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brillantes. Le vei-t, le jaune, le noir et le bleu agréablement fondus ou opposés avec une
belle entente, servent de jxtrurc au plus grand nombre. Les unes vivent solitaires dans
les bois, dautres ne se plaisent que dans les bosquets; plusieurs préfèrent les vergers el
les jardins; quelques-unes lixonl leur résidence habituelle dans les buissons arrosés par
un petit courant d’ean vive ; d’anlrcs onlni sc eaolient dans les roseaux qui croissent
dans les marais. Elles animent leur domicile par leur pétulance, leurs jeux , leurs
petits combats et la variété de leurs chansons amoureuses. Elles niclient sur des
arbrisseaux ou dans les broussailles. Deux couvées de quatre ou cinq oeufs chacune sont
ordinairement le fruit de letir'îccondité annuelle. Le mâle et la femelle iravailleni à la
construction du nid; le premier partage les soins de rincubation, depuis midi environ
jusqu'à trois ou quatre lieures du soir, et sa compagne, le reste du jour el pendant la
nuit. Tous les deux s’cmpressciil de fournir une abondante nourriture à leurs petits,
qui, dans le plus grand nombre des espèces, naissent privés de ce léger duvet, premier
vêtement de la plupart des autres oiseaux. Le père et la mère portent toujours au bout
du bcc la nourriture destinée à leur jeune famille; mais si on leur donne de l’inquiétude,
ils la font descendre à rentrée de l’oesophage , alin qu’elle n’indique pas la proximité du
nid . et ils la ramènent à Textrémilé des mandibules pour la distribuer à leurs petits.
Toutes les Fauvettes de l’Amérique septentrionale sont enlomophages. Elles vivent de
chenilles, sur-tout de celles qui ne sont pas velues, de nymphes et de mouches ;
elles les cherchent sur les arbres, sur les herbes, sur les légumes, dans les buissons,
et quelquefois à terre. Quelques-unes joignent à ces alimens les baies molles et la pulpe
des fruits tendres. Lorsqu'elles ont saisi un insecte quelconque, elles pressent sa tèle
avec leur b e c , le secouent vivement ou le ii-appent <i\ec violence contre un corps d u r ,
afin de le tuer; car elles ne le mangent jr*inais s il n est blessé à mort : cette manière de
se nourrir les distingue des Mouciierolles qui avalent leur proie telle qu’ils la prennent.
Ces dinei'ciices pâtures, les seules (jui soient propres à ces oiseaux, ne se trouvant pas en
hiver dans les contrées que la plupart habitent pendant l’é té, ils quittent ce domicile
à l’automne, pour sc rendre sous les tropiques, oii elles sont alors en abondance.
Les Fauvettes ne font pas toutes leurs courses périodiques de la même manière; les
unes se tiennent en troupe nombreuse , d’autres par famille, et quelques-unes séparément.
Elles reviennent avec les beaux jours dans leur pays natal, et s’apparient
dès leur arrivée. Chaque couple se rend alors le maître d'un petit canton, où il ne
souffre aucun oiseau de sa race. Est-ce la jalousie , ou le besoin de trouver près du
nid la quantité d’alimens nécessaire à ses petits , qui les porte à s’isoler de celte
sorte ? Peut-être est-ce l'un et raulre î Mais il est certain que ce besoin y contribue
pour beaucoup; car dans les lieux cultivés, où les insectes sont toujours plus
nombreux qu’ailleurs, les couples sont plus rapprochés, et c’est le contraire dans les
endroits où celle pâture est rare. Cependant ce canton qui est exclusif pour les individus
de la même espèce, ne l'est pas pour les antres, quoiqu'cnlomophages comme
eux. En -cflet, nous voyons en Europe qu’un petit bosquet est en même temps
habité par un Rossignol, un Rouge-gorge, un Pouillot et par différentes Fauvettes;
tous y vivent paisiblement, parce que la nature a donné à chacun pour nourriture
des insectes qui ne conviennent aux autres, que dans des momens de disette.
C’est ainsi que la larve du lénébrion de la farine, nommée vulgairement ver de farine,
et les oeufs de fourmis, recherchés par le Rossignol pour élever scs petits, sont
rejetés par la Fauvette à tête noire; d'autres préfèrent les chenilles non velues qui
sont sur les feuilles des arbres el des arbrisseaux ; les Troglodytes mangent les araignées
cl les petits insectes qui se cachent dans le chaume et sous la mousse ; tous ont
aussi une manière de chasser particulière et l’exercent sans se nuire ; les Pouilîois et les
Roitelets cherchent les nymphes à l’extrémité des rameaux, et les Fauvettes grisette,
babillarde, etc. dans les buissons, sur les herbes et principalement sur les vesces, les
pois et les autres légumes. LcsTariersct IcsTratjuets poursuivent leur proie dans les airs
et sur les plantes. LcsMotleux el les Rergeroneltes la saisissent jjresque toujours à terre ; les
premiers, sur les monticules, dans les cliamps en friche et dans les endroits arides; les
autres, dans les vallées et sur les terreins humides. Mais dès que les petits sont assez
forts pour ne pas se borner aux insectes, leur premier aliment et le seul <jui leur convienne
à leur naissance, la plupart de ces oiseaux, et sur-tout des Fauvettes, les remplacent
par les fruits mous et les baies tendres; alors toute propriété cesse , tous les cantons sont
communs aux individus de la même espèce : en elfet, l'exclusion n’est plus nécessaire,
puisque ces nouveaux alimens, joints aux autres,fournissent abondamnient à leurs besoins.
