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lions que deux ou trois homines s'abandonnent aux vagues, qui Irès-souvcni les
dérobent aux regards du spectateur étonné.
Les idées qui pendant le dix-liuitiènic et le dix-ncuvièinesiècle régnaient en Europe,
ont peut-être trouve plus d'accucil à Pcrnambuco que dans les autres villes du Brésil;
mais ce qu'il y a de remarquable, c'est qu'au Brésil, notamment dans les provinces
du nord, ces idées n'ont point, ou presque point diminué l'influence du clergé sur
le peuple. Il est même beaucoup de rapports sous lesquels le clergé semble s'être
placé à la tête de ce mouvement intellectuel. Le voyageur qui voit avec quelle splendeur
se célèbrent les fêtes religieuses à Bahia et Fernambuco, se persuaderait difficilement
que la civilisation actuelle a été le résultat des idées et des principes qui dans
l'Europe ont combattu sans cesse l'Eglise catholique, comme leur principal adversaire.
Avant de prendre congé de Fernambuco et du Brésil, qu'il nous soit pci-mis de
reporter nos regards sur l'histoire de cette province. Les commencemens de Fernambuco
ne présentent rien de bien remarquable. Nous ne les rappellerons que
sommairement. En i534, Duarte Coelho Fereira, qui, d'après le système colonial de
l'époque, avait été investi de cette partie de la côte, fonda la ville d'Olinda. Les faits
qui signalent le premier siècle de l'existence de Fernambuco sont, d'abord l'accroissement
progressif de cette coloiiio à la faveur de l'agi-iculture et du commerce; puis,
les négociations ouvertes avec les Cahètes et d'autres Indiens de la côte; enfin, les
continuels efforts du gouvernement portugais pour diminuer le pouvoir des anciens
possesseurs de fiefs et les soumettre aux capitaines généraux nommés par la méU'opolc.
C'est à cette époque aussi que les Français, expulsés de Rio-Janeiro, essayèrent de
s'établir sur cette côte. Si l'on réfléchit aux ressources de tout genre que présente la
richesse du sol, on ne pourra s'empêcher de trouver que les accroissemens de cette
colonie ont été bien lents : cela s'explique cependant par le caractère des premiers
colons. Ce n'étaient pas uniquement des marchands et des aginculteurs 5 c'étaient aussi
des soldats et des aventuriers de toute espèce. 11 en faut aussi chercher la raison dans
les premières institutions civiles qui furent données à ces colonies; institutions qui
n'étaient que l'imitation du système féodal de l'Europe, et par conséquent beaucoup
plus propres à favoriser les guerres contre les Indiens et d'autres expéditions périlleuses,
que les paisibles progrès de l'agriculture et du commerce. Mais, si ces institutions,
si l'influence qu'elles ont exercée sur le caractère des colons ont été sous bien
des rapports un obstacle à ce que l'on profitât de toutes les ressources du sol, si elles
ont retardé la prospérité de la colonie, d'un autre côté elles contribuèrent beaucoup
à inspirer aux liabitans de Fernambuco une ardeur guerrière, une persévérance, un
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grand amour de la liberté, qualités qu'ils curent bientôt l'occasion de développer,
et qui leur assignent une place glorieuse dans l'histoire des peuples.
Cette occasion leur fut donnée par les Hollandais : ceux-ci, voulant s'établir au
Brésil, essayèrent de soumettre Pcrnambuco. Après avoir été chassés de Bahia par
l'amiral espagnol Don Fadrique de Tolède, les Hollandais tournèrent tous leurs
efforts conu-e Pernambuco. La cour d'Espagne, informée de leurs préparatifs, envoya
un général portugais, Mathias d'Albuquerque. Il vint à Pernambuco avec quelques
troupes, prit le commandement et fit les préparatifs nécessaires à la défense. Toutefois
ses forces n'étaient pas assez considérables pour défendre Olinda, qui d'ailleurs
était mal fortifiée, contre la flotte hollandaise, qui était bien approvisionnée et chargée
de troupes de débarquement, et qui en i63o s'empara de la ville, du port et de
Recife. Mais ici, comme à Bahia, l'événement prouva que la conquête du chef-lieu
ne décidait rien quant au sort de la province. Exaspérés par les cruautés des soldats
hollandais, tous les habitans prirent les armes, et les Hollandais ne purent se maintenir
que dans la capitale et sur quelques autres points fortifiés, d'où ils ravageaient
tout le pays; mais souvent aussi les habita:is les attaquaient, leur faisaient éprouver
des pertes considérables et les mettaient en fuite. Malheureusement ces habitans
n'avaient ni assez de troupes disciplinées, ni assez d'armes pour entreprendre
quelque chose de décisif. L'Espagne envoya une flotte sous le commandement de
l'amiral Oquendo; il devait protéger les galions mexicains et en même temps conduire
du renfort à Pernambuco. Oquendo rencontra à la hauteur d'Olinda la flotte
hollandaise sous les ordix'S de l'amiral Patry, et après une bataille terrible, les Hollandais,
vaincus, furent contraints de fuir dans le port de Recife. L'amiral Patry, dont
le vaisseau venait d'être pris, se déroba à la captivité par une mort volontaire, et
dans sa défaite même il acquit des droits à l'immortalité : du haut de son vaisseau
il se précipita dans la mer en s'écriant:,. L'océan est la seule tombe digne d'un
« amiral hollandais. "
Oquendo débarqua sept cents hommes sous le commandement du général Bagnolo,
et dans leur première frayeur les Hollandais abandonnèrent Olinda; après l'avoir
réduite en cendi-es, ils se retirèrent ù Rccife. Ce n'est pas ici le lieu de raconter tous
les événemens, toutes les vicissitudes de cette lutte. Les Hollandais déployèrent une
persévérance qui tenait de l'obstination; ils avaient pour eux la supériorité de l'art
militaire, de continuels renforts envoyés d'Europe et des richesses inépuisables; au
contraire, les habitans de Pernambuco ne possédaient que leur héroïsme ; nul secours
ne leur venait de l'Europe. Us soutinrent quatre années l'cflbrt des Hollandais, qui
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