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m cW l'histoire de ces peuples les expliquerail-elle suifisainraent. Ce serait, à ce qu'il
paraît, une erreur, si, cédant à la propension de tout généraliser, on voulait comparer
les rapports des Tapuyas et des Tupis à ceux que l'on observe entre les Caraïbes, les
Galibis et d'autres peuplades du Pérou, ou bien à ceux qui existent entre les peuplades
d'Araucanes du Chili et les Guaranis. Ce serait une erreur encore si l'on voulait:
en conclure une aiTinilé des uns aux autres. Il y a lieu de croire, au contraire, que les
Araucanos et les Caraïbes sont deux peuples de souche entièrement dilFcrentc : ils ne
paraissent avoir ni entre eux ni avec les autres habitans priinitils de l'Amérique d'autre
analogie, du inoins en ce (jui concerne la forme extérieure,si ce n'est la conformation
commune à toutes les parties de l'espèce iiumaine. Au contraire, il paraît que tous
les auü-es peuples d'Amérique, les Guaranis, les Tupis, les Péruviens, les Tapuyas et
les habitans de la Plata qui ne font pas parrie des Guaranis , enfin que les habitaos de
rOrénoque et des Ania/.ones (fui ne sont point Caraïbes, ont des caractères cominuns
dans leur structure extérieure, et que, s'ils n'ont pas une origine commune, il y a
du moins des raisons d'admettre entre eux une parenté plus rapprochée.
Quant à riiistoire des Tupis et des Tapuyas, les premiers voyageurs et les premiers
colons regardent ces derniers comme étant les anciens habitans de la côte
orientale du Brésil; mais, au temps de la conquête, les efforts réunis des Tupis les
avaient refoulés plus vers l'inlérieur. C'est pourquoi les premiers naturels rcnconti
és par les Portugais étaient des Tupis. Les plus nombreux d'entre eux sont les
Tupinambas, clins le pays de Bahia, et les Ta pina es, sur la côte de Rio-Janeiro.
Les accroissemens des colonies européennes, les hostilités qui s'ensuivirent, et les
guerres des naturels entre eux, eurent pour effet de détruire entièrement plusieurs
races de Tupis et d aflhiblir beaucoup les autres. Alors on vit arriver de l'iiitérieur
tic nouvelles peuplades. Sur la cóle d'orioni les Aymores détruisirent Uius les vestiges
de la eivilisation : ils n'épargnèrent pas plus les blancs ipe les Tupis. Ce ne fut .[u'aprés
une guerre d'extermination que les Portugais réussirent à contenir celle nation
dans des limites dclcriniiiees, sans cependant la soumetlrc, sans meute en obtenir
une paix dural.le. Il est assez démontré line les Botoeudos sont des descendans de ces
Ajmores. Il est moins bien établi ijuc ces Aymores et ces Botoeudos aient lait partie
des Tapuyas, les continuels ennemis des Tupis. Toutefois on pourrait alléguer en
Ibveur de cette opinion leur arrivée tic l'intérieur des terres, leur inimitié envers les
Tupis, leur langue et les ilillcrences extérieures de leur conrunnation. l'endant i|u'une
nation puissante s'cniparail ainsi d'une panie de la côte orientale, les Tupinambas,
qui tiennent le preuiler rang parmi les Ttqiis, abandonnaient eiuièremcnt cette
11.1;
partie du Brésil, sans qu'on puisse dire avec certitude oit ils allaient, ni ce qu'ils sont
dcventts. Néanmoins, il y a lieu de conjecturer qu'il en existe encore des restes dans
les forets primitives des Amaiones : quelques auteurs assurent qu'une partie de ces
'fupinainbas s'est montrée au Pérou.
Si l'on en excepte cet événement, et la part glorieuse que prirent les Indiens à
la guerre des Portugais contre les Hollandais, dans la province de Pernambuco, il
n'y a dans l'iustoire des peuples indigènes aucun ihit, aucune époque marquante. Ces
peuples sont toujours en guerre, soit enu-e eux, soit avec les Portugais. Mais les
vicissitudes de ces guerres sont absolument sans intérêt : l'histoire des progrès de
la puissance portugaise n'en aurait pas davantage; il suflit d'indiquer les rapports
généraux des peuples primitifs avec les Portugais et avec la civilisation.
Les relations des plus anciens voyageurs, par exemple de Lery, de Staden, etc.,
démontrent qu'à l'époque de la conquête, les habitans primitifs du Brésil étaient
parvenus à un degi-c de civilisation plus élevé que celui où nous les voyons aujourd'hui.
La raison principale de ce changement défavorable est, sans doute, dans leurs
communications avec les Portugais. Beaucoup de voyageurs ont regardé les peuples
actuels du Brésil comme étant encore dans l'étal de nature, ou bien ils les ont considérés
comme arrivés seulement au premier degi-é de la civilisation. D'autres, au
contraire, parlent des funestes effets produits par la civilisation européenne sur ces
sauvages, et soutiennent qu'ils sont incapables de la recevoir. Ces vues cependant
sont fausses : les Indiens ne sont pas des hommes de la nature; ils sont moins des
sauvages (jue des hommes qui ont rétrogradé vers cet état : on les a repoussés violemment
du point auquel ils étaient parvenus. Des guerres sanglantes et des vengeances
cruelles ont, pendant des siècles, retenu ces peuples dans un état d'abrutissement qui
ne saurait être celui de la nature, lequel suppose l'existence d'une liberté de développcmens
intellectuels et physiques. Quant ;ila civilisation européenne, il faudrait, pour
en juger, que les Portugais en eussent réellement fait l'essai; mais on ne tenta que
raretiienl, et depuis peu de temps, de la communiquer aux habitans du Brésil. Les
Portugais n'ont fait absolument (¡ue détruire la civilisation qu'ils ont trouvée établie,
comme ils déU'uisaientles peuples eux-mêmes. L'clat actuel des Indiens ne peut donc
conduire à aucun résultat sur leur aptitude à la civilisation. Pour bien apprécier ce
»"jet, il fautli-ait peut-être s'écarter des idées européennes, il faudrait tourner ses
»•égards vers le Pérou et Cuiidinamarca. Ce n'est point ici le lieu d'établir des comparaisons
entre la civilisation du Pérou et celle de l'Eurojie : peut-être ces compal'aisons
exigeraient-elles un juge étranger aux deux contrées; car, d'un côté, de
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