l'imérieur des forêts situées sur les montagnes. Son chant est assez agréable , et se rapproche
par sa variété de celui du Merle moqueur décrit ci-après. C ’est sans doute ce
motif (}ui a décidé des créoles de Saiiit-Doraingue à nommer celte Grive Rossignol de
montagne, pour la distinguer du Moqueur qu’ils appellent simplement iîow/§-«o/.
Le Tilly est très-friand de mais, quand ce grain commence à germer j aussi fait-il è.
celle époque du dégât dans les champs en le déterrant avec son bcc ; mais quand ce blé
est en épi, il n’y louche point, sans doute parce que ses mandibules ne sont pas assez
fortes pour le tirer de son enveloppe et sur-tout pour le broyer : les vers de terre, les
insectes et les baies sont alors sa seule nourriture.
Le mâle a le bec, les paupières, firis elles pieds rouges-, une marque noire près de l'oeil;
la tète, le dessus du cou, le dos, le croupion cl les couvertures des ailes d’un gris-ardoisé
clair 5 leurs pennes et celles de la queue de la même teinte en dehors : celle-ci est un peu
étagée et a toutes ses latérales terminées de blanc ^ la gorge est de celte dernière couleur
et variée de taches noires, étroites et longitudinales ; le gris cendré qui couvre la poitrine
se dégrade sur le ventre et devient presque blanc sur les parties postérieures. Longueur
totale , neuf pouces trois quarts.
Celui (|ue Catesby a fait figurer pl. 5o , diffère du précédent en ce qu’il a le bec et
la gorge noirs. Si la figure est exacte, ce dont je doute très-fort, cet oiseau ne peut
être ({u'unc variété accidentelle ; puisqu’ayaiit observé celte espèce dans son pays natal,
je me suis assuré, sur un grand nombre d'IndWlduc, des attributs qui caractérisent les
sexes et les âges.
Gnieliti, Lalham et d’autres Ornitliologisles modernes ayant rapporté â cette espèce le
T'Ai/iOu ChiUi de Molina (i) , ont présenté le mâle avec un plumage tout noir, excepté
une tache jaune <[u’il a sous les ailes, et ils ont donné pour une lemcllc le mâle indiqué
ci-dessus, parce que Moliiia dit que la iémclle de son ClnlH est grise , et qu’elle a été
décrite d’après Feuillée sous le nom de Turdus plumdeus. Ce rapprochement me semble
erroné; car, indé|)cndamment des dilTérences trancliantes qui caractérisent le Cbilli
mâle , son espèce n’a point les habitudes do la précédente ; en effet, selon Molina, elle
se tient et elle niche sur les arbres, au bord des eaux, tandis que la Grive cendrée
ainsi (|u’ou vient de le v o ir , ne se plaît que dans les bois situés sur les montagnes.
Quant à la ressemblance do la l’emelle avec le Merle tilli de Feuillée (2), elle ne me
paroit pas suffisante pour se permettre une pareille réunion , puisqu’on connoil des
femelles de diff'érentc espèce (|ui oui â-pen-près la même analogie. Mais Molina n’au-
roit-il pas fait lui-mème une méprise en indiquant le Turdus plumbeus, et cette méprise
n’auroit-cllcpas induit en erreur les auteurs ci-dessus cités?En effet, il me semble que
le Chilli de Molina doit être plutôt rapporté au Merle que Feuillée appelle dans le même
journal Cornicula Aniericana nigra, uni/msm; puisque le mâle de celle dernière
espèce, décrite par Brisson sous le nom de Merle d’Amérique, et par Gmelin comme une
variété du Merle brun de la Jamaicpie, porte presque le même plumage, cl que
sa femelle est totalement grise. La différence qu’on remarque entre les deux mâles
consiste dans la couleur et la position de la laclic de l’aile; Molina la dit jaune et située
en dessous, et Feuillée l’indique roussâtre et la place à rextrcmitc dos grandes pennes.
La femelle est un peu ]>lus petite que le mâle , mais non pas d’uii tiers, comme le dit
Catesby ; du reste elle n’en diffère que par ses couleurs rembrunies. Le Merle brun de la
.lamaïquc , Turdus aurantius, Livx. Gji. a une telle analogie avec eeltc femelle dans le
plumage, la taille , la couleur du bec et des pieds , qu’on ne peut le présenter comme
une espèce particulière sans faire, je crois, un double emploi. Il eu est de même poulie
Jamaïca llu-usii de Lalham, Turdus Jamatcensis , L ixv . G51, lequel me paroit être
(1) lUsl. nat. Chu.
(2) Autre esiièce de Merle que les naturels du pays appellent Tilli. Joum. des Obs. phys. èdit. 1725.