I l »
( 3a )
la consoiiimalion du bois, qui est toujours très-considérable; une auli-e poriion du
domaine est destinée à la plantation proprement dite: une troisième division csl particulièrement
réservée ù la culture des gi-ains et d'arbres Iruilicrs de toute espèce, pour
subvenir à l'entretien des iiabilans de la colonie. Enf in,out r e ces trois sections il en existe
une qui est spécialement aiTectee aux esclaves. Indépendamment de tout cela il reste
presque toujours une vaste étendue de terres sans aucune cul lurej car, lorsqu'elles sont
Ibrt grandes, il est très-peu de colons qui possèdent asse?. d'esclaves, ou qui soient assez
riches en argent pour exploiter toute leur propriété. Par la niômc raison il arrive aussi
que dans un domaine on crée de nouvelles plantations en abandonnant les anciennes,
qui reprennent alors un aspect sauvage. Cela se fait surtout quand la icrrc commence
à s'épuiser, quand elle ne Iburnit plus des produits aussi abondans qu'autrefois. Dans la
suite, lorsque la population s'accroîtra, il faudra sansdouie que le campagnard brésilien
apprenne à ménager son terrain, et à lui rendre ses forces productives j>ar des moyens
artificiels.
Voici (jucls sont, en général, les bàtiniens d'une exploitation à sucre : la maison
d'Iiabitation du propriétaire ou du surveillant, avec une petite écurie pour les chevaux
de montur e ; les huttes des Nègres, t[ui u-ès-souvent sont rangées en deux lignes égales
des deux côtés de la maison et Ibrment une espèce de courj le moulin à sucre^ la
sucrerie et la raffinerie {caza de pur^ar). Il est rare que tous ces établisscniens soient
réunis sous le même toit. Les gi-andes plantations ont la plupart une chapelle particulière;
mais toutes doivent avoir un lieu spécialement destiné au culte. Le bloc (cepo) où
l'on attache les Nègres récalcitrans, est le plus souvent dans la sucrerie. Les plantations
qui ont trente ou quarante esclaves et tout autant de clievaux et de boeufs, sont considérées
comme inqjortantes; mais celles du premier rang ont au moins quatre-vingts
Nègres. Il n'est pas besoin d'autant debàtimens dans les plantations où l'on ne cultive
t|ue le manioc, le mais, les fèves, le colon : les travaux y sont plus simples, et les produits,
si l'on en excepte le coton, sont plus exigus. Le tout consiste en une maison d'habitation
pour le colon et sa famille, en huttes pour les Nègres, en écuries et en un hangar
{rancho), qui est destiné à préserver de la pluie toute sorte d'ustensiles et les récoltes,
et à fournir un asile auxbôtes de somme et aux esclaves des voyageurs. Ajoutez encore
un petit moulin pour le manioc, et vous aurez tout ce qui est nécessaire à l'établissement
d'une pareille plantation. Les matériaux sont fournis par la forêt, au milieu de
laquelle se trouvent la plupart do ces établissemens. Les bâlimens forment j)lusieurs
cours, (jui sont entièreinent entourées de murs et où l'un place les bètes à cornes ei
les moutons. Inmiédiatement autour de la maison on voit les jardins et les champs.
( 3 3 )
(¡ui alimentent de légun>es et de fruits les personnes qui l'habitent. L'opération dont
le but est de couper et de brûler la forêt pour y établir une plantation nouvelle,
est appelée roçada; la plantation cllc-m,Îme s'appelle roç«, le colon roçdro. Le
soin le plus important pour un doit Ótre de saisir à propos le moment de
l'année où il convient de brûler le bois et de préparer le sol du domaine, afin de
ne pas laisser écouler le temps de semer et de planter. Une fois les terres préparées,
¡1 n'y a ordinairement presque rien à faire jusqu'à la récolte, si ce n'est toutefois
de veiller à l'extirpation des mauvaises herbes. Le colon se réserve personnellement la
surveillance à exercer sur les esclaves; et connne ses domaines sont le plus souvent
fort vastes, cette occupation suffit pour absorber une gi-ande partie de la journée.
I£n général, rien n'est plus .simple que le genre de vie d'un roçeiro, et rien ne
saurait être plus (aux que les idées qu'on se fait en Europe de l'oisiveté et de la
sensualité d'un colon brésilien, idées qui toutes proviennent des rapports qu'on nous
fait sur les Indes orientales et Surinam. S'il n'en jugeait que par l'intérieur de leur
maison, par leurs vôtemcns, par leur nourriture, un Européen aurait peine à croire
que la plupart de ces colons sont aisés, et que beaucoup d'entre eux sont mdme riches.
La maison d'un colon aisé n'a (pi'un étage : les murailles sont en terre glaise, et quelqueibis
blanchies. Les fondations, qui s'élèvent à peu près de deux pieds au-dessus
du sol, sont en blocs de gi-anit non taillés. Le toit, recouvert de larges tuiles creuses,
dépasse de huit ù douze pas les nmrailles de l'édifice, et il est supporté par des
colonnes de bois. Tout autour règne un balcon appelé varanda, ce qui rappelle les
maisons des paysans de quelques cantons de la Suisse. La porte est un peu plus élevée
que le sol, et on y arrive au moyen de ([uelques degi-és. D'abord on entre dans
une grande pièce , qui sert ordinairement de salle à manger poin- tous les liabitans
de la maison. Derrière cette salle est la cuisine ; c'est la véritable denxeure
des esclaves domestiques , qui se réunissent autour d'un foyer fort bas. Deux
chambres sont ordinairement placées à droite et à gauche du premier salon; l'une
appartient au maître de la maison, l'autre est ouverte à l'hospitalité. A côté de la
cuisine et à l'angle de la maison il est une chambre destinée aux femmes, ayant
sortie sur la varanda, qui forme ici un compartiment séparé. Il y a aussi une
chapelle destinée au culte domestique, et le plus souvent elle est sur la varanda
a l'autre angle de la maison. cuisine communique avec le jardin par une porte
de tlerrière cl un escalier. Les portes et les volets sont Ibrt grands et d'un bois fort
lourd : il n'y a ¡)oinl de vitres. Les meubles ordinairement ne sont autre chose que
de grands coOi-es, où l'on rcnierme les habits el les autres eflets semblables : souvent
il i!
•il':
I.; i.i I
Ml l'j
•li'li