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 lout  au  plus  si  dans  l'une  des  chambres  latérales  on  trouve  quelques  meubles  plus  
 élégans,  tels  que miroirs,  etc.  Le  planclier  est,  ainsi  que  les plafonds,  revêtu  de  natlcs  
 de  bambou  :  les  esclaves  de  la  maison  les  tressent -, on  les  enduit  des  couleurs  les plus  
 vives,  et  leur  aspect  est  très-agréable.  
 Le  vêtement  des  hommes  consiste  en  une  chemise  de  coton  et  en  un  pantalon  
 de  même  ctofre.  Le  pied  est  nu,  mais  chaussé  d'une  sorte  de  grandes  pantoufles  
 (tamajicas),  qui  sont  quelquefois garnies  d'éperons,  pour  être  toujours prêt  à  monter  
 à  chevalj  car  il  est  rare  que  le  colon  fasse  à  pied  le  plus  court  trajet.  Dans  l'iniérieur  
 de  la  maison  les  dames  ne  sont  guère  vêtues  que  d'une  ciiemise  de  coton  
 blanc,  et  s'il  survient  un  étranger,  elles  s'enveloppent  d'un  gi-os  shwal  de  coton.  
 La  nourriture  du  colon  est  tout aussi  simple.  On  commence  le repas,  qui  a  lieu  vers  
 le soir, par  servir  de  la  farine de manioc  avec des oranges,  puis viennent des  feves noires  
 avec  du  lard  ou  de  la  viande  salée.  Quelquefois  on  y  ajoute  une  poule  et  du  riz  :  le  
 dessert  consiste  en  fromage  et  en  fruits.  La  boisson  la  plus  ordinaire  est  l'eau.  Cette  
 frugalité  est  due  à  une  tempérance  naturelle,  car  lorsqu'on  reçoit  des  étrangers,  
 ou  dans  les  grandes  occasions  ,  il  ne  manque  ni  de  plats  fuis ,  ni  de  vins  d'Europe, 
   ni  d'autres  friandises.  On  en  sert  aux  voyageurs  lors  même  qu'ils  ne  sont  pas  
 connus  du  tout.  Le  maîire  de  la  maison  leur  tient  compagnie,  s'entretient  avec  
 eux,  les  engage  à  boire  en  portant  leur  santé,  et  quand  ils  se  sont  rassasiés,  il  s'assied  
 à  la  même  table  avec  sa  famille  pour  y  prendre  son  Irugal  ordinaire.  Dans  les  
 plantations  plus  vastes,  on  fait,  il  est  vrai,  cuisine  à  part  pour  les  esclaves;  mais  là  
 où  ils  sont  moins  nombreux,  et  surtout  dans  les  plantations  lointaines  de  l'intérieur  
 du  pays,  les  maîtres  mangent  patriarchaicment  à  la  môme  table  qu'eux.  
 Les  colons  brésiliens,  et  surtout  ceux  qui jouissent  de  quelque  considération,  sont  
 fort  cérémonieux  dans  leur  conduite  envers  les  étrangers  el  dans  leurs  relations  
 sociales;  ils  ont  beaucoup  de  la  politesse  bruyante  et  verbeuse  des  Portugais.  Il  est  
 vrai  que  les  o/Tres  de  service  dont  ils  accablent  l'étranger,  ne  sont  souvent  que  de  
 vaines  formules,  surtout  dans  les  pays  où  les  visites  sont  très-fréquentes;  mais  il y  
 aurait  beaucoup  d'injustice  à  ne  voir  dans  leur  conduite  que  de  la  fausseté.  Souvent  
 ils  tiennent  beaucoup  plus  leurs  promesses  qu'on  ne  devrait  s'y attendi-e  d'après  
 de  pareilles  exagérations.  
 Quoique  le  genre  d'agi-icuhure  du  Brésil  exige  de  la  part  du  maître  peu  de  réflexion  
 et  peu  de  travail,  et  qu'il  puisse  par  conséquent  passer  dans  l'oisiveté  la  plus  
 grande  partie  de  son  temps,  il  reçoit  de  la  nature  qui  l'entoure,  et  de  la  solitude  
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 dans  laquelle  il vit,  assez  de  dispositions  au  développement  et  à  l'usage  de  toutes  ses  
 facultés  corporelles,  et  de  beaucoup  de  capacités  intellectuelles  et  de  qualités  morales. 
