeune famille. Dc plus , la température du Canada,
bien loin d’èlrc i'roide cl humide dans la saison où il riiablteroil, y est sèche cl chaude.
Le collaborateur de Buffon ajoute, pour appuyer sa conjecture, que l'on sait d'ailleurs
que le climat dc l’Amérique et sur-tout du Canada n'est rien moins que favorable au
chaut des oiseaux ; c’est ce (¡n’aura é[)roiivé, selon lui, notre Rossignol transplanté à la
Nouvelle-France. Celle assertion n’est nullement fondée pour le nord dc rAméri(]uc,
¡)uis(¡u il y a au moins autant d’oiseaux chanteurs qu’en Eu^o¡)e, el (¡ue leur ramage, bien
loin d être lidérieur, est aussi \arie , aussi sonore et aussi mélodieux; ii laut néanmoins
convenir que le Rossignol n’y a point d’éinule; mais no,> Grives, nos Bruants, nos Fauvettes,
nos Pinsons y Irouveroient des concurrcns dignes d’cox, cl même plusieurs y
rciicouircroient des maîtres. {Voyez riulroduelion, pages 9 et 10.)
Quoi(¡ac le nom de Rossignol ait été donné à c¡uol(¡ues oiseaux de cette partie du
monde, il n’indique point l’espèce du Rossignol proprement dite; en eifet, celui de
Dupralz est le Merle moqueur de cet ouvrage, lequel ¡lorte aussi le nom du Coryphée
de nos bois à Saim-Doraiiigue; le Rossignol dc Virginie est la Loxie huppée ou le
Cardinal dont je lais la description dans le tome m ; celui de ^Améri(¡uc d’Edwards,
une Fauvette de la Jamaù¡ue, Motacilla calidris, laquelle diffcrc du Rossignol d’Europe
par son plumage el dont le chant n’est pas connu. M illiam Bartrani donne aussi le nom
de Philoinela à un pedi oiseau (¡uc je soupçonne être la Fauvette lachclée, décrite
ci-dessus ou celle à tète jaune, d'après la désignation dc son chaperon jaune;
le Rossignol de Cliarlevoix, de Ledere et du Méilcciu dc Québec ii’csi autre (¡uc
le Troglodyte ædon , ainsi nommé au Canada , à la Nouvellc-Écosse el ailleurs, ¡lar les
( 1) Illsl. de la Xouvelle-France.
(a) Tels sont les Rolieleis , les Troglodytes , les Fauvettes et les Figuiers. Comme Monibeillard connoissoit la p.itrie c l la
nourriture dc ces oiseaux, il n’auroil pas dû dire ; « Je sais qu’il y a beaucoup d’iiisectcs en Amérique, mais la plupart sont
si gros et si Lieu armés, que le Rossignol, loin d'en pouvoir faire sa proie, auroli souvent peine à se défendre couirc leurs
attaques ». Article du Rossignol, uoie k , pag. io 4 , édit. iu-4®.
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