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ie plus grand soin, ajoutent toujours de l'eau, et secouant sans cesse leur écuelle,
ils en font tomber la terre et les parlies pierreuses les plus molles. Dès qu'un nègre a
ainsi trouvé un diamant, il faut que sous les yeux d'un surveillant, qui est toujours
présent, il le place dans un vase destiné à cet usage en battant des mains, pour
avertir et pour prouver qu'il ne cache rien entre ses doigts, chose qui serait d'ailleurs
fort difficile^ car il y a un surveillant pour cinq ou six esclaves : sans cesse il
les observe, et son oeil exercé apercevrait la m o i n d r e soustraction. Lorsqu'un esclave
a le bonheur de trouver un gros diamant, il en est récompensé, et même, selon les
circonstances, ce peut être pour lui une cause d'aiîranchissement soit immédiat, soit
après un certain nombre d'années. L'humidité rend ce travail aussi mal-sain que le
lavage de l'or.
Le gouvernement seul a droit de recueillir le diamant , et les peines contre ceux
qui font la fraude, ou qui en emportent, sont encore plus sévères que celles établies
pour les contraventions aux réglemens sur l'or. On les élude souvent, et pour un
objet que l'on peut cacher si aisément, cela ne peut guère être autrement.
Tejuco est très-florissantj ce lieu compte sept à huit mille habitans. Il est d'un
aspect fort agi'cable; la plupart des maisons ont deux étages; elles sont en général
plus propres et mieux bâties que dans le reste de cette province. Il y a beaucoup
de fonctionnaires et d e négocians, ce qui donne aux relations de société plus d'agrément.
Le commerce y est florissant, même pour les articles de luxe et les modes
d e Paris. Cependant Tejuco n'est point une villej ce n'est qu'un Arrayal, quoiqu'elle
mérite d'être appelée cidade ou villa beaucoup plus que Yilla do Principe, qui est
le chef-lieu de cette Comarca.
VOYAGE PITTORESQUE
DANS LE BRÉSIL.
L A cidade de San Salvador da Bahia de Todos os Santos est située sur la pointe
méridionale d'un promontoire, qui du côté de l'est ferme la baie que l'on appelle
le Reconcavo; la ville est ordinairement désignée par le nom de Bahia, sans addition
de ses autres noms. Vis-à-vis de cette ville se trouve l'ile Itaparica, qui ferme
le Reconcavo du côté de l'ouest. La plus grande longueur du Reconcavo de l'est à
l'ouest est de huit legoas, la largeur du nord au sud de six legoas et demi. Plusieurs
fleuves se j e t t ent dans cette baie : le plus remarquable est le Paracuacu. Tout autour
d e la baie régnent des collines à sommet aplati j elles sont couvertes de forêts et
de plantations de sucre et de café, tandis que dans les fonds, sur les rives des fleuves
et de la mer , on ne trouve que des plantations de sucre. On voit dans ces forêts
(capoeiras) quelques espèces de très-beaux palmiers, que les Indiens appellent
Licuri bravo et Licuri capoculo : c'est le palmier Piaçaba; les fruits de cet arbre
sont souvent expédiés en Europe, où les tourneurs en font un gi-and usage; l'écorce
sert à fabriquer des cordes, des câbles et des tissus. Les palmiers-cocos et les cocos
d'Endea alternent avec ces palmiers; ils couvrent toute la basse còle, ressemblent à
des forêts éclaircies et lui donnent un aspect très-agréable. En général, cette côte est
l'une dos plus cultivées et des plus fertiles du Brésil. Les forêts vierges ne commencent
qu'à une assez gi-ande distance de la côte, et dans cette région il n'y a point
d e montagnes plus élevées, du genre de celles qu'on voit près de Rio-Janeiro. L'île
Itaparica, en face de Baliia, a sept lieues de long et à peu près deux de large
daiis sa plus gi-andc dimension. Elle est très-fertile, et fournit le marché de Bahia
de fruits et de légumes de toute espèce. Chaque matin on voit partir pour Baiiia
une petite flotte chargée de ces denrées. On y porte aussi beaucoup de poterie:
cependant on la fabrique principalemcni à Jagoaripe, bourg assez considérable,