   Les  dangers  dont  le  menacent  les  animaux  féroces  ou  des  hommes  pervers,  
 soit  lorsqu'il  est  dans  sa  demeure  solitaire,  soit  lorsqu'il  voyage;  la  distance  immense  
 qui  le  sépare  des  lieux  habités,  où  l'appellent  ses  affaires  ou  ses  plaisirs,  sont  des  
 circonstances  qui  le  forcent  à  s'appliquer  dès  sa  plus  tendi-e  enfance  au  maniement  
 l'équitation  et  à  l'art  de  dompter  l des  armes,  h  la  chas;  es  chevaux.  Il  ne  faut  
 donc  pas  s'étonner  que  les colons  brésiliens  soient  pour  la plupart  des hommes  résolus,  
 habiles,  vigoureux.  En  général,  tel  est  l'état de  la  société  et des relations civiles,  surtout  
 dans  les  contrées  éloignées  des principaux  sièges  du  gouvernement,  que  l'homme  isolé  
 est  souvent  mis  dans  le  cas de  se  faire di'oit,  de  se procurer  satisfaction à  lui-même,  ou  
 de  repousser  l'attaque  dont  il  e,st  l'objet.  Dans  ces  occasions  les  esclaves  dont  il  est  
 cmouré  se  chargent  volontiers  du  soutien  de  sa  cause.  11 faut  ajouter  à  ces  périls  l'influence  
 de  quelques  ihmilles  dans  certains  disU'icts,  influence  qui  date  souvent  des  
 premiers  temps de  la colonie,et quia  plus d'une  fois paralysé l'action  du  gouvernement;  
 soit  que quelques  lamilles  et  leurs  adherens  occupent  toutes  les  places d'une  province  
 et  fassent  tourner  à  leur  utilité  particulière  l'influence  des  lois  ;  soit  qu'elles  s'opposent  
 à  force  ouverte  h  l'exécution  de  ces  lois,  parce  qu'elles  comptent  sur  leurs  
 relations  avec la  cour  ou  avec  les gi-ands fonctionnaires, sur  la lenteur  des  informations  
 judiciaires  et  sur  la  coupable  indulgence  du  gouvernement.  Il  est vrai que  devant  une  
 administration  plus  sévère  on  voit  de  jour  en  jour  s'évanouir  ce système,  qui  a  quelque  
 rapport  avec  la féodalité du moyen  âge, ou du moins  avec la féodalité en  décadence  
 ou  avec  ses  comniencemens.  Aujourd'hui  encore  on  voit  dans  les provinces  éloignées  
 les  qualités  personnelles  et  les  liaisons  de  la  famille  l'emporter  de  beaucoup  sur  la  
 position  sociale  et  les  droits  des  fonctionnaires  publics.  Lorsque  les  gouverneurs  des  
 provinces, les capildes  mores  des districts, etc., joignent  à  leur  autorité  légale  un  grand  
 courage  individuel, de  la  sagesse  et de la droiture,  il  leur  devient  très-facile de  faire exécuter  
 et  respecter  les  lois  et  les ordres  du  gouvernement;  mais  quand  ils manquent  de  
 ces qualités,  lapréénnnence  clans  toutes les affaires revient  très-souvent  à  un  particulier  
 qui  les possède,  et  qui  s'en  sert  pour  gagner  la multitude;  il s'en fait alors  une  clientèle  
 sur  laquelle  il  peut  compter.  Toute  la  question  est  de  savoir  si cet  homme  e.xercera  
 son  iniluencc  au  profit  du  repos  public,  ou  bien  s'il  en  usera  pour  le  troubler.  Cet  
 état  tic  choses  a  (ait  naître  une  classe  d'hommes  à  part,  et  ces hommes  font  profession  
 de se fiiirc  droit  à  eu.x-mêmes  dans  toutes  les occasions.  De  nombreux  exemples  nous  
 •apprennent  que  ces  valenLoés  ont  souvent  commis  pendant  des  années  entières  les  
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