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leui's frères, ces inlbrluncs cclaleiil pavlbis cn cris douloureux; mais, en général,
le Nègre fait preuve Jans ces circonsiances d'une Iclle indifierence ou d'un tel empire
sur ses seniimens, qu'on ne peut que s'en étonner, et qui semble surtout inexplicable,
quand on rapproche cette conduite de l'attaciiement qu'ils témoignent dans
la suite pour ceux auxquels ils sont liés par le sang.
L e premier soin de l'aclieleur est de procurer à son nouvel esclave quelques
vétemens qui lui j)laiscat : la toile bigarrée qu'on lui noue autour des lianclies,
la veste de laine bleue et le bonnet rouge qu'on y ajoute, ne conti-ibuent pas peu
à rendre plus agi-éable la transition du Nègre vers son nouvel élat. On lui donne
encore une grande couverture de laine grossière, qui lui sert à la fois de couche et
de mameau, et dont les couleurs tranchantes, le jaune et le rouge, lui plaisent beaucoup.
On a soin aussi, pendant le voyage du marché à la plantation, de maintenir
les esclaves en bonne humeur, en les iraitant ei en les nourrissant bien. Souvent on
voit arriver à la halle, appelée limtcho, le colon, qui prend en croupe l'esclave
fatigué, ou qui conduit par la bride le cheval qui le porte.
A l'arrivée dans la plantation on confie l'esclave à la surveillance et aux soins d'im
autre plus âgé cl déjà bapiisé. Celui-ci le reçoit dans sa hutte et cherche à lui faire,
peu à peu, prendi-e part it ses propres occupations domestiques; il lui apprend aussi
(juclques mois portugais. Ce n'est que quand le nouvel esclave est entièrement rétabli
des suites de la traversée, qu'on commence à le faire parliciper aux travaux agricoles
des autres. Alors c'est son premier protecfeur qui l'instruit, et pendant long-temps
encore on a égard à son inhabileté ou à sa faiblesse. Toutes ces précauiions allègent
beaucoup l'entrée de l'esclave dans .sa nouvelle condition; il n'y a donc pas lieu de
s'étonner, si les Nègres sont en général assez contens et s'ils oublient bientôt leurs
affections antérieures. Cela est d'aulantmoins surprenant, qu'il en est beaucoup parmi
eux qui ont été esclaves dans leur pairie, où on les traitait plus mal qu'en Amérique.
VOYAGE PITTORESQUE
D A ^ S L E BRÉSIL.
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avoir, dans le précédent cahier, accompagné le Nègre depuis la côte d'Afrique
jusqu'à la plantation, nous allons passer à une desa'iption plus détaillée du genre
de vie et des occupations qui l'altendent dans sa nouvelle condition.
O n envoie les esclaves au travail dès le lever du soleil. La fraîcheur du matin
paraît leur être beaucoup plus désagréable que la plus grande chaleur du Jour,
et ils demeurent comme engourdis jusqu'à ce que, s'élevant au ciel, le soleil les
brûle de ses rayons. A huit heures on leur accorde une demi-heure pour dé-
Jeûner et se reposer. Il y a quelques plantations où l'on fait déjeuner les esclaves
avant de les envoyer au travail, c'est-à-dire, immédiatement après le lever du
soleil. A midi ils ont encore deux heures pour le dîner et le repos, puis ils
travaillent de nouveau jusqu'à six heui-es. Toutefois, dans la plupart des plantations,
et de cinq à sept heures, au lieu de continuer à les faire travailler aux champs, ou
les emploie à rassembler du fourrage pour les chevaux, ou à chercher dans les forêts
voisines des palmitas et du bois de chauffage; souvent ils en reviennent pesamment
chargés, et fort avant dans la soirée. O u bien, quand ils sont de retour des champs,
on leur fait encore moudre, pendant deux heures, de la farine de manioc; mais ce
travail, dans la plupart des plantations, ne se représente qu'une ou deux fois la
semaine; car il y en a peu où l'on en prépare plus qu'il n'en liiut pour la consommation
des esclaves eux - mêmes. 11 est d'usage , quand ceux - ci reviennent de leurs
travaux, qu'ils aillent se présenter au maître et lui souhaiter le bon soir.
Les diverses époques des travaux de l'agriculture entraînent avec elles plusieurs
cliangemens dans le règlement ordinaire de la Journée. Pendant la récolte du
sucre, par e.xempic, le travail dure jour et nuii, et les Nègres se relèvent par troupes
connue les nnitclots pour le service des vaisseaux. Celte récolte se fait depuis la
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