Ruffon a fait deux genres des Fauvettes cl des Figuiers, mais très-voisins. Celte division
n'a pas été adoptée par les méthodistes, et avec raison, puiscjue les unes et les aiiires
présentent les mêmes caractères génériques. Ce naturaliste ne connoissoil pas les habitudes
naturelles des Figuiers du nouveau continent; car il n’eùt pas dit ; « Ces Figuiers
d’Amérique sont des oiseaux erratiques qui passent en clé dans la Caroline, el qui
reviennent ensuite dans les climats plus chauds pour y nicher et élever leurs petits ».
Il est vTai qu’ils se montrent pendant la belle saison dans la Caroline; mais ils ne
reviennent pas dans des climats plus chauds à l'époque de leurs amours ; au contraire,
ils couvent sous la zòne boi’éale et ne s’en éloignent <ju’à l’automne, pour se retirer dans
le Sud, où ils passent l’hiver. Ils arrivent dans les Éials-Ünis au mois d’avril, et s’avan-
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feri'e-Neuve et jusquà la baie d Hudson : ^lôme vont encore plus loin.
Les régions septenlrionalcs sont les lieux que la iialuie Unv indique pour se propager,
et la zòne torride pour s’hivcrner , à l’exception de quelques espèces qui ue s’éloignent
pas des Florides à l’arrière-saison. Ce que je viens de dire des Figuiers s’applique aussi
aux Fauvettes. Comme un grand nombre de ces oiseaux nichent dans des pays ircs-pcu
fréquentés, il n’est pas étonnant qu’on n’ait que de foibles notions de leurs amours de
leur ponte et de leur ramage.
La femelle de noire Rouge-queue, Motacilla erithacus, Linn. Gm. , est l’oiseau d’Europe
avec lequel la Fauvette à queue rousse a le plus d’analogie dans les couleurs les
moeurs et les habitudes. Commele Rouge-queue, elle est silencieuse, elle se tient
à la lisière des bois, préfère les pays de montagnes, ne descend dans la plaine qn’à
rautomne , et remue la queue de la même manière. Le plumage terne el presque
uniforme de l'oiseau dont je public la figure, signaleroii une femelle, s i, comme
dans l’espèce d’Europe, lemâleavoit des marques distinctes ( i); mais je l'ignore, n’ayant
rencontré que cet individu, et à l’époque où les organes sexuels s’oblitèrcm dans
les oiseaux des contrées froides et tempérées. Je trouve encore quelque ressemblariec
entre cette Fauvette et celle de Caieimeà (jueue lousse, MoiavUla rufuuudu, Linn
Gm. ; mais on ne peut les confondre, car celte dernière en dilfère jiar sa taille plus
( i) G em ile , donlBeclisiein a publié la figure , Naturgeschichte Deutschlands, lome4 , pageGoi , figure i8 , est indiqué dans
les autres auteurs d'uue manière incorrecte. Il est si peu connu , que des Naturalistes eu font uuc variété du Rossignol de muraille
Motacilla pheenicunis, et que Buffon le donne pour un individu de la même espèce. Je vais le décrire d'après nature , parce qu'il
se pouiToit que les mile.s des deux races américaine et européenne eussent, comme les femelles, un plumage analo<>ue Cet
oiseau a les plumes du front, des côtés de la tête, de la gorge et de la poitrine noires ( ces plumes sont icrmiuées de gris depuis la
mue jusqu’au temps des amours, époque où celte couleur disparoît totalement sur le front, les joues et le devant du cou -
le ventre est blanc daus le milieu et grisâtre sur les côlés ; le dessus de la tête, du cou et du corps est d’uu gris cendré - lés
couvertures et toutes les pennes latérales de la queue sont d’un roux v if; les deux intermédiaires brimes ; les ailcs noirii’res
et les barbes esléneurcs des pennes secondaires blanches , longues et effilées ; le bec et les pieds sont noirs. Longueur totale ’
cinq pouces huit lignes. Grosseur du Rouge-gorge, Motacilla rubecula, L in n . Gm. ’