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de plusieurs journées Je marche, et se rangeni en lignes pareilles à celles que
forment les vagues, on s'abaissant peu à peu vers le cours du Parana. Au nord, la
route conduit à Villa Rica. Ou traverse toujours ces Campos; uiais ici les collines
sont plus hautes, les vallées plus profondes, ])lus abruptes, et en général le caractère
d u pays a quelque chose de jdus âpre. La raison de celle diirérence dans l'aspect des
Campos tient à la proximité des deux chaînes qui se rejoigneni à angle droit dans
les environs de Villa Rica. C'est une espèce de noyau qui s'élève du sein des
Campos, qui envoie ses racines au loin, vers le uord-est, en rompant l'uniformile des
collines cl créant pour les eaux de nouvelles directions. Au nord- est de la Serra
Maiiiardc et de l'Itacolumi recommenccnl les forets primiiives : elles s'étendent
sur tout le nord-est de la pro^incc de Minas, où elles portenl le nom de
Mallo dentro. C'est près de Serra Branca que se trouve le district le plus riche
en or, ou plutôt celui qui a été le plus exploité jusqu'ici; car ce mêlai se trouve
dans toutes les provinces et même sur la còle. Goyaz et Matto-Grosso donneront
des profits encore plus considérables. I-a végétalion de la province de Minas est
presque partout fort pauM-e ; il n'y a que les bas-l ieux et les vallées qui soient gai-nis de
broussailles de quelque étendue, appelées Capaos ou Taboleîros, et de quelques foréls.
En montani de San Paulo vers Villa Rica, le voyageur, une fois qu'il a traversé
les vallées feriiles bien boisées ei bien arrosées de cette province, trouve en général
les mêmes caractères de paysage ei les mêmes transitions que nous avons signalés,
si ce n'est que la forêt primitive est j)lus étendue, plus vigoureuse et moins coupée
de Capoeiras. Sous ]>lusicurs rapports la contrée rappelle les Alpes suisses, et l'on
pourrait s'y croire ti'ansporté à l'aspect des bons pâturages et des troupeaux de vaches
et de chevaux que l'on aperçoit assez fi'équemmcnl. Cependant les formes étranges
des arbres, leurs ileurs variées, et les voix d'oiseaux que l'on ne connaît pas, avertissent
à chaque instanl que l'on est dans les contrées du tropique.
L'aspect des Campos est enticrcnicnt le même que du côté de Rio Janeiro. Ici
c'est la Vi l la de Joao d'El l\ey, <{ui remjdacc Barbaccna et qui indemnise le voyageiudes
privations et des fatigues qu'il a éprouvées dans les forêts primitives et dans
les montagnes.
San Joao (autrefois Cidade do Rio das Mortes) est située au pied d'une croupe
de montagne nue et rocailleuse el sur les deux rives de la petite ri\iòre de Ttjuco,
qui non loin de là se jet t e dans le Kio das Mortes. Il y a ici un contraste frappant :
d'une part, la blanciieur, la propreté des maisons de la ville, la riche verdure ([ui
entoure les habitations dispersées sur le penchant de la montagne et dans les
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vallées voisines; et de l'autre, de sombres rochers et une contrée aride et sauvage.
Cela donne à la ville un charme particulier, qui s'accroît encore de l'activité de
ses habiians. Toutes les rues sont pavées, les boutiques sont bien pourvues de
marchandises d'Europe, d'étoffes et d'articles de luxe. Il ne manque d'ouvriers pour
aucun métier, et les peintures qu'on voit dans quelques églises riches et belles,
révèlent même l'existence d'artistes indigènes.
Quoicfu'il y ait dans les environs de San Joao de l'or, et que la ville possède
une fonderie et des employés de mines, elle doii beaucoup plus encore son aisance
et ses 8000 habitans au commerce d'autres produits, conunerce qu'entretient le
passage des tropas de l'intérieur, et surtout des villes de Eavinha et dcTumandua;
c e passage assure aussi les moyens d'exportation vers la côte. Quelque sauvages que
paraissent au pi'emiei' coup d'ceil les environs de San Joao, les plantations éparses
dans les vallées voisines fournissent une grande quantité de fruits, de légumes, de
maïs et de pisang. Elles produissent aussi du tabac, du sucre et un peu de laine;
landis que les montagnes plus éloignées et les pâturages approvisionnent le marché
de San Joao de bêtes à cornes, de porcs, de viandes séchées et de lard. De là ces
articles soni conduits à Rio Janeiro, à San Paulo, à d'autres ports et à d'auti-es endi'oits
d e la còte, et les tropas rapportent en retour des marchandises d'Europe, du sel,
du vin et de l'Imile.
Tout près de San Joao il y a un village fort agréable, Arrcal do Mattosinho : il est
sur la route que l'on suit pour aller à San Joze et à Carbacena. Sa belle exposiiion
et le voisinage du Rio das Mortes, déjà navigable pour de gi-ands canots, promettent
à ce village plus de prospérité pour l'avenir que n'en ont les villes voisines, el
sui'toul San Joao, lesquelles ne pourront s'agi-andir, vu leur mauvaise situation.
Il y a de fort belles gi-ottes de stalactites cnire San Joao d'El Rey et la Villa do
San Joze, qui était autrefois riche par les lessives qu'on y faisait subir à l'or; mais
elle s'est fort appauvrie. Sept de ces gi'oltes communiquent les unes avec les autres;
elles sont dans une masse de montagnes isolée et rocailleuse, couverte de forêts d'une
médiocre élévation, el qui est composée de pierre calcaire, genre de roclie peu
commun dans ces contrées. Les montagnes y sont la plupart conqDOsées de couches
de gncis, sur lc(|uel s'élèvent le thonschiefer, le schiste micacé, le grès, el enfin
le fer oxidé rouge aurifère et le schiste ferrifère.
L e Rio das Mortes, qui se jette dans le Parana, rappelle par son nom les combats
des audacieux Paulisles, qui les premiers pénétrèrent dans ces montagnes si riches
en or, et (jui, après avoir exterminé les indigènes ou les avoir repoussés dans l'inté-
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