ill^
premiers pas de la conquête, de dominer sans cesse les événemens, ses propres
ressources, la fortune et la mer. Quiconque juge impartialement la conduite du
gouvernemenl anglais, et surtout dans les Indes orientales, doit demeurer convaincu
que ce gouvernemenl désire sérieusement éviter toute conquête, Toutefois en Asie
cela ne lui est plus possible, et la force des circonstances l'entraînera toujours d'un
envaliissemenL à l'autre, jusqu^à ce qu'enfin cette avalanche atteigne le rocher sur
lequel elle doit se briser.
11 n'y a peut-être qu'un moyen d'empêcher que la même chose n'arrive en Afrique,
ce serait de renoncer sur-le-champ à toutes les possessions de la côte, de s'assurer,
par des traités et par des avantages réciproques, le commerce avec les [Nègres, en le
protégeant par une croisière imposante. Entre la prise de possession d'un pied de
territoire en Afrique et la conquête de la moitié de ce continent, il n'y a nul point
qu'une puissance humaine puisse déterminer en disant : on ira jusque-là et l'on ne
dépassera point cette limite.
VOYAGE PITTORESQUE
D A M S L E BRÉSIL.
L'AFUIQUE fut dès les temps les plus anciens u n marché d'esclaves, mais ce commerce
ne prit une importance politique que par la découverte de l'Amérique. On croit
fort généralement que le père las Casas, le protecteur des Indiens, fut le premier
qui imagina l'importation des Nègres en Amérique, dans la vue de soulager les
Indiens, qui n'étaient point de force à supporter les travaux que leur imposaient les
conquérans. Néanmoins cette opinion est inexacte ; car à une époque antérieure à
celle où las Casas se déclara le protecteur des Indiens, on avait importé déjà des
esclaves noirs à l'île d'Hispaniola. Nicolas Ovando, lorsqu'il prit le gouvernement de
l'île, reçut, entre autres inslTuctions, celle d'y faii-e venir beaucoup de Nègres pour
les travaux des mines et des plantations. Cet ordre fut exécuté avec tant de z.èle,
qu'Ovando se vit bientôt contj-aint de prier le gouvernement de n'en plus envoyer,
par le motif (¡u'ils échappaient facilement à leurs maîtres, et qu'ils allaient s'élablir
parmi les Indiens, auxquels ils conmiuniquaient beaucoup de mauvaises liabiiudes.
Peu de temps après, l'introduction des Nègi-es en Aujcrique fut cireciivement défendue;
mais l'expérience prouva de jour en jour davantage, qu'il fallait absolument
que, d'une manière quelconque, les Indiens fussent alTranchis d'une partie des travaux
que leur imposaient les conquéi-ans, k moins qu'on ne voulût s'exposer à manquer
bientôt entièrement d'ouvriers. Les Dominicains, qui dans toutes les occasions ont
soutenu la cause des Indiens avec le plus gj-and zèle, et qui voul;iiciil que les planlatious
et les mines d'Amérique lussent exploitées par des Nègres, disnient que ceux-ci
l'emporlaient tellenient sur les indiens par les forces physiques, qu'un Nègre à lut
soul travaillait autant que quatre Indiens. Le licencié las Casas avait lait diverses
autres propositions pour adoucir le sort de ces derniers, sans qu'une seule de ces
pfoj)osilions ait été jugée d'une exéculion possible; il se rangea donc enfin à l'avis
des Dominicains, tlans l'ordi-e desijucls il entra dans la suite, et il le soutînt de toute
f ^
'J
il
¡ii? ! . , '1
| l l i . ' , M , ¡.jl
ii'l i
m