i 1-5! "
, _ . ( =4 )
A ne consklércr la baie de Rio-Janeiro que sui" la carie, on concevra dilli cileni ci il
que les p remier s conquerans du pays n'aient pas, de prclcrcncc, choisi ce point pour
leur élablissemenl} et copcDdant ce ne liit que par uii peuple elrangcr que les
Portugais furent avertis J e l'impoi-tauce de celte position. Martin Ailbuad de Souza,
q u i , en i55i , découvrit le premier la baie voisine de Rio et qui la n omma , l'avait
quittée pour aller au sud fonder uu élablissement sur la còle de Saiul-Yinccnt, cl
les premiers Européens qui s'élablirenl dans la baie de Rio fureiil des proleslans
français : sous la conduite de Villegagnon, ils v inrent , eu i555, y clierclier un asile
c o n t r e les perscculions et les troubles auxquels leur religion clail en proie dans leur
patrie. Les cliels les plus puissans des huguenots français, et notamment l'amiral Coligny,
étaient ceux qui favorisaient l'entreprise; néanmoins, dans le principe, la réussite
paraissait fort douteuse. 11 s'éleva des discordes entre les colons eux-mêmes, et
Villegagnon, leur chef, retourna en France ; il alla cacher sa douleur et sa lionte dans
le château de ses ancêt res, au lieu d'amener, ainsi qu'il l'avait p romi s , de nouveaux
secours à ses compagnons. Ceux-ci le flétrirent du sobriquet de Ca'ùi amcricain.
L e nom de la petite île où il fonda son établissement est le seul monument qui
conserve le souvenir de ce premier fondateur de Rio-Janeiro. Après le départ de
Villegagnon, la colonie française commenç a à p rospérer : ce qui y conl r ibua beaucoup,
c e fut sur tout la condui t e amicale que les Français surent tenir à l'égard des habitans
primitifs de celte portion de la côte, les Tupinaes. L'état florissant de cet établissement
ne pouvait manquer d'exciter bientôt l'atlenlion des Portugais, et en i56o,
principalement sur le rapport des jésuites, qui mirent l'importance de celte affaire
dans tout son jour , il fut décide que l'on expulserait les Français. Toutefois cela ne
réussit qu'en partie: l'ile de Villegagnon fut prise, à la vérité; mais la plupart des
colons trouvèrent sur la côte un refuge assuré chez leurs amis, les Tupinaes. Ce ne
f u t qu'en i564 qu'Eustacio de Sri et Salvador Coirea de Sa parvinrent à expulser
entièrement les Français, et ce dernier ibnda la capitale du Brésil à l'endi-oit où
elle est mainlenani , et la nomma San-Sebastiao do Rio de Janeiro.
Si l'on i-éilécliil aux conséquences qu'aurait pu avoir pour deux parties du monde
la formation dans ces contrées du Brésil d'une colonie Irançaise jirotesianie, l'on
s'étonnera de l'indi/Ierencc avec laifuelle les chefs du proleslantisnie en France
ont abandonné celle entreprise à sa destinée : c ependant ils avaient parmi eux des
hommes tels que Sully ei Coligiiy. C'est une preuve de plus |iour établir combien
il est rare que les semcuces des événemens futurs soient ré])andiies avec connaissance
d e cause et réllc.\ion.
( =5 )
Les Ponugais ayant une fois plis pied dans la Laie do Rio-Janciro, celte colonie
ilevinl en peu de teuips l'une des jilus iniporlaules de la côtc du Brésil; elle Tut la
capitale, d'al)ordde la partie méridionale, et plus tard de tout le pays. Toutefois, et
dans les c i rconstances ordinaires, les p rogrès successifs d 'une ville de comme r c e oiTrcnt
peu de points sadians à l'I I is t o n en ; la capitale actuelle du Brésil est aussi fort pauvre
en souvenirs historiques, souvenirs que d'ailleurs un ouvi-age comme le nôtre ne
pourrai t pas négliger, car personne ne conlestera leur effet quant à l'impression
que ])roduil l'aspect d'un pays sur l'observateur? Sous ce rapport, Rio-Janciro est
nicme encore plus mal partagée que beaucoup d'autres villes d u Brésil, que Fernambouc
p a r cxemj)!c : cet t e dernière, d u moins, peut rappeler des noms et des faits qui
appartiennent à l'époque des guerres soutenues contre lesHollandais pour la liberlé, el
qui peuvent être cités à côté des plus éclatans de tous les temps el de toutes les nalions.
L e seul événement qui mérite une mention dans la premièi'e histoire de
R i o - J a n e i r o , c'est l'expédition du héros de la marine fi-ançaise, Dugay Trouin.
Sa facile réussite eut du moins ce résultat avantageux pour la ville, que par de
nouvelles forlifications on prévint le retour de pareils malheurs. Du resie, celle
expédition ne fut nul lement la conséquence d'un plan réfléchi de la part d u gouvernement
français; il ne s'agissait pas de renouveler ses tentatives de colonisation dans
le Brésil. Le but n'était autre que le pillage et la vengeance d'un outrage reçu antérieurement
: en attaquant, dans la baie, quelques navires portugais, le capitaine
d'un vaisseau français avait été pris : au mépris de la capitulation, on l'avait tué
avec la plupart des siens. Tant pour venger celte violation du droit des gens que
pour accomplir une entreprise dont celte première tentative, quoiqu'elle eùl été
n i a n q u é e , prouvait la facilité, Dugay Troui n se mont r a le 11 Seplembr e 1711 devant
la baie; il réduisit bientôt au silence les batteries du petit fox't qui alors en défendait
l'entrée; il pénétra dans la baie, et s'empara de ITlIia das Cobras, qui est en face de
la ville ù très-peu de distance. De là il sonnna le gouverneur Francisco de Castro de
capituler; mais celui-ci mit dans sa réponse plus de courage qu'il n'en montra dans
les eilèts. Dugay Troui n (it pendant la nuit et par une horrible tcnq-iôte un feu conlinuel,
el ses troupes débarquèrent. .Après une résistance assez vive, les habitans évacuèrent
la ville et s'enfuirent dans les forêts qui l'cnlourcnt, tandis que le gouverneur
pvil avec la garnison une position forte dans le voisinage. Sur ces entrefaites, les Français
o c c u p è r e n t et pilU'rcnl la ville; puis, non loin de là, ils livrèrent à la garnison un
petii combat qui tourna à leur avantage, il iiillut que le gouverneur consentit à
acheter leur retraite par le paiemenl d'une contribut ion de i,525,ooo francs, sonune
l i i M j
'il:
l'iîilf'i' Il
.;. m